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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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précieux sauf-conduit.
    151 « Je sors d'une maison illustre en France et ancienne en Italie », disait toujours Gondi.

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    D ans la cour du petit archevêché, l'eau atteignant les dernières marches du perron, on déchargeait des planches d'un chariot pour construire une passerelle afin d'entrer à pied sec. Gaston eut du mal à atteindre le pont Notre-Dame, plusieurs rues étant couvertes de près d'un pied. Il parvint quand même à traverser la Seine et, ayant trouvé le lieutenant civil Dreux d'Aubray chez lui, lui expliqua qu'il partait et avait besoin d'un laissez-passer afin de transporter du vin. Aubray le lui délivra sans discuter et lui confia songer à rejoindre la Cour.
    Dans la soirée, La Goutte fit entrer dans la cour des Tilly un chariot avec six futailles. Gaston l'attendait avec inquiétude mais le sergent avait mis beaucoup de temps à venir, à cause des rues inondées du quartier de l'Université. Comme tout le monde avait soupé, la cuisinière lui prépara une épaisse bouillie d'avoine agrémentée d'un morceau de lard.
    Un peu plus tôt, Gaston avait expliqué aux domestiques sa décision en leur laissant le choix entre rester ou partir. Le valet avait annoncé qu'il resterait, à cause de sa mère ; la cuisinière aussi. Gaston leur avait donc confié la maison. Durant le mois écoulé, Armande avait acheté huit boisseaux de froment que l'on pouvait cuire en pain, et de l'orge qui pouvait être mangé en bouillie. De quoi, en se rationnant un peu, nourrir deux personnes durant deux mois. Il y avait aussi un tonnelet de lard, des saucisses, du vin et du bois dans la remise de la cour. En vivant dans une seule pièce, les deux domestiques pourraient se chauffer et cuisiner. D'ici le printemps, promit Gaston, tout serait terminé. En bien ou en mal.
    Il leur recommanda aussi de sortir le moins possible, sauf pour aller prendre de l'eau aux fontaines. Et, surtout, de se barricader.
    Ensuite, avec La Goutte, et sous la direction d'Armande, tout le monde prépara ce qui avait de la valeur afin de l'entreposer dans les futailles.
    *
    Le lendemain – dimanche 10 janvier –, il pleuvait toujours quand Gaston descendit dans la cour. Il constata en revanche avec satisfaction qu'il n'y avait pas d'eau dans la rue de la Verrerie. Il sortit et se renseigna auprès de quelques marchands en train d'ouvrir leurs volets. L'un d'eux lui apprit que, devant l'Hôtel de Ville, la Seine recouvrait tout et qu'on circulait en barque sur la place de Grève. Un autre lui affirma que le quartier de l'Université était entièrement inondé. L'eau serait même montée jusqu'au Palais-Royal, assuraient certains. Il se murmurait encore que M. de La Rochefoucauld était arrivé dans la nuit pour se mettre aux ordres du Parlement. Chacun jurait que le prince de Conti et le duc de Longueville allaient rentrer et soutiendraient les Parisiens dans leur querelle contre le gredin de Sicile.
    Gaston prévint Armande qu'elle se rendrait sans lui à la messe avec ses domestiques, ayant trop à préparer en vue du départ ; qui plus est, il n'était pas fâché d'éviter cette corvée ! Il se rendit à cheval rue Saint-Martin, devant le cimetière Saint-Nicolas. À côté d'une hôtellerie se trouvait le loueur de carrosses à l'enseigne de Saint-Fiacre. L'endroit était fermé le dimanche, mais Jacques Sauvage, le patron, connaissait Tilly et le reçut dans sa chambre.
    — Monsieur Sauvage, j'ai besoin d'un carrosse aujourd'hui même. Je peux vous l'acheter si vous ne voulez pas me louer.
    — Quel genre de carrosse et combien de chevaux voulez-vous ? demanda le loueur, avec suspicion.
    — Nous serons quatre, avec deux cochers. Je veux quatre chevaux, mais une vieille voiture pourrait faire l'affaire.
    — Où allez-vous, monsieur de Tilly, personne ne peut sortir de Paris ? fit Sauvage avec méfiance. Vous savez que je suis quartenier et que j'assure la garde de la porte Saint-Martin tous les jeudis.
    — Je dois me rendre en Normandie pour M. de Longueville. Voici le passeport que vient de me faire le coadjuteur…
    Sauvage prit le document que Gaston lui tendit et le lut.
    — Béni soit notre coadjuteur ! dit-il, quand il eut terminé. Venez avec moi, je vais vous aider à choisir.
    Par chance, Tilly était tombé sur un frondeur !
    Le loueur disposait d'une vingtaine de carrosses dans sa remise. Gaston en retint un, assez ancien mais solide, qu'il obtint contre trois cents livres. Sauvage lui

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