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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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amicalement, le saluer. Par courtoisie, il ne lui posa aucune question. Chacun venait ici au gré de ses propres intérêts et n'avait aucune envie de les étaler devant les autres. Dans un coin riaient joyeusement l'abbé de Marigny, Jean-François Sarrasin et le baron de Blot.
    Il allait s'approcher pour les écouter quand on lui porta un verre de vin qu'il avala d'un trait. Il prit aussi le pâté qu'on lui proposait. Il était affamé, n'ayant rien mangé depuis le matin.
    Gondi le recevrait-il ? Et signerait-il un passeport ?
    Soudain, l'abbé Ménage fut à son côté.
    — Monsieur de Tilly, venez avec moi, dit-il à voix basse. Vous aurez droit à trois minutes.
    *
    Ils empruntèrent l'escalier. Au palier, ils entrèrent dans l'antichambre de l'appartement du coadjuteur. Où patientaient une dizaine d'hommes solidement armés. Ménage les ignora et ils passèrent dans la bibliothèque.
    Paul de Gondi, habillé en cavalier avec épée à poignée d'argent, toujours aussi foncé de peau et aussi crépu sous son chapeau emplumé, l'attendait debout, près de la fenêtre.
    — Il fait un temps abominable, n'est-ce pas, Gaston ?
    — La Seine monte vite, monseigneur. Elle submerge déjà les quais.
    — Comme la colère des Parisiens contre le Mazarin, sourit le coadjuteur.
    Ménage était resté. Il attendait et écoutait. Le secrétaire n'ignorait rien de ce que faisait son maître.
    — Vous vouliez me parler, Gaston ? Je vous écoute, je n'ai guère de temps.
    — J'ai besoin d'un passeport pour quitter Paris, avec ma femme.
    Gondi plissa les yeux en l'examinant. À travers sa myopie, il cherchait à deviner l'expression de son interlocuteur.
    — Je croyais que vous veniez pour me rejoindre… Le prince de Conti l'a fait, Elbeuf et Bouillon aussi, Longueville de même. Beaufort sera là bientôt, pourquoi pas vous ?
    — Et Mgr le prince de Condé ? s'enquit Gaston.
    — Il aurait pu ! Je crois qu'il déteste le ministre plus que tous les autres ! Mais il m'a dit qu'il refuse de participer à une guerre de pots de chambre . Il a tort !
    — Quel sera le rôle de M. de Conti, face à son frère ?
    — Généralissime. Beaufort, Bouillon et Longueville seront ses généraux. Ce sont des hommes de valeur, réputés pour leur capacité à faire la guerre. Et j'espère bien que Turenne, le frère de Bouillon, nous rejoindra à son tour.
    — Ce n'est plus le roi qui nomme les généraux en France ? persifla Gaston.
    Le coadjuteur sourit à la pique.
    — Non, c'est moi ! Je pourrais vous nommer colonel, car vous le méritez. Alors, votre réponse ?
    Gaston bouillait de constater tant d'inconscience.
    — Je ne sors pas d'une maison illustre comme vous, monsieur de Gondi, mais dans ma famille personne ne s'est jamais rebellé contre le roi 151 , déclara-t-il d'un ton saccadé.
    Le coadjuteur devint gris sous le trait. Pourtant, à peine avait-il parlé que Tilly regrettait déjà ses mots blessants. Il songea qu'il avait sottement gâché ses chances.
    — Je ne me rebelle pas contre mon roi, Gaston, mais contre un gredin de Sicile, répliqua l'autre en le tutoyant sous le coup de l'émotion.
    — Le roi est avec ce gredin, la reine a fait de ce gredin son ministre, et cela me suffit… répliqua Tilly.
    — Votre père aurait-il dit cela de Concini ? s'enquit Gondi, qui savait comment ce dernier était mort.
    Gaston resta silencieux.
    — Allez-vous rejoindre la Cour à Saint-Germain ? s'enquit alors le coadjuteur en lui tournant brusquement le dos, comme pour regarder la pluie tomber.
    — On ne me l'a pas ordonné, mais si on l'avait fait, j'aurais obéi. Ce passeport servira donc seulement à rejoindre Louis à Mercy.
    Gondi se retourna. Il souriait maintenant.
    — Dans tous les cas, je t'aurais donné ce passeport, Gaston. J'ai trop d'amitié, de respect… et d'admiration pour toi. Je regrette sincèrement que nous ne soyons pas dans le même parti.
    — Je le regrette aussi, Paul, mais il y aura d'autres occasions, fit Tilly, soulagé.
    Un voile passa sur le visage du coadjuteur.
    — Peut-être… ou peut-être pas…
    Brusquement, la gorge nouée, ils s'accolèrent avec effusion. Gaston avait deviné que Paul de Gondi n'était pas aussi assuré qu'il voulait le paraître. Leur querelle était éteinte et ils retrouvaient leur ancienne amitié. Celle du collège de Clermont, du temps de l'enfance.
    Ménage s'était déjà assis à une table et rédigeait déjà le

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