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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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bastionnée.
    — La nourriture manque, expliqua Guillaume. Chaque jour des émeutes éclatent devant les rares boulangers qui parviennent à obtenir de la farine malgré un prix du setier proche des soixante livres. L'étude a été taxée de mille livres pour financer les gens de guerre chargés de défendre Paris. Puis l'argent manquant, car paraît-il les généraux gardent tout pour eux, les dénonciations ont été autorisées contre ceux possédant des armes ou soutenant Mazarin. Les dénonciateurs ont droit à dix pour cent des prises ; aussi, partout, des bandes de canailles, de gueux et de mendiants font mille insolences et perquisitionnent les maisons de ceux qu'ils appellent les mazarins , volant tout ce qui a de la valeur.
    « M. de Beaufort a appris, sans doute par le marquis de Fontrailles, que vous avez été la cause de son emprisonnement. Pour vous punir, il a laissé un groupe de pendards piller votre demeure, rue des Blancs-Manteaux. Heureusement, Germain Gaultier et sa sœur ont pu se réfugier à l'étude. C'était il y a trois semaines. Un peu plus tard, une cinquantaine de marauds se sont présentés rue des Quatre-Fils, déclarant qu'on avait dénoncé M. Fronsac comme un suppôt de Mazarin. Votre père m'a envoyé chez M. Le Féron, mais le temps que je revienne avec des archers les gueux avaient arraché les lambris de la salle des clercs et brisé les meubles pour chercher de l'or. Par miracle, ils n'ont pas découvert le coffre de l'étude que l'on avait recouvert de plâtre un peu plus tôt.
    — Que puis-je faire, Guillaume ? demanda Louis, désemparé, car il jugeait tout de sa faute.
    — La racaille fait la loi dans les rues où les honnêtes gens sont battus et volés par ceux qui tiennent le haut du pavé. Votre père veut quitter Paris. Il craint maintenant pour sa vie et celle de votre mère mais n'a pu obtenir un passeport de M. Le Féron, lui-même suspecté d'ailleurs de pencher du côté de la Cour.
    — Qui aurait autorité pour signer ce passeport ?
    — M. de Gondi ou M. le prince de Conti, et il n'y a que vous qui puissiez les convaincre.
    — Comment avez-vous fait pour venir jusqu'ici ? s'enquit Tilly.
    — Après être descendu par une corde le long d'un bastion sans surveillance, j'ai marché jour et nuit en évitant les patrouilles de M. de Condé, car elles pendent ceux qu'elles rencontrent.
    — Et de quelle manière avez-vous mangé ? s'inquiéta Julie.
    — J'avais un morceau de pain, ensuite je n'ai plus mangé, madame. De toutes les façons, il n'y a rien à avaler à quatre lieues de Paris ! La campagne est ravagée à un point que vous ne pouvez imaginer ! Les troupes de Condé pillent les églises, violentent femmes et enfants, pendent et torturent, détruisent ou brûlent ce qu'elles ne peuvent détourner. Toutes les fermes sont abandonnées. Aucun champ n'est labouré, les pauvres gens se réfugient dans les bois où ils mangent de l'herbe et des glands.
    Il se tut un instant puis se frappa le front.
    — Je suis un sot, monsieur le marquis ! J'oubliais que votre père m'a donné une lettre. Elle est cousue dans ma casaque.
    Guillaume enleva le vieux pourpoint de cuir qu'il portait avec des grèges de toile à gros plis et des bottes ferrées. Il saisit le long coutelas de sa ceinture et l'utilisa pour découdre le passement de toile rouge. Il en sortit un papier plié serré qu'il tendit à Fronsac.
    Ce dernier y confirmait la violence des perquisitions chez ceux qu'on appelait les mazarins . Lors de la dernière faite à l'étude, il avait été menacé par les gens de Beaufort, conscients que son fils avait fait échouer les manœuvres du roi des Halles. Ces scélérats avaient tout brisé et volé une partie de l'orfèvrerie ainsi que les plats, les soupières et les flambeaux en argent. La vaisselle de faïence à laquelle la mère de Louis tenait tant avait été cassée.
    M. Fronsac suppliait donc Louis d'organiser leur fuite de Paris, lui suggérant d'obtenir de l'aide du président du Parlement, Mathieu Molé, ou du président de Mesmes, qui négociaient actuellement avec la Cour à Saint-Germain. Il savait que son fils les connaissait et eux avaient certainement le moyen de le faire entrer dans Paris.
    Fronsac père reconnaissait avoir eu tort en approuvant les initiatives du Parlement visant à un meilleur contrôle des finances du royaume. Et l'avenir s'annonçait sombre. Si la ville se rendait, on clabaudait qu'elle

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