Le Secret de l'enclos du Temple
en enfer, vous deviendrez la ribaude des démons !
Elle promit et accepta les pénitences.
Heureusement, Bauer rentrait à Mercy pour Noël, se dit-elle. Elle ne commettrait plus aucun péché après son départ.
48 À peu près la même église se trouve encore à Londres, dans le Temple.
49 L'Héritier de Nicolas Flamel , dans L'Homme aux rubans noirs , éditions J.-C. Lattès.
Deuxième partie
Janvier-mars 1648
Un effroyable assassinat et un diabolique criminel
15
L undi 6 janvier, Gaston de Tilly fut convoqué auprès de M. Séguier. Il s'y rendit sous une faible neige et un froid vif. Dans l'hôtel du chancelier, rue du Bouloi, il retrouva M. Dreux d'Aubray, le lieutenant civil, et M. Boutier, le parrain de Louis Fronsac. Gaston connaissait Boutier depuis plus de vingt ans et travaillait avec lui depuis quelques années. C'était un petit bonhomme chauve et rondouillard, avec une couronne de cheveux blancs qui lui pendait dans le cou, toujours habillé d'un justaucorps noir à col rabattu égayé cependant de parements de soie incarnate et de galants assortis.
Philippe Boutier avait débuté sa carrière judiciaire comme conseiller au Châtelet. Il avait ensuite acquis une charge de procureur et il était maintenant procureur du roi à la prévôté de l'Hôtel du roi.
La prévôté de l'Hôtel du roi, juridiction chargée de la sécurité de la Cour et des maisons royales, était dirigée par le grand prévôt de France assisté de lieutenants, de maîtres des requêtes, d'un procureur du roi et de procureurs. Au civil, la prévôté de l'Hôtel traitait les causes liées à l'approvisionnement de la Cour ou concernant les commensaux du roi. Au criminel, elle s'occupait sans appel des crimes et délits commis dans les résidences royales, ou sur les proches du roi.
Repéré très tôt par le chancelier Séguier pour sa compétence, Boutier avait ensuite intégré, par lettre de commission, le Conseil des parties avec rang de maître des requêtes.
Sous l'Ancien Régime, les offices achetés par lettre de provision se distinguaient des charges par commission qui étaient des décisions royales révocables à tout moment. Ainsi ces charges pouvaient être attribuées à des personnes non fortunées, mais réputées pour leur talent. C'était le cas de Philippe Boutier qui n'aurait jamais pu acheter une charge de maître des requêtes, celles-ci valant sept cent mille livres !
Quant au Conseil des parties, appelé aussi Conseil privé, il s'agissait de l'un des conseils royaux. Alors que le Grand Conseil, constitué de maîtres des requêtes et présidé par le chancelier, jugeait et statuait sur les affaires contentieuses, le Conseil des parties, qui se tenait le samedi, s'occupait des recours en révision et des affaires que le roi ne souhaitait pas confier au Parlement. Il était dirigé par le chancelier. Ses membres en étaient des conseillers d'État (qui siégeaient assis), des maîtres des requêtes (qui siégeaient debout), de hauts magistrats, ou encore de grands seigneurs ou de hauts dignitaires ecclésiastiques. Par un décret de Richelieu, pris en 1627, ils se répartissaient en plusieurs commissions aux travaux préparés par des rapporteurs.
M. Boutier était rapporteur de la commission de la police qui avait pour objectif d'harmoniser les jurisprudences criminelles. Un travail considérable, tant les cours subalternes (comme les prévôtés et les bailliages), les cours souveraines (le Parlement, la Cour des aides et la Chambre des comptes), les parlements provinciaux et les juridictions ecclésiales entraient perpétuellement en conflit.
Quand Gaston de Tilly avait vendu sa charge de commissaire de quartier à poste fixe, il avait rejoint Boutier à la prévôté de l'Hôtel du roi. Mais comme celui-ci siégeait, par commission, au Conseil des parties, c'est Gaston qui, par brevet royal, exerçait sa charge de procureur ! De plus, en accord avec le chancelier Séguier, M. de Tilly laissait à ses procureurs les affaires courantes afin d'assister Boutier dans son travail de maître des requêtes.
Gaston savait que Boutier souhaitait vendre son office pour acheter une charge de conseiller au Parlement. Malheureusement celles-ci étaient non seulement chères mais très rares, puisque ces charges se transmettaient au sein des familles ; toutefois, s'il y parvenait, sa charge de procureur serait libérée et Gaston envisageait de faire une offre.
*
En voyant entrer M. de
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