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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ses maussades réflexions quand Philippe Boutier lui tendit, avec un sourire bienveillant, le document qu'il venait de terminer. Gaston prit les feuillets et commença sa lecture, tandis que son compagnon se plongeait dans le premier mémoire, celui rédigé par le prévôt de l'Hôtel sur les constatations ayant suivi le vol.
    Après que le coffre-fort de la chambre de l'abbé de La Rivière avait été ouvert et qu'on eut constaté la disparition de douze mille livres en pistoles et d'un valet de chambre, le prévôt de l'Hôtel avait demandé au lieutenant civil de rechercher ce valet à Compiègne, dont il était originaire, mais on l'avait finalement retrouvé découpé en quartiers dans la fosse à retrait.
    — Ce ne peut être le crime d'un homme seul, décida Gaston, quand il eut à son tour parcouru le mémoire.
    — Mais s'il s'agit d'une bande, comment est-elle entrée ? interrogea Boutier.
    — Il ne peut s'agir que de familiers de l'hôtel. Des domestiques, sans doute.
    Le carrosse passa le porche de la rue de Vaugirard et pénétra dans la cour intérieure du palais construit par Salomon de Brosse pour Marie de Médicis 53 . Descendus de voiture, Boutier et Tilly furent alors conduits par un laquais au corps de logis principal.
    Dans la grande antichambre, ils demandèrent à un huissier de prévenir l'intendant du duc de leur visite. Boutier lui précisa qu'ils étaient procureurs à la prévôté de l'Hôtel du roi et envoyés par le chancelier. L'huissier comprit qu'on ne pouvait les faire attendre.
    Le vestibule débordant de monde, ils s'installèrent sur une des dernières banquettes libres. Beaucoup de gens attendaient une audience, soit de M. de La Rivière – le favori de Monsieur – soit du duc lui-même, expliqua Boutier à Gaston. Mais la plupart ne verraient que M. de Choisy, le chancelier du duc, ou même seulement un secrétaire.
    Ils patientèrent une dizaine de minutes avant qu'un valet chamarré ne vînt les chercher pour les conduire auprès de M. Jacques d'Alibert, le surintendant du palais, que Philippe Boutier connaissait vaguement. Dans l'escalier, Boutier raconta à voix basse à Gaston que le surintendant s'affichait comme comte de Clignancourt, une terre qu'il possédait, mais qu'il n'était ni comte ni même noble. Il appréciait donc qu'on l'appelât M. le comte.
    Gaston haussa les épaules en grimaçant.
    À l'étage, ils traversèrent plusieurs salles et longèrent une galerie avant d'entrer dans un grand cabinet donnant sur la rue Vaugirard. Deux hommes s'y tenaient. L'un, à une table de travail, affichait une taille médiocre et un aspect insignifiant, l'autre était debout et attendait avec déférence. L'assis était rasé de près, avec barbe et moustache en queue de canard bien taillées et cheveux bouclés au fer. Involontairement, Gaston regarda ses mains, parfaitement manucurées. Il était vêtu avec beaucoup d'élégance d'un habit gris à liseré vert et portait chapeau à plumes et épée au côté.
    Boutier, en s'inclinant, le salua d'un fort déférent :
    — Monsieur le comte.
    C'était donc le surintendant M. d'Alibert, devina Gaston. À ce titre de comte, l'homme manifesta sa satisfaction et les invita à s'asseoir avant de présenter son compagnon debout comme étant M. de Biville, officier des chevau-légers d'Orléans.
    Boutier se présenta à son tour, ainsi que son compagnon, avant d'expliquer les raisons de leur visite.
    — Sitôt qu'on m'a annoncé votre arrivée en ces lieux, messieurs, j'ai deviné que vous veniez pour ce terrible crime, s'exprima Alibert d'une voix teintée de suffisance. J'ai donc fait chercher M. de Biville, ce qui justifie que je vous aie fait un peu attendre, et je m'en excuse. M. de Biville était de garde le soir de Noël, il pourra donc vous donner toutes les informations nécessaires.
    Boutier laissa la parole à Tilly.
    — Monsieur le surintendant, avant de vous poser quelques questions, pouvez-vous me résumer ce que vous savez sur ce crime ? demanda Gaston. J'ai eu en main les mémoires remis à M. le prévôt de l'Hôtel, mais peut-être avez-vous appris quelques faits nouveaux…
    — Je ne pense pas. Je crois que tout était dit dans les deux rapports. Celui du vol et celui qui a suivi la découverte du corps coupé en quartiers que j'ai fait parvenir hier à M. Séguier. Mais je peux vous les résumer en quelques mots, proposa M. d'Alibert avec quelque condescendance : il y a d'abord eu

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