Le secret d'Eleusis
jeta sur le hayon et constata qu’il n’était pas verrouillé. Il l’ouvrit et sauta dans le coffre de la Mercedes. Zaal, les yeux rivés sur le rétroviseur, le vit à genoux derrière lui et se décomposa. Il voulut ouvrir sa portière. Trop tard ! Mikhaïl bondit sur les sièges arrière, l’attrapa par le menton, lui tira la tête en arrière et lui trancha la carotide. Un jet de sang éclaboussa le volant, le tableau de bord et l’intérieur du pare-brise. Les pieds de Zaal quittèrent les pédales et la Mercedes décéléra et s’arrêta.
Mikhaïl poussa sa victime sur le côté, prit le volant et se redonna une contenance. Heureusement, grâce aux vitres teintées, personne n’avait vu ce qu’il avait fait. Mais il fallait qu’il sorte d’ici. Il essuya le pare-brise du revers de sa manche et ne fit qu’étaler le sang. Agacé, il eut profondément conscience de l’outrage qui lui avait été fait. Quelqu’un allait devoir payer.
Dans la panique, la sortie avait été bloquée. Mikhaïl fit demi-tour et remonta la bretelle à contresens en klaxonnant sans relâche. Un camion déboula en face de lui. Il donna un coup de volant et n’eut pas d’autre choix que de prendre la rampe d’accès au parking. Il arriva sans encombre jusqu’à l’autopont, passa à toute allure devant la tour de contrôle et franchit deux grilles entrouvertes. Là, il éteignit les phares de la Mercedes, de peur de se faire repérer par la police, et accéléra jusqu’à ce qu’il arrive à une zone de fret en construction rassemblant des bureaux et des entrepôts presque terminés autour d’un immense parking. Il y avait des véhicules et du matériel partout, mais aucun ouvrier. Visiblement, le chantier était fermé pendant le week-end de Pâques. Mikhaïl fit le tour du parking dans l’espoir de trouver une issue, mais il n’y en avait pas d’autre que celle par laquelle il était entré. Or, des phares approchaient déjà et balayaient le secteur pour le retrouver et l’empêcher de ressortir.
Un avion décolla d’une piste, juste derrière les entrepôts. Mikhaïl pouvait peut-être encore embarquer à bord de son jet, mais Knox avait certainement tout raconté à la police, qui le cueillerait avant qu’il ne puisse s’enfuir. Il éprouva une haine féroce pour cet homme et pensa à la façon dont il se vengerait sur sa petite amie en laissant sa main glisser jusqu’à son entrejambe. D’où avait-elle envoyé ses photos déjà ? D’Agios Georgios, n’est-ce pas ?
Les phares se rapprochaient. Mikhaïl aperçut le long du parking trois remorques porte-conteneurs, derrière lesquelles il pourrait peut-être se cacher. Malheureusement, deux d’entre elles se trouvaient trop près de la clôture et la troisième avait été surélevée à environ un mètre du sol. L’étau se resserrait. Il longea les bâtiments neufs. Le rideau de fer d’un des entrepôts était resté ouvert ; à l’intérieur, les murs étaient couverts de peinture encore fraîche. Mikhaïl entra et descendit de voiture pour fermer le rideau, qu’il verrouilla à chaque extrémité.
Une voiture arriva juste après. Le conducteur coupa le moteur. Mikhaïl se demanda s’il avait été repéré. Une minute s’écoula et il entendit deux hommes discuter. L’un d’eux essaya de lever le rideau de fer, mais les verrous tinrent bon. Le moteur redémarra et la voiture s’éloigna. Mikhaïl retourna à la Mercedes, alluma la lumière et se regarda dans le rétroviseur. Il avait le visage couvert de sang. Il se déshabilla et envoya sur le pare-brise un jet de liquide lave-glace, qu’il essuya avec sa chemise et utilisa pour se laver le visage et nettoyer son trench-coat. Puis il alla chercher des vêtements propres dans sa valise, glissa son couteau dans sa ceinture et prit l’argent. Il tendit l’oreille pendant une minute et souleva juste assez le rideau de fer pour vérifier que la voie était libre. L’endroit était désert. Il se faufila sous le rideau et le referma derrière lui.
À sa grande surprise, il trouva cette mésaventure plutôt divertissante.
Chapitre 36
I
Impuissant, Knox regarda les gardes de sécurité et les policiers se précipiter vers lui en brandissant leurs pistolets et armes automatiques. Ils lui ordonnèrent de mettre les mains au-dessus de la tête, comme Davit et Boris, mais il avait les poignets attachés derrière le dos. Et s’il tentait le moindre geste pour faire tomber la veste
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