Le secret d'Eleusis
place lorsqu’elle remarqua un détail incongru. Elle s’approcha de la lumière. Un homme vêtu d’un jean et d’une chemise de couleur foncée était tapi derrière un arbre, au milieu du versant. Gaëlle plissa les yeux, mais l’homme était trop loin de l’appareil photo pour qu’on puisse le reconnaître. Une chose était sûre, cependant : Petitier était surveillé et le savait. Pas étonnant qu’il se soit méfié. Il avait sans doute décidé de tout révéler de peur de se faire doubler.
Gaëlle rangea le dossier au milieu des autres, classés par date, et résolut de consulter les plus récents. S’il ne portait pas les mêmes vêtements et se trouvait dans une zone différente de l’escarpement, l’homme était toujours sur les photos. De plus, celles-ci étaient plus nettes, comme si Petitier avait été suffisamment inquiet pour investir dans un téléobjectif. Sur le premier cliché, l’intrus regardait à travers des jumelles, qui lui mangeaient le visage. Mais sur le deuxième, ses traits étaient parfaitement reconnaissables. Gaëlle sentit ses jambes flageoler et se retint à l’étagère.
C’était Iain.
II
Ce ne fut pas prémédité. Pas préparé. Simplement, quelque chose se déclencha chez Zaal lorsqu’il vit Mikhaïl et les autres escorter Knox le long de la haie, sans jeter le moindre coup d’œil de son côté. Quatre millions d’euros sur le siège d’à côté ! Quatre millions ! Zaal en eut l’eau à la bouche et, à cet instant, il sut qu’il allait le faire.
Nadia avait dû le sentir. Lorsqu’il se retourna, il la vit le fixer d’un regard insistant, encourageant. Il lui sourit d’un air penaud, qui ressemblait à de la gratitude, puis lâcha la ceinture enroulée autour de son cou.
— Allez-y ! dit-il en déverrouillant sa portière.
— Bonne chance ! lança-t-elle avant de l’ouvrir.
— À vous aussi.
Il mit le contact et alluma les phares. Il attendit qu’elle soit descendue de voiture et roula en direction de la sortie le plus lentement possible, avec l’espoir que Mikhaïl et son équipe continuent à regarder de l’autre côté jusqu’à ce qu’il soit hors de vue.
Il aurait pu réussir. Si Nadia ne s’était pas mise à crier.
III
Mikhaïl lut la vérité dans les yeux de Knox. Il n’y avait pas de clé. Il n’y en avait jamais eu. Il éprouva la colère froide qui l’enserrait toujours avant un meurtre. Il posa la main gauche sur la bouche de Knox pour l’empêcher de crier et s’apprêtait à poignarder sa victime lorsqu’une femme se mit à hurler. Il se retourna et vit Nadia, le doigt pointé vers la Mercedes, qui avançait vers la sortie. Il comprit aussitôt que Zaal l’avait trahi. Et comment celui-ci en était arrivé là. Nadia respira profondément et se remit à hurler. Tout le monde regarda dans sa direction. Deux gardes de sécurité sortirent en courant du terminal. L’espace d’une seconde, Mikhaïl faillit succomber à l’envie de tuer Knox, uniquement pour extérioriser sa colère, mais les gardes étaient déjà trop près. L’expérience lui avait appris qu’il y avait toujours un moment de confusion dans ce genre de situation et qu’il fallait savoir le saisir. Il retourna le couteau en direction de ses poignets, fit mine de couper les liens et se précipita vers les gardes en leur montrant Boris, Davit et Knox.
— Ils sont armés ! s’exclama-t-il. Ce sont des terroristes ! Des terroristes !
Dès qu’ils eurent entendu le mot tant redouté, tous les voyageurs s’empressèrent d’aller s’abriter. Les deux gardes dégainèrent et crièrent à Davit, Knox et Boris de mettre les mains en l’air. Mikhaïl continua à courir derrière eux, comme s’il était trop terrifié pour faire autre chose que de prendre la fuite. Puis il arrêta son numéro et piqua un sprint dans le parking pour rattraper la Mercedes. Zaal le vit arriver et accéléra, mais deux voitures faisaient la queue à la sortie et une troisième s’approchait. Il klaxonna et s’enfila à côté d’elles. Les rétroviseurs se rabattirent et le métal des carrosseries pressées l’une contre l’autre se mit à crisser. Mais Zaal parvint à forcer le passage et tourna à gauche, dans la voie à sens unique. Mikhaïl le rattrapa juste à ce moment-là. Il tenta d’ouvrir la portière côté passager, mais elle était verrouillée. Zaal essaya d’accélérer, mais le trafic était trop dense. Cette fois, Mikhaïl se
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