Le secret d'Eleusis
représentait une stèle, sur laquelle étaient gravés au moins deux symboles. Gaëlle se rappela les symboles qu’elle avait vus en haut de l’escarpement. Elle les chercha parmi les photos : ils étaient là. À cet instant, une pensée lui traversa l’esprit. Elle alla chercher la réplique du disque de Phaistos sur le bureau de Petitier. C’était bien ça... Bien qu’agencés différemment, les symboles du disque étaient les mêmes que ceux des stèles. Gaëlle retourna la réplique. Tout à coup, un frisson lui secoua les épaules.
II
Zaal s’assit de côté sur son siège, dos à la portière, pour mieux surveiller Nadia. Le soleil de la fin d’après-midi, réfracté par les vitres teintées, dessinait un arc-en-ciel un peu flou sur la mallette en acier. Tout cet argent... Zaal s’imagina, sapé comme un prince, en train de se pavaner devant son yacht, sous le regard admiratif de femmes superbes qui en oubliaient leur mari.
— Il y a combien là-dedans ? demanda Nadia.
Zaal sortit de sa rêverie avec réticence.
— Ça vous regarde ?
— Il doit vraiment vous faire confiance.
— Oui. Il sait qu’il peut.
— Quand même, ça fait un sacré paquet d’argent...
Zaal éclata de rire et secoua la tête.
— Vous me prenez pour un dingue ? Vous n’avez pas idée de ce qu’il me ferait !
— Il ne pourrait plus rien faire à personne puisqu’il serait en prison.
— Il n’ira pas en prison.
— Si, il ira. Vous n’avez toujours pas compris ? Votre ami Édouard l’a balancé. La police va vous cueillir au moment où vous monterez dans le jet. Ce sera le dernier instant de liberté dont vous jouirez pour les trente années à venir.
Zaal tira d’un coup sec sur la ceinture de sécurité.
— Fermez-la, ordonna-t-il.
— C’est Mikhaïl qui a tué Édouard, insista Nadia, pas vous, ni vos amis. C’est lui. Mais quand il tombera, il aura tout l’argent dont il aura besoin pour se payer de grands avocats, soudoyer les juges et intimider les jurés. Il prétendra qu’il est innocent et vous fera porter le chapeau. Les flics n’y verront rien à redire. Plus il y a d’hommes sous les verrous, plus ils sont contents. Réfléchissez. Vous allez sacrifier le reste de votre vie pour un psychopathe. Vous croyez qu’il ferait la même chose pour vous ?
Zaal se passa la langue sur les lèvres. Elle n’avait pas tort, mais Mikhaïl le terrorisait. C’était un Nergadze.
— Les Nergadze me traqueront, déclara-t-il.
— Là où ils seront, ils ne pourront pas vous traquer. Le président rêvait de les voir se vautrer. Vous croyez qu’il va laisser passer sa chance ? Il va les enfoncer jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.
— C’est ce qu’on verra, ricana Zaal en tirant de nouveau sur la ceinture de sécurité. Même si tous les Nergadze tombaient, ils auraient toujours de l’argent et de l’influence. Cela ne les empêcherait pas de se venger. Croyez-moi, je les connais !
— Il faudrait déjà qu’ils vous retrouvent. Or, si vous êtes malin, ils ne vous retrouveront pas. Il y a probablement des millions dans cette mallette, de quoi vous acheter une nouvelle identité, une nouvelle vie. Vivre comme un roi ou moisir dans une cellule de deux mètres carrés, c’est une question de cran.
— Je serais mort avant d’être sorti du parking.
— Pas forcément, pas si vous attirez l’attention de Mikhaïl sur autre chose, quelque chose dont il devra impérativement s’occuper avant vous.
— Comme quoi ?
— Moi.
III
Knox attendait le retour de Boris et Davit sans faire le moindre mouvement, car Mikhaïl tenait toujours la lame de son couteau contre sa gorge, comme un rasoir à main. Les deux hommes revinrent au bout de cinq minutes.
— Il raconte des conneries, affirma Boris en montant dans la fourgonnette. Il n’y a rien là-bas.
— Rien ? répéta Mikhaïl en se tournant vers Knox avec un sourire glacial. Comment expliquez-vous cela ?
— Ils ont dû passer à côté sans la voir, répondit Knox.
— Bien sûr.
— Elle est là-bas. Laissez-moi sortir ; je vous montrerai.
— Nous avons cherché partout, déclara Boris. Elle n’y est pas.
— Vous m’avez menti, murmura Mikhaïl en poussant Knox sur le plancher de la fourgonnette pour mieux le menacer de son couteau. Je vous avais pourtant dit ce qu’il vous arriverait si vous mentiez.
— J’ai dit la vérité, insista Knox. Vos hommes ne l’ont pas vue,
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