Le secret d'Eleusis
calme, je ne fais qu’exposer l’hypothèse actuelle de la police. Augustin aurait agressé Petitier avant votre départ pour l’aéroport, mais cette agression n’aurait pas été immédiatement fatale à la victime, qui était encore en vie à votre retour.
— C’est impossible. Augustin ne ferait jamais ça. Et je n’ai rien remarqué d’anormal dans son comportement.
— Vous êtes son meilleur ami, fit remarquer Charissa. Vous prenez forcément sa défense.
Elle leva les yeux vers le rétroviseur et coupa court à l’indignation de Knox.
— Comprenez-moi bien, ce n’est pas mon intime conviction, précisa-t-elle. C’est l’argument qu’avancera la police.
— Je sais.
— Vous voulez savoir la suite ?
— Je vous écoute.
— D’après l’examen préliminaire du corps, Petitier a été tué par un coup porté à l’aide d’un objet lourd et contondant. Or, rien de tel n’a été trouvé dans la chambre d’hôtel.
— Et le portable de Petitier ?
— Aucune trace de cheveux ni de sang, et vous ne devinerez jamais ce que les flics ont fait ! s’exclama Charissa, mi-amusée, mi-atterrée. Ils ont mis le portable en route et, lorsqu’il a fallu saisir le mot de passe, ils ont fait quelques essais au hasard. À chaque échec, des fichiers ont été supprimés.
— Merde ! C’est sans doute ce que Theofanis a annoncé à Angelos quand j’étais dans la salle d’interrogatoire. Ils ont perdu beaucoup de données ?
— Ils n’en savent rien pour l’instant. Et il est peut-être encore possible de les récupérer. Nous avons beaucoup d’experts en informatique à Athènes, mais encore faut-il qu’ils daignent intervenir.
Charissa haussa les épaules. Apparemment, les informaticiens étaient avares de leurs services.
— En tout cas, reprit-elle, le sac de voyage de Petitier a été éventré et une partie de son contenu semble avoir disparu. Avec ce qui reste à l’intérieur, il n’est pas aussi volumineux que sur la caméra de surveillance. La police pense que l’arme du crime se trouvait à l’origine dans les bagages de Petitier, mais qu’Augustin l’a emportée avec lui lorsqu’il est parti pour l’aéroport. Apparemment, sur l’enregistrement de la caméra, votre ami porte un sac. Est-ce exact ?
Knox fronça les sourcils. C’était exact... Il s’agissait d’un grand sac en toile de couleur crème, qui contenait quelque chose d’assez volumineux.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? avait demandé Knox.
— Occupe-toi de tes affaires, avait répliqué Augustin.
Pour la première fois, Knox fut tenaillé par l’angoisse.
— Ce sac n’avait pas l’air lourd, déclara-t-il. Il ne devait pas y avoir de quoi assommer un homme.
— Comment le savez-vous ? l’interrogea Charissa. L’avez-vous porté ?
— C’est absurde !
— Je ne fais que vous poser les questions que la police vous posera. Qu’est-il devenu, ce sac ?
Knox s’adossa et s’efforça de rassembler ses souvenirs. Il était resté à côté de la voiture pour laisser à Augustin et Claire un peu d’intimité au moment de leurs retrouvailles.
— Augustin l’a emporté jusqu’au terminal, se rappela-t-il.
— Vous en êtes sûr ?
— Je le revois l’écarter du chemin quand il a croisé quelqu’un.
— Et quand il est ressorti ?
Knox réfléchit un instant.
— Il poussait un chariot sur lequel étaient empilés les bagages de Claire. Son sac était peut-être également sur le chariot, mais je ne m’en souviens pas.
— Essayez de vous souvenir.
— C’est grotesque ! Toute cette affaire est absolument grotesque !
— Monsieur Knox, peut-être n’avez-vous pas conscience des enjeux. L’année dernière, la police d’Athènes a abattu un adolescent de quinze ans, ce qui a provoqué des émeutes dans toute la Grèce. Nous sommes donc dans un climat extrêmement tendu. Les autorités prient pour que rien ne vienne exacerber ces tensions. Elles auront donc à cœur de prouver qu’Augustin n’a eu que ce qu’il méritait, quitte à mener une enquête sélective, à tenir des propos diffamatoires ou organiser des fuites compromettantes dans la presse, qui est à la botte du gouvernement. Nous devons donc anticiper le moindre de leurs mouvements. Alors je vous repose la question : Augustin est-il ressorti avec ce sac ?
— Je ne m’en souviens pas, mais à quoi ça rime de toute façon ? Augustin n’avait aucune raison de
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