Le secret d'Eleusis
extraordinaire. Ou bien tu vieillis et tu n’as pas d’économies. Bref, tu veux la Toison d’or. Tu la convoites. Tu l’as gagnée en consacrant ta vie entière à l’archéologie. Tu suis Petitier jusqu’à l’ascenseur. Il essaie de se débarrasser de toi en se dirigeant vers la chambre d’Augustin, mais tu ne perds pas sa trace. Tu entends Augustin l’inviter à entrer. Peut-être as-tu une chambre à proximité. Ou connais-tu quelqu’un qui en a une. Quoi qu’il en soit, tu es toujours dans les parages lorsque je viens chercher Augustin, vingt minutes plus tard. Nous partons pour l’aéroport ; Petitier se retrouve seul. Et là, à travers la porte, tu entends la douche.
— Pas à travers la porte, objecta Gaëlle. J’aurais été filmée par la caméra de surveillance.
— Alors à travers le mur, suggéra Knox en hochant la tête en direction de la salle de bains. Nous entendons tout ce que nos voisins font. Je suppose que c’est la même chose à l’étage inférieur.
— Donc, j’entends la douche, admit Gaëlle. C’est le moment ou jamais.
— Exactement. Tu n’auras peut-être pas d’autre opportunité comme celle-là. Tu sors sur le balcon et tu remarques que la baie vitrée d’Augustin est ouverte. Il fait lourd, c’est normal. Tu essaies de passer sur l’autre balcon. Ce n’est pas facile, mais tu t’en sors. Le jeu en vaut la chandelle. La douche coule encore. Tu te faufiles dans la chambre, tu prends le sac de Petitier sur le lit et tu rebrousses chemin. Mais Petitier t’entend et se précipite hors de la douche. Il te rattrape sur le balcon et vous vous battez pour garder le sac. Celui-ci se déchire. Il contient un objet lourd et solide. Tu t’en empares et tu frappes Petitier à la tête. Il s’effondre, mais parvient à ramper vers la chambre dans l’espoir d’arriver jusqu’au téléphone. Le croyant mort, tu retournes dans ta chambre en emportant ton butin.
— Sacrément risqué...
— Mais plausible, non ?
— Plus plausible que d’accuser Augustin, reconnut Gaëlle. Alors tu crois que c’est un des clients de l’hôtel ? Un voisin de chambre d’Augustin ?
— C’est possible.
— Et les types qui étaient dans l’ascenseur ?
— Ce sont peut-être eux ses voisins de chambre.
Gaëlle frémit à cette idée.
— Tu crois qu’on devrait en parler à quelqu’un ?
Knox envisagea cette idée un instant. Il s’imagina en train d’expliquer sa théorie à cet inspecteur hostile, qui n’aurait que mépris pour lui.
— Pas ce soir, résolut-il. Il est trop tard. J’en parlerai à Charissa demain et on verra ce qu’elle en pense.
Anxieux, il vérifia que la porte d’entrée et la baie vitrée étaient bien verrouillées. Puis il se déshabilla, s’allongea en boxer sur le lit et sortit sa copie du texte d’Augustin pour la lire.
II
Édouard avait espéré que Mikhaïl renoncerait à Knox pour ce soir, mais il s’était bercé d’illusions. Ils allèrent au bar de l’hôtel, s’installèrent autour d’une table isolée et commandèrent une tournée de digestifs. Puis ils cherchèrent des moyens d’obliger Knox à ouvrir sa porte, malgré la méfiance dont il devait désormais faire preuve.
— Vous avez un fusil ! lança Zaal. On n’a qu’à faire sauter la serrure.
Édouard le dévisagea, épouvanté.
— Parlez plus bas, implora-t-il.
— Pourquoi, vous croyez vraiment que quelqu’un parle géorgien, ici ?
— On ne sait jamais.
— Et si on foutait le feu ? plaisanta Boris. Ça les ferait descendre !
— Pourquoi pas ? dit Mikhaïl d’un air songeur. Ce n’est pas une si mauvaise idée.
— Vous êtes fou ! s’écria Édouard. Il doit y avoir des centaines de personnes dans cet hôtel.
— Nous n’avons pas besoin d’allumer un incendie, expliqua Mikhaïl avec une patience exagérée. Il suffit que l’alarme se déclenche. Tous les clients descendront et se rassembleront dehors, y compris nos deux amis, que nous n’aurons qu’à cueillir au passage.
— Ce ne sera pas facile, observa Boris. Il y aura beaucoup de monde.
— On n’a qu’à monter à leur étage, proposa Zaal. Une fois là-haut, on déclenche l’alarme et on attend qu’ils ouvrent leur porte.
— Et si quelqu’un nous voit ? s’inquiéta Édouard.
— Et si quelqu’un nous voit ? l’imita Zaal en provoquant un éclat de rire général.
— Ecoutez, commença Édouard, je veux juste...
— On y
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