Le secret d'Eleusis
Gaëlle, qui avait sans doute lu dans ses pensées, lui serra le bras pour qu’il la laisse se débrouiller seule.
— Il faudra que vous me donniez votre nom et votre adresse, lança-t-elle en regardant l’homme droit dans les yeux.
— Pourquoi ça ?
— Vous aimez tellement me regarder que je pourrais faire faire un poster de moi et vous l’envoyer pour que vous l’accrochiez à votre mur.
L’homme éclata de rire avec décontraction.
— C’est inutile, j’ai la mémoire des visages.
L’ascenseur s’arrêta brusquement au sixième étage en secouant les occupants. La grille s’ouvrit. Knox laissa passer Gaëlle la première et la suivit. L’homme et ses compagnons firent mine de sortir aussi, mais il se retourna et leur bloqua le passage.
— Vous allez au dernier étage, leur rappela-t-il.
La grille commença à se refermer automatiquement.
— Je me suis trompé, déclara l’homme en l’arrêtant du bout du pied. Je pensais que le sixième était le dernier étage.
Knox se figea et le fixa un instant sans rien dire. Il ne savait pas ce qui se passait, mais cela n’augurait rien de bon.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il. Vous logez ici ?
Une porte s’ouvrit dans le couloir. Deux hommes barbus sortirent d’une chambre en se chamaillant sur le ton de la plaisanterie et s’approchèrent des ascenseurs. Knox prit Gaëlle par le bras et profita de l’occasion pour la conduire jusqu’à leur chambre. Il inséra sa clé électronique dans la serrure et se précipita avec soulagement à l’intérieur.
Chapitre 13
I
— Quel con ! s’écria Gaëlle.
— Oui, confirma Knox.
Il ferma la porte à double tour et regarda dans le couloir à travers le judas.
— Quoi ? demanda Gaëlle, intriguée.
— Je ne sais pas, répondit Knox en se retournant. Tu n’as pas eu l’impression qu’il avait une idée derrière la tête ?
— C’est un pauvre type. Des tas d’hommes pensent que ça excite les femmes de se faire mater comme ça ! Il se trouve que tu étais là, ce soir, c’est tout.
— Peut-être...
— Sérieusement, ne sois pas parano !
— D’après Augustin, Petitier avait l’air parano et regarde ce qui lui est arrivé.
— Tu ne crois quand même pas que ce type a quelque chose à voir avec la mort de Petitier !
Knox haussa les épaules et se dirigea vers le lit.
— Augustin a dit que Petitier était venu le voir parce que sa chambre n’était pas encore prête. Mais ce n’est guère plausible. Il faut reconnaître que le personnel est très efficace, ici. Les aspirateurs fonctionnent le matin, pas l’après-midi.
— Le client précédent a peut-être libéré la chambre avec du retard.
— Peut-être. Mais il y a une autre possibilité. Le hall de l’hôtel est au centre de tous les regards. Il n’y a pas moyen d’entrer discrètement. Tout à l’heure, tout le monde avait les yeux rivés sur nous.
— Et alors ?
— Mets-toi à la place de Petitier. Il a été isolé du reste du monde pendant près de vingt ans. La foule doit l’angoisser. Lorsqu’il arrive à la réception, toutes les personnes présentes le regardent. C’est peut-être simplement parce qu’il a une drôle d’allure, mais il craint que les curieux ne sachent qu’il transporte un trésor inestimable dans son sac. Il n’ose pas aller directement dans sa chambre. Il sait qu’Augustin participe au congrès. C’est un de ses anciens étudiants ; il a confiance en lui. Il demande dans quelle chambre il se trouve ou repère le numéro sur le registre. Il monte, frappe, raconte que sa propre chambre n’est pas encore prête et promet de ne pas rester longtemps. Mais Augustin part pour l’aéroport. Alors Petitier fait comme chez lui et prend une douche.
— Dans la chambre de quelqu’un d’autre ?
— Pourquoi pas ? Augustin va être absent pendant au moins deux heures, voire trois. Tu ne t’es jamais sentie sale et mal habillée en arrivant dans un endroit aussi somptueux que cet hôtel après un long voyage ?
— D’accord, continue.
— Imagine la scène vue par quelqu’un d’autre. Tu es assise dans le hall. Nico t’a envoyé des photos des sceaux de Petitier ou bien tu as entendu des rumeurs à ce propos. Soudain, tu vois Petitier arriver. Il cramponne son sac et semble nerveux. Tu te dis qu’il y a peut-être une part de vérité dans cette histoire. Toute ta vie, tu as vécu dans l’espoir de faire une découverte
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