Le secret d'Eleusis

dérange pas, j’espère, d’aider Augustin et Claire dans cette affaire, commença-t-il.
    — Bien sûr que non ! s’écria Gaëlle. Comment peux-tu en douter ?
    — Jusqu’où serais-tu prête à aller ?
    Gaëlle plissa les yeux. Elle pressentait quelque chose, mais ne savait pas encore quoi.
    — Pourquoi tu me demandes ça ?
    Knox prit un air innocent.
    — C’est juste que nous nous sommes concentrés sur ce qui se passait ici, à Athènes, et pour cause : c’est ici que tout est arrivé. Mais nous avons peut-être négligé une piste importante. Nous avons la certitude que Petitier a découvert un nouveau site en Crète, grâce aux sceaux qu’il a envoyés à Nico. Il a vraisemblablement été tué à cause de ce qu’il a trouvé là-bas. Par conséquent, la clé de cette histoire ne se trouve peut-être pas à Athènes, mais en Crète.
    — Non ! lança Gaëlle en croisant les bras.
    — Non quoi ?
    — Non, je n’y vais pas.
    — Je ne t’ai pas dit d’y aller.
    — Tu étais sur le point de le faire.
    Knox ne prit pas la peine de nier. Gaëlle le connaissait trop bien.
    — Il faut bien que quelqu’un y aille, soupira-t-il. Ça ne peut pas être Claire. Elle ne quittera pas le chevet d’Augustin dans un moment pareil. Et ça ne peut pas être moi. Non seulement il faut que j’aille au congrès, mais la police m’a clairement fait comprendre que je devais rester à Athènes. Tout ce que nous avons, pour l’instant, ce sont des sceaux en linéaire A et linéaire B. Et tu connais bien mieux que moi ces deux types d’écriture.
    — Mais je ne sais absolument rien sur la Crète ! Je ne saurais pas par où commencer.
    — La Mission archéologique britannique mène des recherches à Cnossos. Un archéologue que j’ai rencontré quand j’étais à Cambridge se trouve en ce moment à la villa Ariane, où sir Arthur Evans a vécu pendant ses fouilles. Il s’appelle Iain Parkes.
    — Alors pourquoi ne pas faire appel à lui directement ?
    — Gaëlle, tu sais bien qu’il ne s’agit pas uniquement de découvrir où Petitier a passé ces vingt dernières années. Il faut que quelqu’un aille sur place pour essayer d’en savoir plus sur ses activités. Je ne peux pas demander ça à Iain. Ça fait une éternité que je ne l’ai pas vu. Mais je suis sûr qu’il te mettrait le pied à l’étrier.
    — Si ça fait une éternité que tu ne l’as pas vu, comment peux-tu être sûr qu’il est encore là-bas ?
    — Quand nous avons décidé de venir ici, je l’ai appelé pour savoir s’il avait l’intention d’assister au congrès. Il m’a répondu qu’il ne pouvait pas se libérer.
    — Je ne veux pas y aller. Je veux rester avec toi.
    — Il faut qu’on sache ce que Petitier a apporté ici, insista Knox.
    Il tendit la main et prit son téléphone portable.
    — Écoute, proposa-t-il, j’appelle Iain et tu te renseignes sur les vols.
    — Maintenant ? s’écria Gaëlle.
    — C’est le week-end de Pâques, lui rappela Knox. Si nous attendons demain matin, il n’y aura plus de place.
    Elle essaya de lire la vérité dans son regard, mais il tint bon et ne détourna pas les yeux avant qu’elle ne cède la première.
    — Tu crois vraiment que ça peut aider Augustin ? demanda-t-elle.
    — Oui, j’en suis persuadé.
    — Bon, d’accord.
    — Parfait.
    Knox se pencha et déposa un baiser sur les lèvres de Gaëlle.
    — Je t’aime, murmura-t-il.
    — Moi aussi, je t’aime, dit-elle.
    Mais pour la première fois depuis le jour où elle lui avait avoué ses sentiments, il n’était pas sûr qu’elle soit tout à fait sincère.

Chapitre 14
    I
    Un bruit métallique résonna de l’autre côté de la porte du balcon. Knox se réveilla en sursaut et s’assit sur le lit. Il ne savait plus très bien où il se trouvait. Le bruit se répéta mais, cette fois, il le reconnut : ce n’étaient que les éboueurs, qui ramassaient les poubelles dans la ruelle. Son cœur reprit un rythme normal. Il s’allongea de nouveau en écoutant vaguement les bavardages enjoués des hommes puis, peu à peu, le souvenir des événements de la veille revint le tourmenter. La sirène de recul de la benne à ordures retentit. Il roula sur le côté et alluma l’écran de son réveil de voyage.
    — Quelle heure est-il ? murmura Gaëlle.
    — Quatre heures vingt, répondit Knox. Nous avons encore quelques minutes.
    Il ne s’était pas trompé : les vols avaient été