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Le secret d'Eleusis

Le secret d'Eleusis

Titel: Le secret d'Eleusis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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là que Hadès, le dieu des Enfers, l’avait remarquée et s’était épris d’elle. Il l’avait enlevée et emmenée sous terre avec lui. Déméter, mère de Perséphone et déesse de l’Agriculture et des Moissons, avait été à l’agonie. Elle avait cherché sa fille partout, en vain. Arrivée à Éleusis, elle avait perdu courage. Puis elle avait anéanti les cultures de la terre entière et provoqué une famine si sévère que les autres dieux avaient fini par convaincre Hadès de laisser partir Perséphone. Mais Hadès avait fait manger plusieurs pépins de grenade, le fruit des morts, à la jeune déesse, juste avant de la libérer. Celle-ci avait donc été contrainte de retourner chaque année aux Enfers pendant plusieurs mois, au cours desquels la terre redevenait stérile. De toute évidence, il s’agissait d’une allégorie des saisons, mais le mythe était beaucoup plus complexe et subtil que cela.
    La circulation reprit peu à peu. Les trois files de voitures fusionnèrent en deux files, puis en une seule. Knox vit un gyrophare bleu tourner au loin, entendit l’alarme d’une voiture accidentée et le coupable apparut : un carambolage de quatre voitures, un enchevêtrement de taule froissée et d’airbags dégonflés. Un homme furieux criait, les poings tendus vers le ciel, tandis qu’une femme faisait une déposition à la police. Knox sortit enfin de l’embouteillage et accéléra pour rattraper le temps perdu.
    À gauche, la mer colorait progressivement la ligne d’horizon. Un chalutier annonça le port. Des tankers et des porte-conteneurs étaient chargés et déchargés au bout des embarcadères. La clarté du ciel et la lumière du soleil sur les vagues ondoyantes donnaient du charme à la scène.
    Knox respira profondément et se réjouit d’avoir le privilège inattendu de participer à un congrès, à Elefsina, l’ancienne Éleusis.
    II
    Nina quitta la chambre de ses deux filles et retourna voir Kiko. Elle le trouva debout au pied du lit, déjà habillé, dans une attitude peu naturelle, comme s’il avait voulu se donner une contenance lorsqu’il l’avait entendue arriver et obtenu l’effet tout à fait inverse. Cela dit, elle connaissait trop bien son fils pour l’interroger directement.
    — Bonjour, chéri, dit-elle.
    — Bonjour, maman.
    — Tu as bien dormi ?
    — Oui, répondit Kiko en évitant le regard de sa mère.
    Nina s’efforça de ne pas sombrer dans le désarroi et de garder le sourire. Elle se pencha et prit doucement le visage de Kiko entre ses mains pour obliger celui-ci à la regarder.
    — Il s’est passé quelque chose, Kiko ? demanda-t-elle.
    — Non.
    Elle envisagea un instant d’insister, mais se ravisa. Il avait trop d’imagination ; il était trop obstiné. Si elle brusquait son fils, le ciment du mensonge prendrait aussitôt et recouvrirait à jamais la vérité. Elle fit semblant de croire que tout allait bien.
    — Tant mieux, déclara-t-elle. Alors veux-tu descendre prendre le petit déjeuner ?
    — Oui, consentit Kiko dans un murmure.
    Comme ils se dirigeaient vers la porte, il lui prit la main. Puis, les yeux toujours baissés, il demanda sur un ton désinvolte :
    — Est-ce que tu vas encore dormir avec les filles, cette nuit ?
    Nina sentit les larmes lui monter aux yeux et éprouva une haine intense pour elle-même, son mari, ces foutus Nergadze et le monde entier.
    — Non, assura-t-elle. Je resterai auprès de toi cette nuit.
    — Promis ?
    — Oui, mon chéri, je te le promets.
    III
    Knox quitta la route principale et tourna à gauche pour suivre la direction du site ancien. Même le parking semblait faire partie du lieu. C’était une cour pavée, entourée de pierres de fondation, de socles, de frontons et de vestiges de temples, de stoas, d’autels et de fontaines. Knox ne vit pas Nico immédiatement. Et soudain, celui-ci surgit de la grille entrouverte du site. Il avait une discussion animée avec un Noir étonnamment grand, qui marchait le dos voûté, comme pour minimiser sa taille. L’homme devait avoir à peine plus de quarante ans, mais son costume démodé et ses lunettes demi-lune dorées, suspendues par une chaîne autour de son cou, lui donnaient l’allure d’un vieil universitaire.
    — Désolé, je suis en retard ! lança Knox. Il y avait un embouteillage.
    — C’est ce qu’on nous a dit, souffla Nico d’un air sombre. Il y en a pour longtemps à votre avis ?
    — Tout dépend de

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