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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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entendant les gardes murmurer le mot de passe
au moment de la relève. Il avait toujours eu du mal à trouver le sommeil et il
savait que cela faisait partie de sa légende, que ses hommes étaient convaincus
qu’il veillait nuit après nuit, comme le montraient les lampes dont la lumière
traversait la toile épaisse de la tente du commandant. Parfois, il dormait en
laissant les lampes allumées pour faire croire aux gardes qu’il n’avait pas, contrairement
à eux, besoin de repos. Cela ne faisait pas de mal d’encourager leur respect et
leur admiration. Les hommes avaient besoin d’un chef ne montrant aucune
faiblesse.
    Il songea à l’armée qu’il avait rassemblée autour de lui et
aux préparatifs qu’il avait faits. Ses seuls régiments de sabreurs et de
piquiers surpassaient en nombre les guerriers mongols. Pour nourrir une telle
troupe, il avait fallu vider les entrepôts de Yenking et les marchands n’avaient
pu que se lamenter quand il leur avait montré les documents signés par l’empereur.
Ce souvenir le fit sourire. Ces gras grainetiers se prenaient pour la fleur de
la ville. Zhu Zhong s’était plu à leur rappeler où se trouvait le véritable
pouvoir. Sans l’armée, leurs superbes demeures ne valaient rien.
    Nourrir deux cent mille hommes pendant tout l’hiver
réduirait à la misère les paysans de vastes régions de l’Est et du Sud, mais il
n’avait pas le choix. Personne ne se battait en hiver et il fallait cependant
garder la passe. Même le jeune empereur avait compris que des mois s’écouleraient
peut-être avant que la bataille s’engage. Lorsque les Mongols arriveraient, au
printemps, il serait là. Zhu Zhong se demanda distraitement si leur khan avait
les mêmes problèmes d’approvisionnement que lui. Il en doutait. Ces barbares s’entre-dévoraient
probablement et considéraient la chair humaine comme un mets délicat.
    Frissonnant dans l’air froid de la nuit qui se glissait dans
sa tente, il remonta les couvertures sur ses épaules massives. Rien n’était
plus pareil depuis la mort du vieil empereur. Zhu Zhong lui avait été
totalement dévoué, il l’avait vénéré. Le monde avait véritablement tremblé sur
ses bases quand il avait expiré, emporté dans son sommeil après une longue
maladie. Le fils n’est pas le père, pensa tristement Zhu Zhong. Pour sa
génération, il n’y aurait jamais qu’un empereur. Voir un jeune homme
inexpérimenté sur le trône del’empire sapait les fondations
de toute son existence. C’était la fin d’une époque et il aurait peut-être dû
prendre sa retraite après la disparition du vieil homme. Cela aurait été une
réaction digne et appropriée. Au lieu de quoi, resté à son poste, il avait
assisté à l’intronisation du nouvel empereur et puis les Mongols étaient
arrivés. La retraite devrait attendre encore un an au moins.
    Zhu Zhong grimaça quand le froid s’insinua dans ses os. Les
Mongols ne sentaient pas le froid, ils le supportaient comme les renards des
neiges, avec juste une fourrure sur leur peau nue. Ces êtres le révulsaient. Ils
ne construisaient rien, n’accomplissaient rien pendant leur courte vie. L’ancien
empereur avait su les maintenir à leur place mais le monde avait changé et ils
osaient maintenant menacer les portes de la grande cité. Quand la bataille
serait finie, il ne montrerait aucune pitié. S’il permettait à ses soldats de
se défouler dans le camp mongol, le sang des barbares se perpétuerait dans un
millier d’enfants bâtards. Il ne les laisserait pas se reproduire comme des
poux pour menacer de nouveau Yenking. Il ne connaîtrait pas de repos avant qu’ils
soient exterminés jusqu’au dernier et que leurs terres soient à jamais désertes.
Il les réduirait en cendres et si plus tard une autre race songeait à se lever
contre les Jin, elle se souviendrait des Mongols et renoncerait à ses complots
et ses ambitions. C’était le seul sort qu’ils méritaient. Ce serait peut-être
ce qu’il léguerait avant de prendre sa retraite, une vengeance si sanglante et
définitive qu’on en garderait le souvenir des siècles plus tard. Ce serait la
mort de toute une nation et, pour lui, une sorte d’immortalité. Cette idée lui
plaisait. Il décida de laisser les lampes brûler dans le camp endormi et se
demanda s’il parviendrait à trouver le sommeil.
     
     
    Lorsque les premières lueurs de l’aube apparurent derrière
les montagnes, Gengis leva les yeux vers les

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