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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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qu’il respirait plus facilement et que, malgré
sa fatigue, il recouvrait des forces. La tempête cessa et pour la première fois
depuis plusieurs jours, ils purent voir les étoiles, brillantes et superbes
entre les nuages.
    Le froid parut croître à mesure que la nuit s’avançait mais
ils ne s’arrêtèrent pas et mangèrent de la viande séchée en marchant. Ils
avaient dormi sur les pentes la première nuit, chacun s’étant creusé un trou à
la manière des loups. Kachium, qui n’avait pris alors que quelques heures de
sommeil, était au bord de l’épuisement. Ne sachant quelle distance le séparait
de l’armée jin, il n’osait pas permettre aux guerriers de se reposer à nouveau.
    Au bout d’un moment, la pente se fit moins forte. Aux sapins
noirs se mêlèrent des bouleaux pâles, si nombreux par endroits que les hommes
ne marchaient plus sur la neige mais sur des feuilles mortes. Voir ces arbres
réconfortait Kachium car ils étaient la preuve que leur périple touchait à son
terme. Il ne savait cependant pas encore si la colonne avait dépassé l’armée
jin ou si elle longeait encore la passe de la Gueule du Blaireau.
    Par moments, Taran moulinait des bras. C’était un vieux truc
d’éclaireur pour que le sang circule de nouveau dans l’extrémité des doigts
afin qu’ils ne gèlent et ne noircissent pas. Kachium l’imita et fit passer la
consigne le long de la file. L’idée de milliers de soldats agitant gravement
les bras comme des oiseaux amena un sourire à ses lèvres malgré ses muscles
douloureux.
    La lune se leva au-dessus des montagnes, éclairant les
hommes épuisés qui continuaient à progresser lentement. Le pic qu’ils avaient
escaladé se dressait au-dessus d’eux, un autre monde. Kachium se demanda
combien de ceux qui étaient partis trois jours plus tôt étaient tombés pour
être abandonnés comme Vesak. Il espérait que leurs camarades avaient eu l’intelligence
de leur prendre leurs carquois remplis de flèches. Il aurait dû penser à donner
cet ordre et il s’adressa des reproches en bougonnant. L’aube était encore loin
et il ne pouvait qu’espérer passer derrière l’armée jin avant que Gengis
attaque. Tandis qu’il marchait dans la neige, ses pensées dérivèrent, se
concentrèrent un moment sur Khasar puis sur ses enfants restés au camp. Parfois,
il rêvait comme s’il était au chaud dans une yourte et, se réveillant en
sursaut, s’apercevait qu’il marchait toujours. Il tomba une fois et Taran revint
rapidement sur ses pas pour l’aider à se relever. Ses guerriers ne laisseraient
pas le frère du khan mourir sur le bord du sentier après avoir récupéré ses
carquois. Kachium leur en fut reconnaissant.
    Il avait l’impression de marcher depuis une éternité quand
ils sortirent enfin de la forêt et que Taran s’accroupit devant lui. Kachium se
jeta aussitôt à terre et rampa pour le rejoindre malgré les protestations de
ses genoux. Derrière lui, des jurons étouffés se firent entendre quand les
guerriers, se heurtant l’un l’autre, furent tirés de leur transe par cette
halte brusque. Kachium regarda autour de lui en progressant sur le ventre. Ils
étaient sur une pente douce, dans une vallée d’une blancheur immaculée qui
semblait infinie. De l’autre côté, la montagne dressait de nouveau devant eux
des parois si abruptes que personne, sans doute, ne les avait escaladées. À sa
gauche, la passe de la Gueule du Blaireau aboutissait à une longue étendue
plate. Dans le clair de lune, Kachium vit, au-delà de cet espace vide, une mer
de tentes et de bannières occupant toute la largeur de la passe. De la fumée s’en
élevait pour se mêler à la brume des sommets et Kachium sentit une odeur de feu
de bois.
    Les Jin avaient rassemblé une armée si grande qu’il n’en
voyait pas la fin. À la passe succédait une vaste cuvette sur laquelle
débouchait la route menant à la cité de l’empereur. Et cependant l’armée jin la
couvrait entièrement et en débordait même. Malgré les montagnes blanches qui la
cachaient en partie, Kachium avait sous les yeux plus de soldats qu’il n’en
avait jamais vu. Gengis ne s’attendait pas à une telle multitude et, dans
quelques heures, il s’engagerait lentement à cheval dans la passe.
    Kachium éprouva soudain un accès de frayeur en se demandant
si ses hommes pouvaient être vus du camp. Des éclaireurs jin devaient
patrouiller dans le secteur et il était planté là,

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