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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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transpercé les lamelles de fer, causant une blessure qui
tachait de sang la jambe du guerrier et le flanc haletant de sa monture. Pressé
d’avoir des informations, Gengis avait voulu écouter le rapport de l’éclaireur
avant de l’envoyer se faire soigner.
    Le général jin avait laissé la passe ouverte. Avant d’être
refoulé par un déluge de projectiles, l’éclaireur avait vu deux grands forts
dominant une bande de terre. Gengis était persuadé que, là-haut, des soldats
étaient prêts à déverser la mort sur ceux qui essaieraient de passer. Le fait
que les Jin n’aient pas bloqué la passe le préoccupait. Cela suggérait que leur
général voulait une attaque de front, qu’il était sûr de canaliser l’armée
mongole vers ses troupes et de l’écraser là où elle était la plus faible.
    À son entrée, la passe faisait près de trois lis de large
mais, sous les forts, elle se réduisait à un couloir n’excédant pas quelques
dizaines de pas. L’idée même de se retrouver pris dans une nasse et d’être dans
l’incapacité de charger provoqua en lui une nausée qu’il s’empressa de chasser
dès qu’il en prit conscience. Il avait fait tout ce qu’il pouvait et ses frères
attaqueraient dès qu’il ferait assez clair pour viser. Même s’il trouvait au
dernier moment un meilleur plan, il était dans l’incapacité de les rappeler. Ils
étaient inaccessibles, cachés par les montagnes et la neige.
    Au moins, la tempête avait faibli. Gengis leva les yeux vers
les étoiles, dont la clarté révélait la masse des prisonniers qu’il avait
amenée à l’entrée de la passe. Ils précéderaient son armée et lui serviraient
de bouclier pour arrêter les flèches et les carreaux des Jin. De même, si l’ennemi
jetait de l’huile enflammée du haut des forts, les prisonniers en seraient les
premières victimes.
    Incapable de dormir, il prenait de longues inspirations et
sentait l’air froid glacer ses poumons. L’aube ne tarderait plus. Il passa une
fois de plus son plan en revue, mais il n’y avait rien d’autre qu’il pût faire.
Ses hommes avaient été bien nourris, mieux que depuis des mois. Ceux qu’il
mènerait dans la passe étaient des soldats aguerris portant de bonnes armures. Il
avait formé les premiers rangs avec des piquiers, en partie pour faire avancer
les prisonniers. Les Jeunes Loups de Süböteï viendraient derrière, puis les
hommes d’Arslan et de Jelme, vingt mille guerriers qui ne reculeraient pas, aussi
violents que soient les combats.
    Gengis dégaina le sabre de son père et vit la tête de loup
ornant la poignée briller au clair de lune. Il se fendit avec un grognement. Autour
de lui, le camp était silencieux mais il y avait toujours des regards à l’affût.
Il se lança dans un exercice qu’Arslan lui avait appris et qui servait à étirer
les muscles tout en les développant. Le moine Yao Shu enseignait une discipline
semblable à ses fils afin qu’ils endurcissent leur corps. Gengis se mit à
transpirer en enchaînant les figures avec son arme. Il n’avait plus comme avant
la rapidité de l’éclair mais il avait gagné en puissance et il demeurait souple
malgré de multiples et anciennes blessures.
    L’attente lui pesait et il songea à aller trouver une femme
pour brûler son trop-plein d’énergie. Börte, sa première épouse, dormait sans
doute dans la yourte, entourée de ses fils. Sa deuxième épouse allaitait encore
leur bébé et le visage du khan s’éclaira quand il songea à ses seins blancs
lourds de lait.
    Excité par cette perspective, il rengaina son sabre et
traversa le camp en se dirigeant vers la tente de Chakahai. Il souriait en
marchant. La chaleur d’une femme et une bataille à livrer. C’était merveilleux
d’être en vie par une nuit pareille.
     
     
    Incapable de fermer l’œil lui aussi, le général Zhu Zhong
buvait lentement un bol d’alcool de riz chaud dans sa tente. L’hiver s’était
refermé sur les montagnes et il y avait de bonnes chances pour que lui-même et
ses troupes y passent les mois les plus froids. Cette idée ne lui déplaisait
pas. Il avait fait onze enfants à ses trois épouses de Yenking et lorsqu’il
était chez lui, il y avait toujours quelque chose pour le distraire de son
travail. En comparaison, il trouvait la vie de camp plus tranquille, peut-être
parce qu’il l’avait toujours connue. Même maintenant, dans l’obscurité, il
éprouvait un sentiment de paix en

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