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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avec derrière lui une file
de guerriers qui s’étirait jusqu’aux hauteurs. Il pressa l’épaule de Taran pour
le féliciter d’avoir donné le signal à temps et le jeune garçon sourit de
plaisir.
    Le frère de Gengis dressa ses plans, transmit ses ordres. Les
hommes devaient reculer suffisamment pour que l’aube ne révèle pas leur
présence à des yeux ennemis perçants. Il étudia le ciel, espéra que la neige
couvrirait leurs traces. Il espéra aussi que Khasar était en lieu sûr, car le
jour se lèverait bientôt. Lentement, péniblement, les guerriers remontèrent la
pente jusqu’aux arbres qu’ils venaient de quitter. Un souvenir revint à Kachium
tandis qu’il grimpait. Enfant, il avait dû se cacher dans les collines de son
pays avec sa famille et lutter contre la faim et la mort, toujours proches. Il
se cacherait de nouveau mais, cette fois, il surgirait à découvert en rugissant.
    En silence, il adressa une prière au père ciel pour que
Khasar ne soit pas en train de mourir de froid dans la montagne, perdu et seul.
Non, pensa-t-il avec un sourire, mon frère n’est pas si facile à arrêter. Si
quelqu’un peut réussir cet exploit, c’est bien lui.
     
     
    Khasar se passa une main en travers de la gorge pour
signifier aux guerriers de se taire. La tempête avait cessé et il pouvait enfin
voir les étoiles dans le ciel entre les nuages. La lune éclaira les pentes nues
et il découvrit qu’il se trouvait sur une corniche, au-dessus d’un à-pic. Sa
respiration se bloqua dans sa gorge quand il découvrit sous lui la tour noire d’un
des forts, presque sous ses pieds mais séparée par une plongée dans le noir
au-dessus de rochers si pointus qu’ils retenaient à peine la neige. D’énormes
congères s’étaient en revanche amassées autour du fort et Khasar se demanda si
ses hommes seraient capables de descendre. Le fort lui-même, bâti sur une autre
corniche surplombant la passe, était à coup sûr bourré d’armes qui écraseraient
quiconque tenterait de passer. Les Jin ne s’attendaient pas à une attaque
par-derrière depuis les hauteurs.
    Khasar retourna à l’endroit où ses hommes avaient commencé à
se regrouper. Le vent s’était réduit à un doux gémissement et il put donner ses
instructions à voix basse : d’abord manger, se reposer, et amener les
cordes devant. Comme ces mille guerriers appartenaient à la tuman de Kachium, Khasar
ne les connaissait pas, mais les officiers s’avancèrent et se contentèrent de
hocher la tête en entendant les ordres. La consigne fut rapidement transmise et
le premier groupe de dix attacha ses cordes ensemble et les enroula près de la
corniche. À cause du froid, les hommes faisaient maladroitement les nœuds et
Khasar se demanda s’il ne les envoyait pas tous à la mort.
    — En cas de chute, gardez le silence, recommanda-t-il
au premier groupe. Vos cris déclencheraient l’alerte dans le fort. Vous
survivrez peut-être, si vous tombez dans la neige épaisse.
    Un des guerriers fit la moue, regarda par-dessus le bord de
la corniche et secoua la tête.
    — Je passe en premier, annonça Khasar.
    Il retira ses gants fourrés, grimaça en saisissant la corde
glacée. Il songea qu’il avait déjà affronté des parois plus difficiles mais
jamais dans un tel état de fatigue. Imprimant sur ses traits une expression
confiante, il tira sur la corde. Les officiers l’avaient attachée au tronc d’un
bouleau abattu et elle semblait solide. Il recula jusqu’au bord en s’efforçant
de ne pas penser au vide derrière lui. Personne ne survivrait à une telle chute,
il en était certain.
    — Pas plus de trois hommes par corde, précisa-t-il en
entamant la descente. Attachez-en d’autres, sinon nous y passerons la nuit.
    Il donnait ses ordres d’un ton impassible pour masquer sa
peur. Rassemblés au bord de la corniche, les hommes le suivirent des yeux jusqu’à
ce qu’il disparaisse sous le surplomb. Puis l’un d’eux adressa un signe de tête
à ses camarades, se mit à plat ventre pour empoigner la corde à laquelle Khasar
était suspendu et disparut à son tour sous la corniche.
     
     
    Gengis attendait l’aube avec impatience. Il avait envoyé des
éclaireurs aussi loin dans la passe que possible et plusieurs d’entre eux
étaient rentrés avec des carreaux d’arbalète plantés dans leur armure. Le
dernier avait regagné le camp au coucher du soleil avec deux traits fichés dans
le dos. L’un avait

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