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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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congédié ses ministres pour entendre son général en privé. Six esclaves
se tenaient à l’écart, mais leur présence ne préoccupait pas Zhu Zhong. Il
avait longtemps atermoyé, sa décision était prise, maintenant.
    — Les Mongols ont franchi la passe, annonça-t-il enfin.
Je n’ai pas pu les arrêter.
    L’empereur pâlit, son teint devint cireux à la lumière
pénétrant par les hautes fenêtres.
    — L’armée ? A-t-elle dû battre en retraite ? demanda
Wei en se levant.
    — L’armée est anéantie, majesté.
    Les yeux de Zhu Zhong fixèrent de nouveau le jeune homme qui
se tenait devant lui et cette fois ne se détournèrent pas.
    — J’ai servi loyalement votre père, poursuivit-il. Avec
lui, j’aurais gagné. Avec vous, souverain médiocre, j’ai échoué.
    Wei ouvrit la bouche de stupéfaction. Puis :
    — Vous m’apprenez cette nouvelle et vous osez m’insulter
dans mon palais ?
    Zhu Zhong soupira. Il avait laissé son sabre aux gardes mais
il tira un long couteau caché sous son armure.
    — Votre père ne m’aurait pas reçu en privé. Il aurait
su qu’on ne doit pas faire confiance à un général qui a peut-être essuyé une
défaite. En échouant, j’ai mérité la mort. Je n’ai pas le choix.
    Wei inspira pour appeler ses gardes ; Zhu Zhong se jeta
sur lui et lui serra la gorge d’une main pour étouffer son cri. Il sentit des
poings frapper son armure et son visage, mais le jeune monarque était faible et
le général maintint son étreinte. Il aurait pu l’étrangler, décida finalement d’épargner
ce déshonneur au fils d’un grand homme. Il abaissa le couteau vers la poitrine
qui se tordait, enfonça la lame dans le cœur.
    Les mains de Wei retombèrent. Du sang tachait la tunique du
souverain autour du couteau et Zhu Zhong le souleva pour le replacer sur son
trône.
    Les esclaves hurlaient autour de lui mais il ignorait leurs
cris et demeurait immobile devant le corps du jeune empereur. Je n’avais pas le
choix, se répéta-t-il.
    La porte s’ouvrit, des gardes se ruèrent à l’intérieur, l’arme
à la main. Zhu Zhong leur fit face et vit ses hommes envahir le couloir, derrière
eux. Lujan, déjà couvert de sang, avait exécuté les ordres. Il ne fallut pas
longtemps pour massacrer les derniers gardes. Haletant, Lujan fixait avec
stupeur le visage livide d’un empereur mort.
    — Vous l’avez tué, souffla-t-il. Que faisons-nous
maintenant ?
    Le général se tourna vers les hommes épuisés qui avaient
apporté dans le palais la puanteur du champ de bataille. Il pleurerait
peut-être plus tard sur ce qu’il avait perdu, sur ce qu’il avait fait, mais
pour l’heure le temps lui était compté.
    — Nous annonçons au peuple que l’empereur est mort, qu’il
faut fermer et fortifier la ville. Les Mongols arrivent.
    — Mais qui sera empereur ? voulut savoir Lujan. Un
de ses fils ?
    Il était blême et n’osait pas regarder de nouveau la forme
affalée sur le trône.
    — Le plus âgé n’a que six ans, répondit Zhu Zhong. Tu
me l’amèneras après les funérailles. Je gouvernerai en qualité de régent.
    Lujan regarda un moment son général avant de murmurer :
    — Longue vie au nouvel empereur.
    Ceux qui l’entouraient répétèrent ses mots. Subjugué, Lujan
s’abaissa jusqu’à ce que son front touche le parquet. Les autres soldats l’imitèrent
et le général Zhu Zhong eut un sourire.
    — Dix mille ans, dit-il doucement. Dix mille ans.

 
25
    Le ciel était noir d’une fumée grasse montant au-dessus des
montagnes. Un grand nombre de Jin avaient fini par se rendre, mais les Mongols
avaient subi trop de pertes pour envisager de montrer de la pitié. La tuerie s’était
poursuivie pendant des jours autour de la passe ; ceux qui en avaient
encore l’envie pourchassaient les soldats en fuite et les massacraient comme
ils l’eussent fait de marmottes.
    On avait fait de grands feux avec les manches des piques et
les hampes des drapeaux. Les familles mongoles avaient lentement franchi la
passe avec les chariots et installé des forges pour fondre les fers des piques.
Les vivres des Jin furent traînés jusqu’aux congères, où ils se conserveraient.
    Nul ne fit le compte des morts jin, ce n’était pas la peine.
Quiconque avait vu les monceaux de chair mutilée ne les oublierait jamais. Les
femmes et les enfants aidèrent les guerriers à dépouiller les cadavres de leurs
armures et de tout ce qui avait de la valeur. Au

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