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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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pouvait plus la
faire couvrir par son étalon sans demander la permission. Cela irritait tout le
monde et le mécontentement se répandait dans le camp.
    Ils n’osaient cependant se plaindre ouvertement tant que
Gengis soutenait son frère. En prêtant l’oreille à leurs critiques, le khan
aurait sapé la position nouvelle de son frère. Temüge, qui connaissait Gengis
bien mieux qu’eux, l’avait compris. Il lui avait attribué cette charge, il se
garderait d’intervenir, et Temüge profitait pleinement de l’occasion de montrer
ce qu’un homme intelligent peut faire quand il n’est pas entravé.
    — Si vous avez terminé, j’ai beaucoup d’autres requêtes
à entendre ce matin, dit Temüge. Vous savez peut-être maintenant pourquoi il
est difficile de me voir. Il y a toujours des gens qui passent leur journée à
parler avant de comprendre ce que nous devons faire ici. Ce que nous devons
devenir.
    Il ne leur avait rien cédé et leur frustration était comme
de l’airag frais pour lui. Il ne put résister à l’envie d’enfoncer un peu plus
la pointe de la dague :
    — Si c’est vraiment important, je prendrai sur mon
temps pour vous écouter, bien sûr.
    — Tu écoutes mais tu n’entends pas, maugréa l’ancien
khan d’une voix lasse.
    Temüge écarta les mains avec une expression de regret.
    — Je m’aperçois que ceux qui se présentent devant moi
ne comprennent pas tous pleinement les problèmes qu’ils posent. Parfois même, on
fait du commerce dans le camp sans que la dîme me soit envoyée.
    Le regard du Woyela soutenu par ses fils se déroba. Que Temüge
savait-il exactement ? Le bruit courait qu’il payait des espions qui lui
rapportaient toute transaction, tout marchandage ou échange de biens. Personne
ne connaissait l’étendue réelle de son influence.
    — J’avais espéré que tu m’en parlerais sans que je
soulève la question, reprit Temüge, secouant la tête comme s’il était déçu. N’as-tu
pas vendu une douzaine de juments à une de nos recrues jin ? À un bon prix,
me suis-je laissé dire, pour des bêtes qui n’étaient pas de la meilleure
qualité. Je n’ai pas encore reçu les deux chevaux pour la dîme que tu dois à
mon frère, mais puis-je raisonnablement espérer qu’ils seront devant sa tente
avant le coucher du soleil ?
    Le khan des Woyelas se demanda qui l’avait trahi. Au bout d’un
moment, il hocha la tête et Temüge sourit.
    — Parfait, je te remercie. Rappelle-toi que je serai
toujours là si quelque chose d’autre réclamait mon attention.
    Il ne se leva pas quand ils se retournèrent pour quitter la
yourte du khan. L’un de ceux qui n’avaient rien dit lui jeta par-dessus l’épaule
un regard haineux et Temüge décida de le faire surveiller. Ils le craignaient à
la fois pour son rôle de chamane et parce qu’il était l’ombre de son frère. Kökötchu
avait raison : voir la peur dans les yeux d’un autre procurait une
extraordinaire sensation de pouvoir et de légèreté, comparable à celle que lui
offrait la pâte noire fournie par Kökötchu.
    D’autres guerriers attendaient d’être reçus, dont
quelques-uns qu’il avait convoqués. Prévoyant un morne après-midi à les écouter,
il résolut d’y couper et se tourna vers son serviteur.
    — Apporte-moi une coupe d’arkhi chaud avec un peu de
mon remède.
    La pâte noire lui donnerait des visions colorées et il
dormirait ensuite tout l’après-midi en les faisant attendre. Il se gratta le
dos, content de sa journée de travail.

 
26
    Il fallut deux mois pour bâtir des remparts de pierre et de
bois qui protégeraient les machines de guerre. Les trébuchets conçus par Lian
avaient été construits dans les forêts de l’Est. Avec leurs grosses poutres
encore gluantes de sève, ils ressemblaient à des monstres inquiétants assis sur
leur train arrière, à trois lis des murailles de la ville. Lorsque les remparts
seraient terminés, on ferait rouler les machines jusqu’à leur ombre protectrice.
Ce fut un labeur lent et éreintant mais, à certains égards, la confiance des
Mongols crût pendant ce délai. Aucune armée ne sortit de Yenking pour les
attaquer ; il y avait au nord de la ville un lac qui leur donnait son eau
et dont les rives grouillaient d’oiseaux qu’ils pourraient piéger pendant les
mois d’hiver. Ils étaient les maîtres de la plaine jin. Mais ils n’avaient rien
d’autre à faire que se laisser vivre alors qu’ils avaient

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