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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mouton rôti et
c’est d’un pas léger que Gengis rejoignit les guerriers se préparant à une nuit
de beuverie et de ripaille. Un millier d’enfants seraient conçus avant l’aube
par des hommes ivres. Gengis songea à retourner auprès de Börte et à masquer la
gêne que faisaient naître en lui les yeux accusateurs de son épouse. Elle avait
rempli ses obligations envers lui, nul ne pouvait le nier, mais la paternité de
Djötchi demeurait un doute dans son esprit, telle une épine sous sa peau.
    Il secoua la tête pour en chasser les idées vaines, accepta
l’outre d’arkhi que lui tendait Kachium. Ce soir, il boirait jusqu’à l’abrutissement,
en khan de toutes les tribus. Au matin, il se préparerait à traverser les
terres arides du désert de Gobi et à parcourir le chemin qu’il avait choisi
pour ses guerriers.

 
4
    Le vent hurlait autour des chariots, chargé d’un fin
brouillard de sable qui forçait hommes et femmes à cracher constamment, à
grimacer en sentant sous leurs dents les grains mêlés aux aliments. Des
insectes les tourmentaient, se régalaient du sel de leur sueur et laissaient
des marques rouges là où ils avaient piqué. Les Ouïgours avaient montré aux
autres comment protéger leur visage dans la journée en le recouvrant de tissu, ne
laissant qu’une fente par laquelle les yeux regardaient le paysage désolé, tremblant
de chaleur. Les casques et les protège-nuque de ceux qui portaient l’armure
étaient brûlants au toucher mais ils ne se plaignaient pas.
    Au bout d’une semaine, l’armée de Gengis gravit une chaîne
de collines couleur rouille pour parvenir à une vaste plaine de dunes
ondulantes. S’ils avaient encore pu chasser au pied des hauteurs, le gibier
était devenu rare à mesure que la chaleur augmentait. Seul signe de vie sur le
sable chaud, de minuscules scorpions noirs détalaient devant les sabots des
chevaux et disparaissaient dans un trou ou sous une pierre. Souvent les
chariots s’ensablaient et il fallait creuser, parfois à l’heure la plus torride
de la journée. La tâche était éreintante mais chaque heure perdue les
rapprochait du moment où ils n’auraient plus d’eau.
    Ils transportaient dans leurs chariots des milliers d’outrés
gonflées, fermées par un tendon et chauffées par le soleil. Comme ils ne
disposaient d’aucune autre source d’eau, leurs réserves diminuaient rapidement,
d’autant que de nombreuses outres avaient éclaté sous l’effet de la chaleur et
du poids des autres. Ils avaient emporté des vivres et de l’eau pour vingt
jours seulement et douze jours étaient déjà passés. Les guerriers buvaient le
sang de leurs montures tous les deux jours, ainsi que quelques gobelets d’une
eau saumâtre et chaude, mais ils étaient presque à bout de résistance, hébétés
et sans force, les lèvres desséchées au point de saigner.
    Gengis chevauchait en tête avec ses frères, plissant les
yeux dans la lumière aveuglante pour apercevoir un signe des montagnes qu’on
lui avait promises. Les Ouïgours avaient pour habitude de s’avancer loin dans
le désert pour leur négoce et il comptait sur Barchuk pour le guider.
    Le Grand Khan fronça les sourcils en contemplant la plaine
aux ondulations noires et jaunes qui s’étirait jusqu’à l’horizon. La chaleur
était pire que jamais ; sa peau avait noirci, son visage était strié de
nouvelles rides tracées par le sable et la crasse. La première nuit, il s’était
presque réjoui du froid jusqu’à ce qu’il devienne si mordant que les fourrures,
sous les yourtes, ne les en protégeaient guère. Les Ouïgours leur avaient
appris à chauffer des pierres au feu et à dormir sur une couche de ces pierres
refroidissant lentement. Plus d’un guerrier avait des plaques brunes dans le
dos, là où le deel l’avait brûlé, mais le froid avait été vaincu, et s’ils
survivaient à la soif le désert n’abritait rien d’autre qui pût les arrêter. Juché
sur son cheval, Gengis s’essuyait régulièrement les lèvres et faisait passer d’une
joue à l’autre le petit caillou qui l’aidait à saliver.
    Il jeta un coup d’œil derrière lui quand Barchuk se porta à
sa hauteur. Les Ouïgours couvraient de tissu les yeux de leurs chevaux, qui
avançaient en aveugles. Gengis avait essayé d’en faire autant avec ses montures,
mais celles-ci avaient rué et renâclé jusqu’à ce qu’on leur enlève cette
protection et avaient ensuite terriblement

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