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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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fabriquer les armes qu’ils porteraient. Plus d’un s’était
brûlé les doigts en les empoignant avant qu’elles aient refroidi tant tous
étaient impatients de manier la longue lame dont ils rêvaient depuis si longtemps.
    Le vent balayait la plaine en permanence mais, ce soir-là, il
soufflait une douce brise tandis qu’ils attendaient Gengis.
    Le Grand Khan apparut enfin et Barchuk des Ouïgours, qui l’accompagnait,
descendit de la plateforme de la yourte et alla se poster au premier rang
devant les roues de bois cerclées de fer. Gengis se tint un moment immobile, parcourant
la foule du regard et s’émerveillant de son immensité. Ses frères, puis Arslan,
Jelme et le chamane Kökötchu descendirent à leur tour, chacun s’arrêtant sur
les marches pour contempler les rangées qui s’étiraient dans les flaques de
lumière.
    Resté seul, Gengis ferma un instant les yeux. Il remercia le
père ciel de l’avoir conduit en ce lieu avec une telle armée pour le suivre. Il
adressa quelques mots à l’esprit de son père. Yesugei devait être fier de son
fils, qui avait conquis de nouvelles terres pour son peuple, et seuls les
esprits savaient où il s’arrêterait. Lorsqu’il rouvrit les yeux, Gengis vit que
Börte avait amené ses quatre fils au premier rang, trois d’entre eux étant trop
jeunes pour être laissés seuls. Son regard s’attarda sur Djötchi, l’aîné, et
sur Chatagai, ainsi appelé en mémoire du chamane des Loups. Âgé de presque neuf
ans, Djötchi craignait son père et il baissa les yeux, alors que Chatagai
regardait droit devant lui.
    — Nous sommes venus de cent tribus différentes, tonna
Gengis.
    Il voulait que sa voix porte mais même une gorge accoutumée
aux champs de bataille ne pouvait se faire entendre aussi loin. Ceux qu’elle n’atteindrait
pas devraient suivre l’exemple de ceux qui entendraient.
    — J’ai amené les Loups dans cette plaine, les Olkhunuts
et les Kereyits. J’ai amené les Merkits et les Jajirats, les Oïrats et les
Naïmans. Les Woyelas sont venus, les Tuvans, les Ouïgours et les Uriangkhais.
    À chaque nom cité, une partie de la foule s’agitait et
Gengis remarqua que ses hommes s’étaient encore regroupés par tribu. La fusion
ne serait pas facile pour des guerriers qui faisaient passer avant tout l’honneur
tribal. Peu importe, se dit-il. J’élèverai leur regard. Avec une mémoire
infaillible, il nomma chacune des tribus qui avaient chevauché pour le
rejoindre à l’ombre de la montagne Noire, il n’en omit aucune, sachant que tout
oubli serait remarqué et retenu.
    — J’ai rassemblé aussi ceux qui étaient sans tribu mais
n’en avaient pas moins d’honneur et qui ont répondu à l’appel du sang au sang. Ils
sont venus à nous confiants. Je vous le dis à tous : il n’y a plus de
tribus sous le père ciel. Il n’y a qu’un seul peuple mongol, qui naît ce soir, ici.
    Certains l’acclamèrent, d’autres demeurèrent silencieux. Gengis
gardait le masque impassible du guerrier, conscient qu’il devait leur faire
comprendre qu’il n’y avait pas de perte d’honneur dans ce qu’il leur demandait.
    — Nous sommes des frères de sang, séparés depuis trop
longtemps pour que quelqu’un ici sache depuis quand. Je veux une famille plus
vaste réunissant toutes les tribus, je revendique un lien du sang avec chacun
de vous. Je vous appelle à vous rassembler sous mon étendard pour former une
seule famille, une seule nation.
    Il s’interrompit pour juger de leur réaction. Ils avaient
déjà entendu cette idée, dont la rumeur, passant d’une tribu à l’autre, avait
parcouru le camp. Mais l’entendre dans sa bouche les ébranlait quand même. La
plupart d’entre eux ne manifestèrent aucun enthousiasme et il dut réprimer un
soudain accès d’irritation. Il aimait son peuple mais, par les esprits, il
pouvait parfois être exaspérant.
    — Nous accumulerons un butin aussi haut que la montagne
qui se dresse derrière vous, reprit-il. Vous aurez des chevaux, des femmes et
de l’or, des huiles parfumées et des friandises. Vous aurez des terres à vous
et votre nom sera craint. Chaque homme de mon armée sera un khan pour ceux qui
se prosterneront devant lui.
    Les acclamations fusèrent enfin et Gengis, content d’avoir
trouvé le bon ton, se permit un léger sourire. Il n’y avait que les khans
médiocres pour redouter l’ambition de ceux qui les entouraient. Il croyait au
moindre mot de ce qu’il

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