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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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et essuyait le sang coulant de
son nez, Djötchi redressa la tête pour regarder sa mère dans les yeux. Rassemblant
son courage, il dit, d’une voix tremblante :
    — Il a tué son frère et j’ai vu la façon dont il me
regarde. Est-ce qu’il m’aime au moins un peu ?
    Börte le pressa contre elle.
    — Bien sûr qu’il t’aime. Tu l’amèneras à voir en toi
son héritier, mon fils. Tu l’amèneras à être fier de toi.

 
9
    Il fallut plus de temps à cinq mille guerriers pour
détourner l’eau avec de la terre et des gravats qu’ils n’en avaient mis pour
démolir les canaux. Gengis en avait donné l’ordre quand il avait vu que même le
terrain surélevé du nouveau camp menaçait d’être inondé. Lorsque le travail fut
terminé, de nouveaux lacs se formèrent à l’est et à l’ouest, mais le chemin
vers Yinchuan séchait enfin au soleil. Le sol était gras et noir, des essaims
de moustiques harcelaient les hommes. Leurs chevaux enfonçaient jusqu’aux
canons dans une boue collante, ce qui rendait difficiles les missions des éclaireurs
et ajoutait au désagrément d’être confiné dans les yourtes. Chaque soir, les
disputes et les rixes étaient nombreuses, et Kachium avait du mal à maintenir l’ordre.
    La nouvelle que huit cavaliers avançaient péniblement sur la
plaine détrempée fut bien accueillie par tous ceux qui étaient las de ne rien
faire. Ils n’avaient pas traversé le désert pour rester plantés au même endroit.
Même les enfants ne trouvaient plus l’inondation amusante et nombre d’entre eux
étaient tombés malades d’avoir bu de l’eau stagnante.
    Gengis regardait les cavaliers xixia progresser lentement
dans la boue. Il avait rassemblé cinq mille de ses guerriers et les avait
alignés à la limite du terrain sec pour ne pas en laisser un pouce à l’ennemi. Déjà
les chevaux xixia haletaient de devoir à chaque pas extirper leurs sabots du
sol visqueux et leurs cavaliers avaient peine à garder leur dignité, risquant
la chute à tout instant.
    Au grand plaisir du khan, l’un d’eux tomba effectivement
quand sa monture trébucha une fois de trop. Les guerriers huèrent l’homme
tandis qu’il remontait en selle, couvert de boue. Gengis glissa un coup d’œil à
Barchuk, qui se tenait à côté de lui, et remarqua son expression satisfaite. L’Ouïgour
était là pour servir d’interprète, mais Kökötchu et Temüge étaient également
présents pour entendre ce que le messager du roi avait à dire. Les deux hommes
s’étaient mis à étudier la langue des Jin avec un plaisir que Gengis jugeait
indécent. Le chamane et le jeune frère du khan étaient manifestement excités
par cette occasion de vérifier leurs connaissances toutes fraîches.
    Les cavaliers firent halte lorsque Gengis leva une main. Ils
étaient assez près pour qu’il pût les entendre et même s’ils ne semblaient pas
armés, il ne leur faisait pas confiance. S’il avait été dans la situation du
roi xixia, il n’aurait sans doute pas exclu une tentative d’assassinat. Derrière
lui, les guerriers observaient la scène en silence, l’arc à double courbure
dans les mains.
    — Vous êtes perdus ? cria Gengis aux Xixia.
    Tous les cavaliers se tournèrent vers l’un d’entre eux, un
homme portant une splendide armure complétée par un casque de lamelles de fer.
    — J’apporte un message du roi des Xixia, dit-il.
    Au grand désappointement de Temüge et de Kökötchu, il s’exprimait
clairement dans la langue mongole.
    Gengis tourna un regard interrogateur vers Barchuk et le
khan ouïgour murmura, sans presque remuer les lèvres :
    — Je l’ai déjà vu, les jours de négoce. C’est un
officier de rang moyen, très orgueilleux.
    — Il en a l’air, avec cette belle armure, répondit
Gengis à voix basse.
    Haussant le ton, il s’adressa aux Xixia :
    — Descendez de cheval si vous voulez me parler.
    Les cavaliers échangèrent des regards résignés et Gengis
cacha son amusement lorsque la boue épaisse engloutit leurs pieds.
    — Qu’est-ce que ton roi a à me dire ? poursuivit-il
en fixant l’officier.
    L’homme avait rougi de colère quand la boue avait sali ses
superbes bottes et il lui fallut un moment pour reprendre le contrôle de soi
avant de pouvoir répondre :
    — Il te convie à le rencontrer au pied des murailles de
Yinchuan, pendant une trêve. Son honneur garantira ta sécurité.
    — Qu’a-t-il à me dire ? répéta Gengis comme si

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