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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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jeunes garçons
sur le sol avant de se laisser glisser à terre, elle aussi. Gengis et elle
avaient échangé peu de mots depuis qu’il avait épousé la fille du roi xixia et
il savait qu’elle avait dû entendre parler de ses visites nocturnes à la yourte
de la jeune femme. Elle n’y avait pas fait allusion mais sa bouche prenait un
pli amer plus accusé chaque jour. Il ne put s’empêcher de la comparer à
Chakahai tandis qu’elle s’étirait à l’ombre des arbres qui se penchaient
au-dessus de la rivière. Börte était grande, sèche et musclée là où la jeune
Xixia était douce et souple. Il soupira. Elles avaient toutes deux le pouvoir
de faire naître son désir rien qu’en l’effleurant, mais une seule semblait le
vouloir et il avait passé de nombreuses nuits avec sa nouvelle épouse, délaissant
Börte. C’était peut-être pour cette raison qu’il avait souhaité cette promenade
loin des guerriers et des familles, loin du camp où il y avait toujours des
yeux pour vous épier et où les ragots couraient comme lièvres au printemps.
    Son attention se porta sur Djötchi et Chatagai quand ils
approchèrent du bord de la rivière et plongèrent le regard dans l’eau. Quels
que soient ses rapports avec Börte, il ne pouvait laisser ses fils grandir dans
la seule présence de leur mère. Il ne se souvenait que trop de l’influence qu’Hoelun
avait eue sur son frère Temüge et de la façon dont elle en avait fait un faible.
    Rejoignant ses deux aînés, il réprima un frisson à l’idée d’entrer
dans l’eau glacée. Il se rappela la fois où il s’y était caché de ses ennemis, son
corps s’engourdissant peu à peu et perdant toute énergie. Il avait survécu
cependant et n’en était que plus fort.
    — Amène les deux autres ! cria-t-il à Börte. Je
veux qu’ils écoutent, même s’ils sont trop jeunes pour y entrer.
    Djötchi et Chatagai échangèrent un regard inquiet devant la
confirmation du but de la promenade. Aucun d’eux n’avait envie de mettre un
pied dans l’eau froide. Djötchi regarda son père avec cette expression
interrogative qu’il avait toujours en sa présence. Elle hérissait Gengis et il
détourna les yeux tandis que Börte conduisait Tolui et Ögödei à la rive.
    Sentant sur lui les yeux de sa femme, Gengis attendit qu’elle
soit retournée s’asseoir près des chevaux. Elle continuait à les observer mais
il ne voulait pas que les garçons se tournent vers elle pour quémander son
soutien. Il fallait qu’ils se sentent seuls pour faire leurs preuves et qu’il
puisse déceler leurs points forts et leurs faiblesses. Constatant leur
nervosité, il se reprocha le temps qu’il avait passé loin d’eux. Combien de
jours s’étaient écoulés depuis la dernière fois qu’il avait bravé les regards
désapprobateurs de leur mère pour jouer avec l’un d’eux ? Il se rappelait
son père avec amour, mais quel souvenir garderaient-ils de lui ? Il chassa
ces idées de son esprit en se remémorant les propos de Yesugei au même endroit,
des années plus tôt.
    — Vous avez entendu parler du masque froid, dit-il à
ses fils. Le visage impassible du guerrier qui ne révèle rien à nos ennemis. Il
dépend d’une force qui n’a rien à voir avec les muscles ni avec l’habileté à
bander un arc. Il provient de la dignité intérieure qui rend capable d’affronter
la mort avec mépris. Le secret, c’est que c’est plus qu’un simple masque. Il
vous apportera la sérénité parce que vous aurez appris à vaincre votre peur et
votre chair.
    En quelques gestes rapides, il se défit de la ceinture de
son deel , ôta ses jambières et ses bottes et se tint nu sur la berge. Son
corps était marqué de cicatrices anciennes, sa poitrine était plus blanche que
ses bras et ses jambes. Il resta un moment immobile, nullement gêné devant ses
fils, puis pénétra dans le torrent et sentit son scrotum se rétracter au
contact de l’eau.
    Lorsqu’il s’abaissa, ses poumons se raidirent et chaque
inspiration devint un combat. Rien ne se voyait cependant sur son visage et il
posa sur ses fils un regard sans expression avant de plonger la tête dans l’eau.
Il s’étendit ensuite sur le dos, flottant à demi, les mains touchant les
pierres du lit de la rivière.
    Les quatre garçons l’observaient, fascinés. Leur père
semblait parfaitement à l’aise dans l’eau glacée, son visage était aussi calme
qu’avant.
    Djötchi et Chatagai échangèrent un

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