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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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rendrais fier, lui dit Gengis.
    Djötchi tremblait mais pas à cause du froid.
    — Alors, je courrai.
    Toujours sans comprendre, son père le regarda boire à la
rivière et s’élancer d’une foulée rapide et sûre sur le sol accidenté à la
poursuite de ses frères. Gengis ramena Tolui à l’endroit où Börte était assise
avec les chevaux. Impassible, elle évita son regard.
    — Je passerai plus de temps avec eux, promit-il en
cherchant encore à comprendre ce qui se passait avec Djötchi.
    Elle se tourna vers lui et, un instant, son expression s’adoucit
quand elle vit sa perplexité.
    — Il ne veut rien de plus au monde que d’être accepté
par toi comme son fils, dit-elle.
    — Mais je l’accepte. Quand l’ai-je rejeté ?
    Börte se leva pour lui faire face.
    — Quand l’as-tu pris dans tes bras ? Quand lui
as-tu dit que tu étais fier de lui ? Tu crois qu’il n’entend pas ce que
murmurent les autres garçons ? Quand as-tu fait taire les imbéciles par
une démonstration d’amour ?
    — Je ne voulais pas le rendre mou, se défendit-il, troublé.
    Il ignorait que ses doutes étaient aussi évidents et, l’espace
d’un instant, il comprit ce qu’il avait imposé à Djötchi. Mais sa propre vie
avait été plus dure encore, et il ne pouvait pas se forcer à aimer ce garçon. À
mesure que les années passaient, il se voyait de moins en moins dans ces yeux
sombres.
    Il fut tiré de ses pensées par le rire de Börte. Ce n’était
pas un rire agréable à entendre.
    — Le plus triste, c’est que cela saute aux yeux qu’il
est ton fils. Pourtant, tu ne le vois pas. Il fait tout pour être digne de son
père et tu es aveugle.
    Elle cracha dans l’herbe et poursuivit :
    — Si Chatagai avait la même attitude, tu serais ravi, tu
me dirais : « Ce garçon a la bravoure de son grand-père. »
    — Suffit, ordonna-t-il, las de sa voix et de ses
critiques.
    La journée était gâchée, elle n’était plus que le simulacre
de celle, joyeuse et triomphale, qu’il avait passée à cet endroit avec son père
et ses frères. Börte regarda son expression rageuse.
    — S’il bat Chatagai à la course, quelle sera ta
réaction ?
    Il jura, l’humeur aigre comme du lait tourné. Il n’avait pas
envisagé que Djötchi puisse encore gagner et savait que si le garçon arrivait
le premier il ne le serrerait pas dans ses bras devant Börte. Ses pensées
tourbillonnaient dans sa tête et il n’avait aucune idée de la façon dont il
réagirait.
     
     
    Temüge écoutait les grognements de Khasar avec colère. Son
frère avait gagné la sympathie de l’équipage par son attitude lors de l’abordage.
Dans les jours qui avaient suivi ces moments de terreur, Chen Yi et les autres
avaient accepté le guerrier mongol comme l’un des leurs. Khasar avait appris de
nombreuses phrases dans leur langue ; le soir, il partageait leur alcool
fort, leurs boulettes de riz aux crevettes. Ho Sa aussi semblait s’être pris d’amitié
pour le capitaine de la jonque et seul Temüge demeurait résolument à l’écart. Il
n’était pas étonné de voir Khasar se comporter comme un animal avec les autres.
Si au moins il pouvait comprendre qu’il n’était qu’un archer obtus chargé de
protéger son jeune frère ! Gengis savait, lui, que Temüge pouvait lui être
précieux.
    La veille de leur départ, Gengis l’avait fait venir et lui
avait recommandé de graver dans son esprit les détails des défenses de Baotou. S’ils
ne parvenaient pas à ramener ceux qui les avaient construites, Gengis aurait au
moins les souvenirs de son frère pour entamer une campagne d’été. Il faisait
confiance à la mémoire et à l’intelligence de Temüge, qualités dont Khasar
était manifestement dépourvu. Il en avait une fois de plus administré la preuve
lorsque leur jonque avait croisé un bateau que manœuvraient deux femmes et qu’il
leur avait montré de loin des pièces d’argent pour les convier à monter à bord.
    Temüge ferma les yeux en se rappelant les couinements que l’une
d’elles avait poussés. Elle était souple, avec de petits seins, attirante par
sa jeunesse. Ses cris s’étaient interrompus quand, sous les coups de boutoir de
Khasar, elle avait ouvert la main et laissé échapper la pièce que le Mongol lui
avait donnée. Sous les yeux de l’équipage hilare, elle l’avait repoussé et s’était
mise à quatre pattes pour retrouver la pièce. Du coin de l’œil, Temüge

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