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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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le savais. Je connaissais le
marinier qui, le premier, t’a proposé son aide. Il faisait partie de mes hommes.
Tu ne serais pas allé loin avant qu’il t’égorge.
    Quishan plissa le front.
    — Tu me mettais à l’épreuve ?
    — Bien sûr. Je ne suis pas idiot, Quishan. Je ne l’ai
jamais été. Que les flammes dévorent Baotou, je me tiendrai debout sur ses
cendres. Que les officiers impériaux y brûlent leur panache et je serai
satisfait. Je connaîtrai enfin la joie.
    Chen Yi se leva, s’étira en faisant craquer son dos dans la
pièce silencieuse.
    — Tu es un joueur, Quishan, c’est pour cela que tu
travailles pour moi depuis si longtemps. Moi, je ne l’ai jamais été. J’ai fait
mienne cette ville, mais je dois encore m’incliner quand un des favoris de l’empereur
se pavane à cheval dans les rues. Ces rues m’appartiennent et je dois néanmoins
baisser la tête et marcher dans l’ordure des caniveaux pour lui céder le
passage.
    Chen Yi fixa longuement l’obscurité, les yeux figés dans
leurs orbites.
    — Je me tiendrai droit, Quishan, et les tuiles
tomberont comme le destin en décidera.

 
14
    À minuit, une pluie forte commença à tomber sur la ville de
Baotou. L’averse crépitait sur les pavés et grondait sur les toits comme un
tonnerre lointain. Chen Yi, apparemment satisfait de ce changement de temps, distribuait
des sabres à ses hommes. Même les mendiants se blottissaient dans l’embrasure
des portes quand il pleuvait. C’était bon signe.
    Lorsqu’ils sortirent dans la rue sombre, Khasar et Ho Sa l’inspectèrent
sur toute sa longueur pour voir si on les observait. La lune s’était cachée et
n’éclairait que lorsque le couvercle nuageux se déchirait par endroits dans le
ciel. Temüge avait pensé que la pluie chasserait en partie la puanteur ambiante.
Au lieu de quoi, elle semblait s’épanouir dans l’air ; l’odeur d’excréments
humains portée par l’humidité s’insinuait dans ses poumons et lui donnait la
nausée. Les caniveaux, déjà pleins, charriaient des choses sombres qu’il n’aurait
pu nommer. Il frissonna, soudain conscient de la multitude grouillante qui l’entourait.
Sans Chen Yi, il n’aurait pas su où commencer à chercher dans le dédale de
maisons et d’échoppes pressées les unes contre les autres dans toutes les
directions.
    Deux autres gardes de Chen Yi les avaient rejoints aux
grilles. Bien qu’il n’y eût pas de couvre-feu, un groupe de dix hommes ne
manquerait pas de provoquer l’intervention des soldats qui faisaient leur ronde
dans les rues. Chen Yi chargea un de ses hommes de reconnaître chaque
croisement, ordonna à deux autres de rester en arrière pour voir s’ils étaient
suivis. Temüge ne pouvait se défaire de l’impression qu’il partait au combat et
serrait la poignée du sabre que Chen Yi lui avait donné en espérant ne pas
avoir à dégainer. Il tremblait quand ils se mirent en route, au petit trot. Les
grilles se refermèrent derrière eux avec un claquement mais personne ne se
retourna.
    Dans certaines rues, l’avant-toit des maisons protégeait une
portion de la chaussée qui demeurait sèche. Chen Yi ralentit l’allure de ses
hommes pour que le bruit de leurs pas n’attire pas l’attention sur eux. La
ville n’était pas totalement plongée dans l’obscurité, ni endormie. Temüge
aperçut çà et là des lumières brillant dans des entrepôts ou des forges où l’on
travaillait encore, et il était convaincu que malgré les précautions de Chen Yi
des yeux les épiaient.
    Il perdit la notion du temps et finit par avoir l’impression
de courir depuis des heures. Les rues se prolongeaient ou se croisaient sans
logique et se réduisaient parfois à de simples allées de terre battue dont la
boue les éclaboussait jusqu’aux genoux. Temüge fut rapidement essoufflé et, plus
d’une fois, on dut lui prendre le bras et le tirer pour le contraindre à suivre
le rythme. À l’une de ces occasions, il trébucha, mit le pied dans le caniveau,
sentit quelque chose de mou et de froid se prendre dans ses orteils. Pourvu que
ce ne soit qu’un trognon de fruit pourri, pensa-t-il sans ralentir sa course.
    Une seule fois l’homme envoyé en éclaireur revint sur ses
pas pour les lancer dans une autre direction. Temüge espérait que la pluie qui
les trempait retenait au moins les soldats au chaud dans leur caserne.
    Chen Yi arrêta enfin ses hommes haletants au pied même des
murailles, masse

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