Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
Vom Netzwerk:
révolutionnaires par rapport aux religions c'est qu'elles promettent
un paradis sur terre et que l'on peut vérifier le résultat.
     
    Denis Langlois.
     
     
    Bagdad, mars 1941
     
     
    Le 25 mars, un lieutenant-colonel qu'il ne connaissait que
vaguement vint rendre visite à Nidal el-Safil. Il lui annonça :
    – J'ai un message à vous communiquer.
    Le militaire tira de sa poche un pli
qu'il remit à Nidal.
    Je prie
le destinataire de se conformer immédiatement aux ordres que le porteur lui
transmettra de ma part .
    Signé : Rachid el-Keylani.
    Un faux ? Il scruta le papier.
Connaissant l’écriture et la signature de Rachid, celles-ci paraissaient
parfaitement authentiques.
    Le militaire précisa :
    – À partir de maintenant, vous êtes
prié de vous tenir à disposition jour et nuit à n'importe quelle heure.
    Nidal se garda de demander à la
disposition de qui il devait se tenir ; ce n'était que trop évident. Une
opération se préparait. Il hocha la tête. Ainsi, Rachid semblait être parvenu
au bout de ses peines.
    – Vous serez prévenu par un émissaire
ou un coup de téléphone, précisa encore le militaire. On vous indiquera le lieu
et l'heure du rendez-vous. Disposez-vous d'une arme ?
    Nidal
opina. Il avait conservé, du temps de sa jeunesse, un Luger Parabellum, calibre
9 mm. Une petite merveille achetée lors d'un séjour en Allemagne.
    – Des
munitions ?
    – Plus
qu'il n'en faut.
    Le
militaire s'autorisa un léger sourire :
    – C'est
quand le lion dort qu'il est facile de l'abattre, asséna-t-il en guise d'au
revoir.
    Le
lion ? Les Arabes respectaient cet animal. Il ne pouvait donc s'agir que
du lion britannique.
    En
réalité, Nidal ne fut pas vraiment surpris de cette irruption
comminatoire : depuis quelque temps, des amis perdus de vue téléphonaient
pour prendre de ses nouvelles, histoire de s'assurer qu'il était encore en vie
et bon pour le service. Restait à vérifier si, à soixante-sept ans, Nidal avait
conservé quelques-unes de ses qualités d'ancien tireur d'élite. Or,
paradoxalement, s'il était incapable de déchiffrer la une d'un journal sans
lunettes, il n'avait jamais vu aussi nettement de loin.
    À peine le
messager s'était-il retiré que Chams fit irruption dans le vestibule.
    – J'ai
tout entendu, père. Alors ?
    Nidal
souleva son index avec un faux air de reproche.
    – Il n'est
pas bien d'écouter aux portes, mon fils.
    – Quelle
est ton impression ?
    – Puisque
tu as entendu la conversation, tu en sais autant que moi.
    – Tu as
l'intention d'obéir ?
    Nidal, qui
se dirigeait vers son bureau, s'arrêta net.
    – À quoi
donc ?
    Chams posa
ses mains sur ses hanches d'obèse et débita avec une expression ironique.
    –
« Je prie le destinataire de se conformer immédiatement aux ordres que le
porteur lui transmettra de ma part. » J'ai reçu le même message, père.
Hier soir.
    Nidal
étudia le visage de son fils. Celui-ci poursuivit :
    – Crois-tu
que je sois resté les bras croisés durant toutes ces années ? Tout comme
toi, j'appartiens au HIW [99] .
    Il précisa
avec un sourire en coin :
    – J'en
suis même l'un des piliers, père.
    –
Quoi ? Et Rachid ne m'a rien dit ? Il…
    — C'était inutile.
    – Dois-je
en déduire que tu sais précisément ce qui se prépare ?
    Chams fît
oui de la tête.
    « Et ?
    —               Sois prudent, fut sa seule réponse.
    —               Il disparut dans sa chambre.
     
     
    *
     
     
    Le 1 er avril à 7 heures du matin, Nidal reçut le coup de téléphone annoncé :
    — Dans dix
minutes devant ta porte.
    À l'heure
dite, une Dodge s'arrêta devant la maison, une portière s'ouvrit, il monta. Il
s'assit près d'un général dont il savait l'histoire : c'était l'un des
quatre hauts gradés appartenant au Carré d'Or, un cercle de militaires fidèles
aux principes originels de l'Istiqlal : pour eux, ni Bakr Sidqi ni Yassine
el-Hashimi n'avaient appliqué véritablement ces principes, ils s'étaient laissé
embourber dans les marécages de la politique politicienne ; quant au
régent Abdallah et à son Premier ministre, Nouri el-Saïd, ils les considéraient
comme des larves exsangues et probritanniques.
    Un seul
homme méritait encore d'être écouté, et ils l'écoutaient avec passion :
Hajj Aminé el-Husseini, arrivé à Bagdad l’année précédente. Depuis quelques
jours, les Anglais demandaient d'ailleurs ouvertement ce qui justifiait la
présence

Weitere Kostenlose Bücher