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Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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point précis : Damas.
    –
Lieutenant-colonel Andréa, les travaux d'embellissement sont-ils en bonne
voie ?
    – Oui, mon
général. Cependant, c'est une entreprise qui demande du temps. Si le rythme est
maintenu, nous aurons terminé d'ici à quelques semaines.
    – Parfait.
    Jean-François
fit des yeux ronds.
    – Vous
avez bien dit les « travaux d'embellissement » ?
    Le
lieutenant-colonel Andréa laissa échapper un vague sourire.
    – Le terme
« embellissement » est celui que nous utilisons pour ne pas choquer
les habitants. Il s'agit en vérité d'une barrière métallique d'environ douze
kilomètres, constituée d'un réseau de fils de fer barbelés, protégée par des
automitrailleuses.
    – Et les
habitants vous croient ?
    – Est-ce
important ? J'ai vu des alignements de canons qui n'étaient pas dépourvus
de charme, savez-vous ?
    C'était un
point de vue.
    – De
combien d'hommes dispose El-Atrach ? interrogea le général Sarrail, en posant
ses yeux sur Gamelin.
    —               Nous n'avons pas de chiffre précis. Certainement plusieurs
centaines.
    Levent questionna :
    —               Comment tout cela a-t-il commencé ? Une
escarmouche ? Une bavure ?
    Le général
Garnier du Plessis prit sur lui de répondre :
    – Je suis
convaincu que la venue en juin de lord Balfour à Damas fut pour une grande part dans le soulèvement.
    – Balfour ? Il a eu l'audace de se présenter ici,
devant les Arabes ?
    – Oui. À peine ont-ils appris qu'il traversait la ville que
des jeunes gens, fous furieux, ont surgi de la mosquée des Omeyyades pour
bloquer le passage de son véhicule en solidarité avec les Palestiniens et
contre la politise anglaise de soutien au sionisme. Dans le même temps, pure
coïncidence, à quelques mètres de là, des femmes manifestaient contre
l'obligation du port du voile décrété par je ne sais quel crétin d'imam. Les
deux manifestations se sont regroupées pour n'en former qu'une seule. Le
lendemain, des mouvements identiques gagnaient Damas et ses faubourgs, tandis
que dans le sud du Liban, au pied du Djebel Amel, l'atmosphère s'embrasait.
    – Tout
ceci est exact, confirma le lieutenant-colonel Andréa, mais il y a eu aussi le
drame du 18 juillet. Deux de nos aviateurs en difficulté se sont posés près du
village druze à Imtane et ont été faits immédiatement prisonniers. Une fois
l'incident connu, nous avons envoyé le capitaine normand à la tête d'une
colonne et d'un peloton de spahis pour délivrer nos hommes.
    La voix du
lieutenant-colonel baissa d'un ton pour annoncer :
    – Ils se
sont fait tailler en pièces : trente et un survivants. Normand fut tué.
Ensuite, tout est allé très vite. Le général Michaud a réuni trois batailles
d'infanterie, composés d'Algériens et de Sénégalais, deux escadrons de spahis,
qu'il a associés à un important convoi de munitions. Il faut savoir que, sur
les routes du Djebel druze, les gens à pied et à cheval vont beaucoup plus vite
que les camions. C'est ainsi qu'un écart important s'est creusé entre le convoi
de munitions et les troupes censées le protéger. Les druzes ont tout de suite
vu le parti à tirer de cette erreur. En moins de deux, ils ont lancé l eur attaque, pillé le convoi et se
sont volatilisés dans la nature. Le drame ne s'est pas arrêté là. Le général
Michaud, ne disposant plus que d'une quarantaine de cartouches par homme et de
quelques obus par canon, a ordonné aux troupes de faire demi-tour.
    Un nouveau
silence. Andréa conclut. Cette fois, sa voix fut presque inaudible :
    – Les druzes, qui n'attendaient que ce mouvement, se sont
jetés sur nos hommes. Un massacre. Nous avons laissé mille morts sur le
terrain, et tout le matériel.
    Sarrail ne laissa pas l'atmosphère s'alourdir.
    – Messieurs, c'est du passé. Regardons l'avenir. Les
rebelles sont en train de se concentrer dans les environs de Damas et préparent
le soulèvement de la capitale à partir de l'oasis de Ghouta. J'ai donc décrété l'état de
siège.
    Il fixa Gamelin
    – Général, vous avez carte blanche pour défendre la
ville quel qu'en soit le prix. Il est hors de question que Damas tombe. Hors de
question ! Suis-je clair ?
    Il revint s'asseoir derrière son bureau en
répétant :
    – Hors de question...
    Levent eut l'impression que le haut-commissaire
cherchait à se convaincre lui-même. Il n'osa imaginer ce qui se produirait si
les combats se déplaçaient

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