Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
ligoté les chevilles. Qu’est-ce que tu voulais que je fasse, seigneur ? J’étais à moitié morte d’étouffement !
    — Combien étaient-ils ?
    — Cinq ou plus !
    — On m’avait dit quatre ou cinq.
    — Je te dis moi : cinq ou plus. En tout cas, cinq dans cette salle. Je sais compter, non ?
    — Mais c’est ton témoignage que je crois, Clémence, pas les on-dit des autres… As-tu pu voir comment ils étaient vêtus ?
    — La tête et les épaules recouvertes par une capuche rouge, de longues tuniques grises… oui, je me souviens, serrées par une ceinture avec une arme, courte… Ah ! oui, ça m’a étonné : deux d’entre eux portaient des cordelettes et des bandeaux.
    — Rien pour les reconnaître ?
    — Je ne vois pas.
    — Parlaient-ils entre eux ?
    — Pas un mot ! On aurait dit que chacun savait exactement quoi faire.
    L’assistant d’Erwin hocha la tête d’un air satisfait.
    — Tout cela est fort bien vu, fort intéressant, apprécia-t-il. Qu’as-tu pu observer ensuite ?
    — Deux d’entre eux sont entrés dans la chambre des maîtres.
    — Sans hésiter ?
    — Oui, tout droit et silencieux avec ça ! Deux autres dans celle du seigneur Gilbert, le dernier dans celle des deux sœurs. Ils se déplaçaient comme des fantômes. Je n’ai presque rien entendu. Ils ont fait très vite… Et puis, j’ai vu ressortir ceux qui avaient pénétré là ; ils traînaient le seigneur Godfrid, tout flasque, comme quelqu’un qui a été assommé ; il avait un bâillon sur tout le bas du visage. Même chose pour le seigneur Gilbert. Le père et le fils ont, pour ainsi dire, été portés dehors en même temps.
    — Et tu n’as plus rien vu, rien entendu ?
    — Si, bien après, la cinquième de ces crapules est sortie de la chambre de Nodrude et Lotte. Voilà !
    — Ces bandits, quand tu étais à terre, tu as quand même pu les observer un peu ? insista Doremus.
    — Ils ne m’avaient pas bandé les yeux. J’ai vu ce que je t’ai dit : leurs capuches rouges, leurs tuniques… Et puis j’ai remarqué : précis, rapides, silencieux, seuls des démons…
    — Peut-être, coupa l’ancien rebelle. Mais ces vêtements : dirais-tu hommes du bourg ou gens de la campagne, des marais ? Et leur façon de marcher, de se déplacer ? Et leurs mains ? Calleuses ?
    — Eh bien… les étoffes, l’allure, les mains, cette discipline… ah ! aussi les bottines… oui, sûrement des gens du bourg, peut-être hommes d’armes, si on peut dire… habiles à ficeler les pauvres gens, tu peux me croire, pour ça oui !
    — Merci pour tout cela, Clémence ! Mais reste près de nous. J’aurai peut-être encore besoin de toi.
    Doremus se tourna vers Herta.
    — Le témoignage que tu viens d’entendre s’accorde-t-il avec ce que tu as pu, hélas, constater toi-même ? demanda-t-il.
    — Tout à fait.
    — Te sens-tu toujours la force de répondre à mes questions ?
    Herta, avec un regard dur, assura :
    — Par le Christ, oui ! Ne te l’ai-je pas déjà dit ?
    — Donc, après avoir maîtrisé Clémence et l’avoir réduite au silence, deux de ces canailles ont pénétré dans votre chambre. Sans bruit, sans donner l’alerte ?
    — A peine m’en étais-je rendu compte que déjà l’un d’eux m’avait immobilisée et m’enfonçait dans la bouche, alors que j’allais appeler à l’aide, un tapon qui me coupa la respiration. Il me banda les yeux, m’attacha les poignets et m’entrava les chevilles. Je compris, aux mouvements de notre couche, qu’ils avaient enlevé mon mari. N’ayant entendu aucun cri, j’ai pensé qu’ils l’avaient tué là, immédiatement, à mes côtés. Je crois que je me suis évanouie… C’est bien plus tard que j’ai appris, par Clémence notamment, ce qui s’était passé réellement, et comment les bandits avaient traîné Godfrid et Gilbert, sans connaissance – sans doute les avaient-ils assommés –, jusque sur le seuil de notre demeure.
    La femme de Godfrid s’arrêta, apparemment épuisée. L’assistant d’Erwin interrogea alors les deux sœurs, Nodrude et Lotte, qui n’apportèrent guère d’éléments nouveaux.
    Restait à déterminer comment s’était déroulé le dernier acte de ce drame. Doremus demanda qu’on fît comparaître les deux hommes qui, en cette aube fatale, se trouvaient de garde devant la porte.
    — Tu ne pourras en interroger qu’un, précisa le fils de Herta. L’autre s’est enfui quelques heures seulement après les

Weitere Kostenlose Bücher