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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Dommage ! ponctua Doremus. Je vais prévenir notre maître.
    Peu de temps après il revint accompagné par le Saxon, par l’abbé Ferréol ainsi que par quatre serviteurs.
    Erwin regarda longuement le cadavre.
    — Ainsi cet homme a préféré mourir…
    Il se tourna vers le supérieur du monastère.
    — L’un des tiens ? lui demanda-t-il.
    — Certainement pas !
    — Un clerc venant de quelque abbaye proche ?
    — Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un clerc.
    — Je ne le crois pas non plus, dit Doremus, à en juger par le fait qu’il a préféré se donner la mort plutôt que de tomber, vivant, entre nos mains, ce qui désigne un affidé, un fanatique, un bandit, et non un homme de Dieu.
    — Et moi je ne le crois pas davantage, à en juger par la singulière prière qu’il a adressée non au Ciel mais aux puissances infernales au seuil de la mort, ajouta le frère Antoine.
    — Donc tu ne connaissais pas cet homme ? dit Erwin à l’abbé Ferréol.
    — Je ne l’ai jamais vu auparavant !
    — Qui pouvait-il être pour avoir gardé ce visage angoissé et désespéré même après son trépas ? Sur quel affreux secret ses yeux se sont-ils ouverts ?… Voici un homme qui, vivant, aurait eu bien des choses à nous dire, sans doute…
    Le Saxon jeta sur l’intendant un regard perçant de ses yeux gris.
    — … mais toi aussi, Conrad, et, par Dieu, tu es bien en vie !
    — Grâce à tes deux assistants qui ont pris les plus grands risques, j’en ai été le témoin, pour maîtriser celui qui m’a agressé avant qu’il ne se tue. Comment pourrais-je assez les remercier ? Comment te dire ma gratitude pour avoir ordonné, sans nul doute, des précautions qui ont assuré ma sauvegarde ? Comment…
    — Très bien ! coupa le Saxon avec un sourire ironique. Nous examinerons tout cela, et bien d’autres choses, sans tarder.
    — En particulier les raisons pour lesquelles ce faux moine, ce scélérat inconnu, ce bandit, a voulu assassiner un intendant ici même, ajouta l’abbé Ferréol avec une vive curiosité. Et qui donc a pu armer sa main ?
    Erwin fit le geste d’applaudir.
    — Excellent ! dit-il à ce dernier. Pour l’heure cependant, je te prie de faire déposer cette dépouille en un lieu où tous pourront se rendre, et dès demain matin. Peut-être quelqu’un le reconnaîtra-t-il ? Qu’il reste ainsi exposé deux jours. Après seulement nous déciderons de son sort définitif ici-bas : être enseveli en terre bénite ou purifié par le feu. Enfin, qu’on place notre témoin dans une cellule monacale soigneusement close et bien gardée afin d’éviter ce qui vient de se produire en ce lieu.
    S’adressant directement à l’intendant, le missus précisa :
    — Après une nuit qui se terminera mieux, je l’espère, qu’elle n’a commencé, je t’entendrai avant la mi-journée.
    Vers la quatrième heure du jour ( 16 ), Conrad comparut devant Erwin aux côtés duquel avaient pris place ses trois assistants, tandis que deux gardes assuraient la sécurité dans la salle. L’abbé saxon prononça une courte prière pour invoquer l’Esprit-Saint et ses lumières. Puis il invita l’intendant, impressionné, à s’asseoir sur un tabouret placé devant la table derrière laquelle il siégeait.
    — Tu n’as pas été sans mesurer, commença Erwin, l’importance et la portée des accusations que tu as lancées contre Godfrid et Gilbert, et cela en présence d’hommes et de femmes de toutes les conditions œuvrant sur le domaine du « button aux fades ».
    Conrad avala sa salive et parvint à répondre :
    — Je m’en rends compte, seigneur.
    — Tu n’as pas manqué, non plus, d’apercevoir dans quelle situation – ô combien fâcheuse ! – tes déclarations ont placé la maîtresse de ce domaine et son aîné, ainsi que toute sa famille et ses proches, d’autant qu’elle avait cru pouvoir opposer un démenti catégorique à tes dires.
    — Pour autant, pouvais-je me taire ? Ne me fallait-il pas montrer qu’elle avait été l’une des premières et principales victimes de la méchanceté et de la violence de ces deux êtres profondément mauvais, le père et le cadet ?
    — Certes, mais poursuivons ! En t’accusant toi-même de complicité…
    — Hélas !…
    — … tu n’as pas pour autant allégé les responsabilités pesant sur tous ceux qui ont été les exécutants, directs ou non, des ordres ignobles – c’est toi-même qui les as qualifiés ainsi ! – donnés par Godfrid,

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