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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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missi dominici, eut quitté la clairière où se tenait le conseil convoqué par Childebrand, celui-ci entreprit d’examiner les renseignements qui venaient d’être fournis.
    — Les assiégés, d’abord surpris, hésitants sans doute, doivent avoir pris maintenant la mesure des menaces qui pèsent sur eux. Alors ? Que peuvent-ils décider ?
    — D’abord, répondit Doremus, on ne peut exclure que certains rebelles, estimant leur cause perdue et leur situation intenable, craignant en outre d’avoir à subir de terribles châtiments s’ils sont capturés vivants, ne cherchent à s’enfuir en se faufilant, au profit de ce qui reste de nuit. Nos patrouilles, me semble-t-il, doivent être constituées en conséquence, car des affrontements entre nos gardes et des fuyards peuvent se produire n’importe où, à n’importe quel moment.
    Hermant approuva vigoureusement cette observation, ajoutant qu’il allait affecter des serviteurs, armés, à un dispositif de liaison rapide entre les postes fixes.
    — D’autant plus nécessaire, enchaîna le frère Antoine, que ces canailles, pour se sortir de l’entreprise dans laquelle ils se sont fourvoyés, peuvent tenter une percée en force en un seul point… Ils connaissent le terrain, hélas… mieux que nous… Dès lors, il est bien vrai, Hermant, que, pour réagir vite, il faudra être renseigné vite !
    Timothée, après avoir caressé son collier de barbe et froncé les sourcils, pour attirer l’attention intervint mezza voce :
    — Je continue à me demander, dit-il, eh bien… pourquoi ils ont enlevé notre seigneur Erwin… N’est-ce pas, en apparence, une initiative aussi insensée qu’épouvantable ?
    — Par grand malheur, serait-ce pour le… murmura d’un air sombre Childebrand sans achever son interrogation.
    — Le Très-Haut ne le permettrait pas, poursuivit le Goupil. Et puis, s’il s’agissait de… cela – cette seule pensée me met à la torture – ils l’auraient fait tout de suite, et ne se seraient pas jetés, par son rapt et son emprisonnement, dans les pires difficultés… Non, ils devaient avoir, donc ils ont toujours, un but, quelque chose à demander… en échange… – comment dire ?…
    — Ayons pourtant le courage de le formuler, même si les mots passent difficilement nos lèvres, même si une telle éventualité est abominable : ce qui demeure en jeu, c’est sa vie ! déclara Doremus avec un visage angoissé.
     
    A l’aube, l’abbé saxon, alors qu’il était à genoux, en prière, entendit qu’on tirait le verrou de sa cellule. La porte s’ouvrit et il vit apparaître, non l’un des chefs de la bande comme il s’y attendait, mais une femme d’assez haute taille, vêtue d’une longue tunique serrée à la taille par une ceinture très simple ; un voile recouvrait sa chevelure rousse et encadrait son visage au teint clair et aux étranges yeux vairons. Le chagrin et les larmes qui l’avaient marqué n’en avaient cependant altéré en rien la beauté. Elle avança vers Erwin, sans cesser de le regarder, avec une démarche lente et souple, d’un pas glissé.
    Le missus se releva.
    — Es-tu Agnès ? lui dit-il.
    Elle approuva d’un mouvement de la tête.
    Il s’assit devant la table sur laquelle le manuscrit de l’Apocalypse était demeuré ouvert et désigna un tabouret situé en face de lui.
    — Tu peux prendre place, indiqua-t-il.
    Elle s’assit et demeura, très droite, les yeux baissés, sans un mot. Erwin, le premier, rompit le silence.
    — Voici donc, devant moi, jeta-t-il, celle qui, abandonnant toute pudeur et toute honnêteté, s’est jetée, telle une prostituée, avec son débauché de mari, dans la luxure la plus éhontée, celle qui, ensuite, a tout quitté pour devenir la compagne d’un chef de bande, selon ce qu’on m’a rapporté et ce que ton frère, lui-même, a confirmé…
    — Car tu l’as rencontré ? s’écria-t-elle.
    — … Voici donc celle qui, certaines nuits, à l’appel d’un prétendu spectre blanc, a conduit, sur certains buttons, au cœur du marécage, des fêtes scandaleuses, abominables, démoniaques… Honte sur toi !
    — Démoniaques ? Jamais, tu entends, jamais ! Je le jure, jamais nous n’avons fait appel aux puissances infernales, jamais nous n’avons invoqué les démons, jamais nous n’avons, de quelque manière que ce soit, adoré le Malin et ses cohortes ! Jamais !
    — Si ce n’était pour Satan, pour qui, alors, ces hymnes, ces danses et ces

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