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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Vivant ! assura son interlocuteur.
    — Plaise à Dieu !
    — Oui, plaise à Dieu… murmura Doremus pour lui-même.

CHAPITRE VII
    Peu après la tombée de la nuit, Erwin vit entrer dans sa cellule Rafanel le sabotier qui paraissait très inquiet.
    — Pourquoi viens-tu m’importuner ? lui lança l’abbé saxon qui était en train de lire, à la lumière de chandelles, le manuscrit placé sur sa table.
    — Nous devons partir d’ici, répondit l’homme. Il le faut. On m’a dit de te prévenir, seigneur, que tu t’y prépares.
    — Comme je ne sais pas qui est ce « on », ni où nous sommes « ici » – encore que, comme je te l’ai déjà dit, je m’en doute –, comme j’ignore où il est question que nous allions, enfin comme… je n’ai pas de bagage, peu me chaut ! Étrange quand même que tu aies interrompu ma lecture au moment où j’abordais ces versets.
    L’abbé, alors, sans regarder le texte, déclama : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et du témoignage qu’ils avaient porté. Ils criaient d’une voix forte : Jusqu’à quand, maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice ( 20 )…»
    Erwin observa le sabotier qui se tenait devant lui, immobile, écoutant avec vénération la musique de ces mots qu’il ne comprenait pas. Il passa sa main gauche sur son front en laissant l’index de sa droite au-dessus du passage qu’il venait de réciter.
    — Me diras-tu au moins la raison de la décision que tu es venu m’annoncer ?
    Rafanel hésita un instant puis, brusquement, sortit de la pièce.
    L’abbé avait repris sa lecture quand le sabotier fit irruption à nouveau.
    — Partons-nous maintenant ? demanda le prisonnier.
    — Non, seigneur ! Nous restons !
    — Voilà qui est intéressant. Quelque imprévu ?
    — Je ne sais.
    — … ou tu ne peux rien dire. Bien !…
    Pour marquer son désintérêt, l’abbé s’était penché sur le manuscrit quand le sabotier reprit :
    — Mon maître veut te voir, et de toute urgence, seigneur…
    Erwin jeta un coup d’œil sur Rafanel.
    — Quel maître ? dit-il. Peut-on parler d’un maître pour un chef de bande ?
    — Question de vie ou de mort !
    — La mort de qui ? La mienne ? La sienne ? Celle de beaucoup d’autres ?
    — La mort, mon père ! De toute urgence !
    Le Saxon regarda son interlocuteur avec un sourire ironique.
    — Tu pourras lui rapporter que je n’ai rien à lui dire, affirma-t-il. Il m’a fait enlever, je ne sais pourquoi. Il m’a privé de ma liberté et maintenant il veut me parler « de toute urgence ». Se pourrait-il qu’il aperçoive enfin l’ampleur de la catastrophe qu’il a déclenchée ? C’est son affaire. Je ne suis que son prisonnier.
    Rafanel, alors, prit l’aiguière, versa de l’eau dans le bassin qui reposait sur un trépied, le saisit à deux mains, le plaça à portée du missus dominicus et lui dit avec des sanglots dans la voix :
    — Seigneur, voici ! Tu vas pouvoir t’en laver les mains !
    Erwin se dressa, stupéfait, visage tendu. Il regarda le sabotier puis demeura ainsi un long moment, silencieux. Il se rassit, s’essuya le front et dit à Rafanel :
    — Qu’il vienne à l’aube ! Je le recevrai. Maintenant ce serait inutile. Laisse-moi à présent !
     
    Avant le lever du jour, les contingents qui étaient demeurés en position toute la nuit pour bloquer Arpheuilles commencèrent à avancer vers ce bourg, sur ordre de Childebrand, après que leurs chefs se furent rendu compte que les postes mis en place par les bandits et qui leur avaient fait face s’étaient repliés. Les gardes impériaux parvinrent ainsi, sans dégainer, jusqu’à une faible distance de cette localité. Ils se heurtèrent à des défenses, fossés, talus et escarpes, palissades de pieux appointés, qui en protégeaient le centre et les abords immédiats et derrière lesquelles leurs adversaires s’étaient retranchés. Certes un assaut bien mené aurait pu enfoncer de tels ouvrages sans trop de difficultés, mais non sans pertes. Et surtout le comte Childebrand ne pouvait employer la manière forte sans mettre en danger la vie de son ami Erwin, otage du Baron.
    Il tint conseil avec ses assistants et le chef de la garde Hermant, en présence du diacre Dodon. Tous approuvèrent sa décision : une attaque en force était exclue, en tout cas pour l’heure. Cela n’empêchait pas qu’on la préparât, à

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