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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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à assurer le bonheurd’une jeune cathare. Mais la brutalité du siècle avait détruit cet Éden enfantin. Elle se sentait agrippée par les mains du Mal. Les créatures d’un mauvais démiurge avaient découvert sa cachette et investi son refuge. Les silhouettes, autour d’elle, étaient sombres et menaçantes, comme dans les contes que lui narrait Hugues de Vassal. Elle craignait la souffrance et pas un regard ami pour la réconforter. Ce n’était pas des êtres humains qui l’entouraient, mais des démons. Elle ferma les yeux pour ne plus les voir. Elle paraissait hébétée, folle de terreur, et chantonnait doucement une comptine d’enfant. Sa frêle silhouette, tout de blanc vêtue, disparut bientôt dans les flammes dévorantes.
    « Regarde bien, troubadour, et va dire à ton maître le sort que je réserve à mes ennemis. Regarde comme c’est beau, le feu. Tu chanteras mieux, maintenant. »
    Deux gardes obligeaient Guilhem, en pleurs, à contempler l’atroce spectacle.
    « En détruisant le fruit de ses entrailles, je saurai bien affliger ce démon femelle qui l’a porté. Femme et démon, c’est tout un. Cette prédicatrice prostituée perd les âmes qui l’écoutent, ruine l’ordre social et annonce la fin de notre temps. »

    Le château fut ensuite entièrement détruit, rasé jusqu’aux fondations, tours abattues, donjon sapé, murailles démantelées, et les restes précipités dans les eaux du fleuve.

13
    Simon de Montfort attendait des renforts avant de porter le siège sous les murailles de l’imprenable forteresse de Castelnaud. Partis un mois plus tôt, un millier d’hommes, Allemands et Flamands pour la plupart, remontaient paisiblement le long de la Dordogne en venant de Bordeaux. Ils allaient en habits civils, armes et armures rangées dans des fourgons, laissant leur esprit chevaucher au pas de leur monture, en suivant la verte douceur du fleuve. N’étaient-ils pas en pays ami ? Une pente herbue dévalait jusqu’au bord de l’eau, depuis un petit château que les autochtones nommaient Berbiguières. À mi-coteau, un bosquet barrait le paysage.
    « Je m’attarderais bien quelque peu en ce lieu enchanteur plutôt que d’aller affronter ce diable de Cazenac », dit le commandant de la troupe, l’âme bucolique. Son lieutenant contemplait, étonné, le castel de pierres blondes.

    « Qu’avez-vous, messire, vous semblez inquiet ?
    — La forêt ! Je ne sais… Je vois la forêt marcher vers nous !
    — La chaleur vous ferait-elle délirer ?
    — Non pas, messire baron, je vous jure. Elle était à un bon quart de lieue, et la voilà à deux cents pas.
    — Serait-ce quelque diablerie de ces cathares enragés ? », suggéra un moine tonsuré qui chevauchait à leur côté.

    « À l’attaque ! Sus à l’ennemi, et pas de quartier ! Ces maudits étrangers ne vont pas peser plus lourd qu’une châtaigne en nos poings fermés. Tuons-les, compagnons ! Que le bruit de nos armes épouvante les Français. Que leur mort serve de leçon salutaire jusqu’en pays tudesque. »
    Cazenac repoussa les branchages qui le dissimulaient et se précipita, l’épée flamboyant aux rayons du soleil, vers la troupe stupéfaite. Coincés entre les partisans du comte de Toulouse et les eaux profondes du fleuve, totalement désarmés et surpris, les croisés ne purent esquisser le moindre geste de défense. Bernard de Cazenac, qui avait rassemblé le gros de ses hommes pour l’opération, pénétra leurs rangs comme un caillou dans l’onde, taillant en pièces ses adversaires et répandant des ruisseaux de leur sang. Rejoignant le chef des Teutons, il le frappa de face d’un coup si puissant qu’il transperça son adversaire. Sa lance ensanglantée rejaillit dans le dos de l’homme. Les massues tournoyaient, les glaives rentraient dans les corps mal protégés, les épieux s’enfonçaient dans la chair tendre, laissant les cadavres sanglants et dépiécés couchés par centaines sur le pré.
    Au plus fort du désarroi, alors que les croisés, plus nombreux, pouvaient encore espérer se reprendre et renverser le cours du combat, une sonnerie de cors et de trompettes se fit entendre dans leur dos, auxquels s’associaient des cris de guerre en occitan. Les prenant à revers, Gaillard de Beynac, allié et ami de Bernard, par la seule puissance de la charge de ses chevaux, les précipita dans la rivière. Rameutés, les paysans de la contrée rattrapaient les fuyards, achevaient

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