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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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décamper. « Bandes de lâches ! Avez-vous peur d’une forteresse vide ? Cazenac refuse de nous affronter ; je saurai bien l’y obliger. »
    Tordant d’un coup de rênes la bouche de son cheval, il lança sa monture au triple galop. Seul, la lance au poing, il chargeait la gigantesque citadelle.
    « Quel courage a notre comte ! Nul ne saurait l’arrêter. Je ne le laisserai pas seul affronter le danger. »
    Le cavalier qui craignait les fantômes se précipita derrière lui.

    À la hâte, les Périgourdins relevèrent le pont-levis, fermant l’ultime accès à Castelnaud, et Montfort dut stopper sa monture pour ne pas basculer dans le fossé. De rage, en un geste de provocation, il jeta son arme qui vint se planter dans le bois de la porte avec un bruit funèbre.
    « Cazenac, je te défie sur l’heure ! S’il te reste un peu d’honneur chrétien, affronte-moi ! »
    Pour toute réponse, une volée de flèches vint se planter autour de lui, sans le toucher. Son compagnon eut moins de chance ; un trait lui traversa la gorge et le laissa mort. Faisant faire volte-face à son destrier, Montfort rebroussa chemin sous une pluie de projectiles qui semblaient ne pouvoir l’atteindre. Il rejoignit ses hommes convaincus à présent de l’invincibilité de leur chef.
    « Nous allons assiéger la place. Quand ils auront faim et soif, ils se rendront et nous ferons un grand feu de leurs corps. »

    Expert en matière de blocus, Montfort fit ceinturer Castelnaud d’une barrière de pieux aiguisés et d’un fossé. Seule l’infranchissable falaise sur la rivière restait ouverte, sous la surveillance de quelques soldats. Puis, sous la direction d’un ingénieur charpentier envoyé par l’archevêque de Bordeaux, il entreprit la construction d’une grande tour à étages d’où les archers pourraient faire jeu égal avec les arbalétriers périgourdins. À l’abri d’une chatte 1 , un bélier suspendu, bien ferré et affûté, cognait nuit et jour contre le mur d’enceinte.
    Lorsque les assiégés virent que leurs adversaires fabriquaient des échelles en grand nombre, ils comprirent que l’assaut final était proche.
    « Nos réserves d’eau s’épuisent. Nous ne tiendrons pas une semaine de plus. » Le constat était amer pour les membres du conseil de guerre réunis, le visage sombre, dans la grande salle. Tous avaient les traits fatigués par le manque de sommeil, leur corps usé de porter depuis tant de jours la tenue de combat.
    « Laissez-moi aller négocier votre reddition, contre la vie sauve pour tous, avança Augustin. Je suis moine et catholique, il m’écoutera.
    — Il vous renverra parmi nous à l’aide d’une catapulte et votre corps s’écrasera sur le pavé comme une figue trop mûre. Votre religion ne saurait vous protéger. Ne savez-vous pas comment le comte a agi à Béziers ?
    — Nous sommes perdus, murmura Alix. Je ne voudrais pourtant pas mourir avant d’avoir égorgé Montfort de mes propres mains.
    — Laisse là tes sombres pensées. Personne ne va mourir. Il est temps d’ouvrir le souterrain.
    — Un souterrain ? De quoi s’agit-il ? Tu ne m’en as jamais parlé ! »
    Un reproche passa dans les yeux noirs d’Alix, blessée par ce manque de confiance.
    « C’est le secret de Castelnaud. Je vais vous conduire, mais auparavant, il faut prendre quelques dispositions. »
    Cazenac ne laissa derrière lui qu’une poignée d’archers qui devaient, à intervalles réguliers, tirer des flèches sur les assaillants, avant de s’évanouir à l’aube. À la nuit tombée, il rassembla la garnison de Castelnaud au bord de la falaise en à-pic sur la Dordogne.
    « Ces rochers sont infranchissables, pour les Français comme pour nous. Nous allons passer par le puits. »
    Il veilla à l’évacuation de tous les habitants qui, un par un, gagnèrent à l’aide d’une corde une porte ouverte à mi-hauteur du conduit. Un couloir s’y engageait, où l’on pouvait progresser debout. On alluma des torches avant d’entreprendre la descente d’un interminable escalier.
    « Il semble que l’on pénètre jusqu’à l’entrée de l’enfer, balbutia Augustin que cette promenade dans les entrailles de la terre n’enchantait guère.
    — C’est plutôt notre planche de salut. »
    Il fallut plusieurs heures pour atteindre le fond du tunnel. Une galerie suintant l’humidité s’enfonçait toujours plus loin dans le sol. Une forte odeur de pourriture agressait les narines.

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