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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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caractère. Il appréciait désormais les paisibles soirées d’Aillac où, après un humble repas de pain frotté d’huile, de poissons, de légumes et de fruits arrosé d’un peu de vin largement coupé d’eau, il écoutait le Parfait Hugues de Vassal instruire les fidèles en leur narrant des contes moraux et symboliques.
    « Un Bonhomme, lorsqu’il était cheval dans une vie antérieure, avait perdu un fer dans un chemin rocailleux. Réincarné en homme, il vint à passer sur cette même route, avec son “socius”, son jumeau dans l’âme, et se souvint de l’accident. Ils cherchèrent le fer, et le retrouvèrent. »
    Les têtes s’inclinaient à l’écoute de cette histoire naïve que beaucoup tenaient pour une preuve irréfutable. Sceptique mais émerveillé, Bernard attendait l’heure de la revanche.

17
    En réduisant le Périgord, dernier bastion de résistance, Simon de Montfort s’était ouvert toutes grandes les portes de Toulouse. Puisque aucun guerrier ne pouvait vaincre l’ogre de la vallée de Chevreuse, mieux valait se soumettre, et attendre des jours meilleurs. Le pape Innocent III avait longuement hésité avant de prononcer la confiscation du comté de Raymond VI. Ce dernier s’était toujours affiché comme bon catholique, malgré la protection qu’il accordait largement aux cathares, et Sa Sainteté redoutait le trop grand pouvoir de l’ambitieux Français. Mais Foulques, l’évêque de la cité rose, méprisé et humilié dans sa propre ville, plaidait furieusement pour la confiscation.
    « Le comte Simon, homme en tout point digne de louanges, n’a-t-il pas conquis la terre avec l’aide du Seigneur, et ne l’a-t-il pas partagée entre les grands et ses chevaliers ? Pouvait-on trahir un si noble serviteur, et revenir sur des dons conquis à la pointe de l’épée ? »
    Le quatrième concile de Latran établit enfin la sentence qui se voulait définitive. « Les hérétiques ayant été exterminés dans les provinces languedociennes, le pays est maintenant sainement gouverné dans la foi catholique et dans une paix durable. Mais ce nouveau plant a besoin d’être arrosé. Raymond, jadis comte de Toulouse, reconnu coupable de complicité d’hérésie, sera banni et à jamais privé de son droit de propriété. Tout le pays conquis par les croisés sur les hérétiques sera remis au comte de Montfort, homme courageux et catholique. Le reste du pays sera confié en mandat à l’Église jusqu’à ce que le futur Raymond VII ait montré qu’il mérite d’en détenir tout ou partie. Les biens du comte de Foix sont également confisqués. Raymond VI et son fils s’exileront en Italie. Il leur sera pardonné s’ils cessent de protéger la sale engeance juive et les mauvais croyants. »
    L’entrée de Montfort dans Toulouse n’eut rien de triomphal. Si on ne lui jeta ni pierres ni fruits blets, il dut subir l’indifférence hostile de la population.
    « Simon le cruel est désormais le maître du pays, une province en fait tout entière entre les mains de l’Église, ce qu’un noble féal ne saurait accepter. Soyons patients, supportons tous vaillamment et paisiblement la volonté de Dieu », murmuraient les Toulousains qui l’avaient échappé belle.
    Leur évêque Foulques aurait voulu voir la ville livrée aux soudards, les bourgeois arrogants éventrés, leurs riches maisons pillées et les belles Toulousaines violées, tout cela pour venger ses humiliations. Montfort avait refusé tout net. Il se voulait comte de Toulouse, légitime dans tous ses actes et garant de tous les droits. Il se contenta d’exiger des habitants un tribut de trois mille marcs d’argent et fit raser toutes les défenses de la ville, à l’exception du château Narbonnais où il établit son quartier général.

    À peine installé dans cette ville, la fleur des cités, qu’il avait eu tant de mal à conquérir, à présent doté d’un des plus hauts titres du royaume, Montfort sentit l’ambition le gagner à nouveau, comme une fièvre maligne. Le sang des rois d’Angleterre ne coulait-il pas dans ses veines ? Il n’y avait pas de limites humaines à sa volonté. Il ravagea les terres d’Arnaud Amaury, le chef spirituel de la croisade, et lui confisqua le titre de duc de Narbonne. Il voulait ainsi forcer le roi Philippe Auguste à le reconnaître comme son principal soutien, son indispensable bras droit. On disait le Dauphin de faible constitution ; la couronne suprême

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