Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
Vom Netzwerk:
n’était plus très loin du front orgueilleux de Montfort. Réduit au seul archevêché de Narbonne, Arnaud Amaury excommunia le présomptueux baron qui n’en eut cure. Le cadet pauvre était à présent comte de Toulouse et de Leicester, vicomte de Béziers et Carcassonne et duc de Narbonne. Il était le rempart de la chrétienté contre l’hérésie, l’homme le plus puissant de France ; l’Église lui devait tout. Le roi, sans lui, était peu de chose.

    Ayant regagné leur bonne ville de Marseille sans renoncer à la lutte, Raymond VI et son fils envoyèrent des chevaucheurs à travers tous le pays d’Oc, en direction des faidits. La résistance s’organisait. Puisque Montfort avait su conquérir un immense territoire, il fallait l’y écarteler, l’y épuiser, l’y perdre, en soulevant tour à tour desrévoltes qui le tiendraient éloigné de Toulouse, son centre stratégique.
    Aussitôt la missive en main, Bernard de Cazenac réunit une cinquantaine d’hommes fidèles et marcha sur Castelnaud.
    « Nous ne pouvons assiéger votre forteresse, si glorieuse et bien défendue, avec aussi peu de soldats, lui glissa Hubert de Fénelon, son lieutenant.
    — Qui parle de siège ? »
    Le cathare n’en dit pas plus, mais son regard laissait entendre que l’affaire était sûre. Ils avaient navigué de nuit, légèrement équipés, à l’aide des gabarres du port d’Aillac, chargées à ras bord, et qu’ils avaient laissé glisser au fil de l’onde, comme de paisibles marchands. Les hommes, dépités, se rassemblaient en silence sur l’étroite bande de terre boueuse qui délimitait le bord de la rivière. Loin au-dessus d’eux, inaccessible et menaçante, se dressait la noire silhouette de Castelnaud.
    « Jamais nous ne pourrons atteindre le sommet de la falaise sans alerter les gardes », reprit Hubert de Fénelon, d’un naturel pessimiste. Bernard leur fit gravir quelques mètres du talus que protégeaient des buissons épineux. Avec un sourire matois, il désigna un trou de renard creusé dans la roche. « Glissez-vous là-dedans, vous qui êtes de médiocre taille », suggéra-t-il à son lieutenant.
    L’homme s’enfila dans le tunnel : un vaste souterrain maçonné s’ouvrait dans la paroi. Tous le suivirent. Au bout de quelques pas, un mur infranchissable leur fit barrage, peignant le désarroi sur leurs visages.
    « Y a-t-il quelque mécanisme secret, messire chevalier ?
    — C’est beaucoup plus simple : juste une mince feuille de pierre qui va tomber sous la poussée de nos épées. Quand ils ont découvert que nous avions noyé le souterrain du puits, nos ennemis se sont crus à l’abri. Cette négligence va leur être fatale. Et maintenant, silence absolu. »
    La pierre céda comme un parchemin fragile. Les hommes progressaient dans une obscurité totale, effrayante, sans voir les à-pics qu’ils frôlaient, devinant juste à la forte odeur de pourriture et aux bruits de clapotis qu’ils passaient au-dessus du réseau inondé. Le souterrain débouchait dans une cave oubliée sous une tour ronde. Une à une, les sentinelles furent égorgées, puis les combattants cathares investirent la place en poussant des cris effrayants.

    Surpris dans leur sommeil, les défenseurs de Castelnaud furent massacrés et leurs corps pendus aux murailles du château. Bernard occit lui-même le chef de la place et fit poétiquement accrocher sa carcasse, comme un épouvantail, dans un pommier en fleur. Puis il laissa la citadelle aux bons soins de son lieutenant.
    Montfort entra dans une de ses redoutables colères lorsqu’il apprit que sa forteresse périgourdine était à nouveau entre les mains de son ennemi. Sa rage engloba le chef cathare et, tout autant, son faible et infidèle allié, Jehan de Turenne, qui se déclara incapable de la reconquérir.
    « Foutre Dieu ! Faudra-t-il que je fasse tout moi-même, en ce royaume ? »
    Délaissant ses occupations politiques et la gestion des comptes de la province, il sauta à cheval, rassemblases troupes et piqua des deux vers le nord, avec une rapidité qui surprit même ses adversaires.
    Hubert de Fénelon n’eut pas la chance de son maître. Après un bref et inégal combat, il tomba entre les mains du Français furieux qui le fit pendre, pour l’exemple, au portail de Castelnaud.
    La joie féroce de Montfort fut de courte durée. Tandis qu’il ferraillait en Périgord, à l’extrême nord-ouest de ses possessions, il apprit que Raymond VII

Weitere Kostenlose Bücher