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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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aucunes nouvelles du franciscain. Bernard envoya un chevaucheur qui revint atterré. « Augustin a été arrêté par l’Inquisition. On l’a enfermé dans un cachot et son procès est instruit à grand train. »

    En butte à la haine des dominicains, les franciscains se voyaient accusés de déviance doctrinale. Les frères mineurs, parce que les plus pauvres de tous, devaient renoncer à dénoncer la richesse de l’Église, sous peine du châtiment suprême. Leur position était fragilisée par la mort de leur fondateur, le pauvre d’Assise, trois ans plus tôt. L’Église ne savait encore si elle devait en faire un saint ou un renégat, et voulait auparavant faire le ménage dans ses idées. L’Inquisition englobait dans sa lutte contre le catharisme tous ceux qui faisaient abus de pauvreté. On accusa Augustin d’être membre des Spirituels franciscains, qui admiraient la théorie millénariste de Joachim de Fiore annonçant la fin des temps, et qui causaient de grands troubles au sein de la chrétienté. Le règne de l’Esprit devait arriver en l’an 1260. Ce serait la fin du règne du Fils, et la fin de l’Église.
    L’interrogatoire eut lieu dans la grande salle du palais épiscopal de Toulouse. De hautes fenêtres ajourées laissaient pleuvoir une lumière abondante sur la communauté. Les langues de feu de l’Esprit saint semblaient se manifester pour faire émerger la vérité. Assis sur des cathèdres aux larges dossiers sculptés, qui renforçaient leur prestance, les trois dominicains écrasaient de leur autorité le petit homme qui comparaissait devant eux. Lamodestie d’Augustin le desservait devant ses juges, ainsi que son besoin absolu de ne jamais mentir.
    « Croyez-vous en la fin des temps pour l’an 1260 ?
    — Je ne sais, je suis ignorant en la matière.
    — Pensez-vous que Sa Sainteté le pape devrait être pauvre ?
    — Oui, à l’image de Notre-Seigneur Jésus.
    — Ce sont là des théories cathares !
    — Non pas, c’est ce que disent les Évangiles.
    — On sait que vous fréquentez Bernard de Cazenac, hérétique et faidit.
    — Cela est vrai. J’ai fait serment de le ramener au sein de la vraie religion.
    — Ne serait-ce pas plutôt lui qui vous entraîne dans ses diableries ? »
    Les inquisiteurs étaient perplexes devant tant de sincérité associée à tant de naïveté.
    Ils craignaient d’être dupes d’un cathare retors, habile dans l’art de la dialectique. Pire qu’un hérétique, il apparaissait comme un traître, un envoyé du diable déguisé en moine catholique pour corrompre la foi.
    « Vous critiquez le rôle de l’Église et la sainte alliance qui unit un pays : un roi, une loi, une foi.
    — Je ne fais qu’appliquer le précepte du Pauvre d’Assise. Notre-Seigneur lui a dit : va, François, répare ma maison.
    — Vous contestez à Sa Sainteté le pape sa gouvernance du monde.
    — Je crains que la faiblesse des hommes ne le fasse tomber entre les mains du Prince de ce monde.
    — Ce sont encore des diableries cathares ! Ou pire encore, un grave péché d’orgueil !
    — C’est bien la première fois que l’on me traite d’orgueilleux. Je crois en la perpétuelle naissance du monde, et en l’humilité de Dieu en travail de création.
    — Dieu est roi !
    — Je préfère l’humanité du Christ ; elle est plus à la portée de ma connaissance.
    — Vous niez Sa Divinité Humaine ? Hérésie !
    — Je crois qu’il faut partir d’en bas, de très bas, pour monter vers la lumière. Le désir se fait vallée pour être montagne. Mais la montagne n’est-elle pas l’abîme déjà comblé ? »
    Les inquisiteurs semblaient consternés ; ils ne pouvaient laisser impunis de tels propos, mais répugnaient à condamner un être en apparence aussi inoffensif.
    « Reconnaissez vos fautes, faites votre contrition, dénoncez vos complices et vous serez réintégré au sein de notre Église qui sait être généreuse.
    — Je n’ai nul besoin d’être réintégré puisque j’appartiens déjà à la communauté catholique. Si j’ai commis des péchés, ce ne sont pas ceux que vous dites. J’ai toujours suivi à la lettre et dans l’esprit les préceptes de François d’Assise.
    — Ses héritiers ne sont pas en odeur de sainteté auprès du pape.
    — Alors, c’est que Sa Sainteté se trompe. »
    Après avoir découragé ses défenseurs, refusé toutes les planches de salut que l’on pouvait lui tendre, confondu

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