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Le talisman de la Villette

Le talisman de la Villette

Titel: Le talisman de la Villette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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révéler :
    « Je soupçonne Maurice de t’avoir entraîné dans une combinaison douteuse. Tu n’avoueras pour rien au monde, pourtant j’ai le don de lire en toi. »
    Elle ne put que l’étreindre, puis se débarrasser de sa camisole et, la poitrine offerte, se plaquer contre lui. Il écrasa ses lèvres sur les siennes avec exaltation, ses mains enveloppèrent la rondeur de ses seins Animées d’une volonté propre, elles commencèrent d’explorer son corps. Avec un petit cri, elle rejeta la tête en arrière. Sans cesser de l’embrasser, il la bascula sur le lit et se dépouilla de ses vêtements. Les ombres agitées d’une lessive étendue dans la cour se diluèrent sous leurs caresses, il n’y eut plus que le moment présent.
    Lorsqu’ils reprirent leur souffle, ils restèrent soudés l’un à l’autre. Curieuse, Kochka les contemplait. Les yeux mi-clos, Victor la vit déployer son ventre lourd sur la courtepointe et entamer un toilettage en règle. Il la repoussa du pied.
    — Du vent, grosse effrontée !
    — Elle a faim, dit Tasha, moi aussi, pas toi ?
    — Je vais être en retard, ma jolie.
    — Tu l’es déjà.
    Elle lui ébouriffa les cheveux, sauta du lit et courut à la cuisine. Les portes du buffet claquèrent, elle cria à la chatte :
    — Voleuse ! Si le matou du cordonnier ne t’avait pas placée dans une position intéressante, je te mettrais au pain sec et à l’eau jusqu’à la nuit des temps ! Victor, elle a mangé le fromage !
    — Au moins, toi, tu garderas ta taille de guêpe.
    Il y avait dans sa voix un accent affectueux, comme s’il la trouvait infantile et charmante. Elle fut heureuse de constater qu’elle pouvait lui donner cette image d’elle.
    Quand elle revint avec un pot de café et des tartines, Victor, adossé aux oreillers, tirait sur une cigarette.
    — Tu avais promis de ne plus fumer à l’intérieur, dit-elle.
    — L’homme qui est apte à promettre est apte à oublier. Viens près de moi. Que vas-tu faire de ta journée ?
    — Je déjeune en compagnie de Thadée Natanson. Il est gentil mais il m’intimide, avec sa barbe d’un noir brillant et ses yeux de braise. Grâce à toi, je serai d’attaque, chuchota-t-elle.
    — Égoïste ! Je vais une fois encore mériter d’être qualifié de tire-au-flanc par monsieur tu-sais-qui !
    — Ton père est trop indulgent avec toi… Et bel homme…
    Elle lui désigna le tableau qu’elle avait peint de lui quatre ans auparavant. Une ébauche de sourire aux lèvres, Kenji les dévisageait, négligemment installé dans un fauteuil.
    — Il te plaît ? demanda Victor.
    Elle lui jeta un regard espiègle.
    — Qui sait ? S’il m’avait courtisée le premier, j’aurais peut-être succombé. J’aimerais le faire poser nu.
    Un trouble incontrôlable avait allumé une étincelle en lui. Depuis la veille il éprouvait une sensation de crainte et la certitude qu’il allait laisser échapper un mot ou une phrase qui révélerait à Tasha la tentation à laquelle il avait manqué céder au contact de la Môminette.
    Elle supposa que son désarroi venait de ce qu’il s’angoissait de l’exposition à venir car elle lui dit avec douceur :
    — Tes clichés feront un succès chez Natanson, mon chéri.
    — Comment t’habilleras-tu ?
    — Cette robe somptueuse que tu m’as achetée…
    — J’aurais dû choisir une guenille !
    — Rassure-toi, Thadée est marié à une jeune femme ravissante, il en est toqué 28 .
    Victor songea à la Môminette et se dit que la passion la plus ardente n’était pas un obstacle à la luxure.
    — Dis donc, Victor Legris, et si nous parlions de Laumier ? Que fricotez-vous ensemble ?
    — Ce mirliflore ? Je refuse désormais d’écouter ses jérémiades, sois tranquille, il se tiendra à distance. Debout, le devoir nous appelle ! s’écria-t-il, gratouillant Kochka sous le menton afin d’éluder complètement la question.
    Le cou tendu, la chatte ronronna avec volupté.
     
    Iris souleva une paupière et distingua Joseph qui enfilait ses vêtements près de la fenêtre encore close d’où la lumière filtrait en rais grisâtres. Elle observa les épaules à la ligne inégale. Loin de la rebuter, ce déséquilibre la touchait. Qu’il était fragile, l’homme dont elle portait l’enfant ! Bien que sa cadette, elle se sentait plus mûre, plus forte que cet époux légèrement bossu aux yeux si naïfs. Parce qu’il avait beaucoup lu et un peu

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