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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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Dublin. Un quart d’heure plus tard, il s’est crashé avec ses passagers. Ça, c’est pour la version officielle. En revanche, juste après le décollage du jet, un hélicoptère s’est envolé de l’aéroport pour le centre de recherche nucléaire de Dalton, situé juste à côté, à Whitehaven. Il se trouve que cet hélicoptère appartient à Concordia Limited, un gros groupe de la City.
    — Et alors ?
    — Eh bien, la société informatique écossaise qui a affrété le jet appartient aussi à Concordia. Ce n’est pas fini. J’ai jeté un œil sur les activités de ce groupe. Figure-toi qu’ils sont les premiers investisseurs privés du centre de recherche de Dalton.
    Le feu passa au vert, la Chrysler démarra et tourna dans une rue plus petite, bordée d’immeubles de brique, d’aspect plus ancien que ceux du quartier de la gare. Jade slaloma entre deux taxis et bifurqua dans la même direction. Antoine s’agrippait au blouson. Il hurla dans le casque :
    — Excellent. Mais je ne vois pas le rapport avec le Sacré-Cœur. Ils n’ont pas découvert une mine d’uranium à Montmartre…
    — Ça, mon grand, je n’en sais rien. Passons aux mauvaises nouvelles. Peu de temps après la transmission d’infos par la police anglaise, notre ambassadeur a reçu un coup de fil. Directement du cabinet du Premier ministre. Je précise : il a été réveillé à l’aube. Et l’ambassadeur est un homme charmant, sauf quand on le tire de son sommeil. Le secrétaire voulait savoir ce qu’on voulait exactement au groupe Concordia.
    La moto ralentit brusquement. Une vieille dame avait traversé la rue, tirée par un affreux petit caniche noiraud, sans se soucier de la circulation. Antoine se pressa contre Jade pour éviter de basculer sur le côté. La Chrysler avait tourné pour prendre une rue sur la droite. La jeune femme maugréa.
    — Putain, ces Anglais ! Ils ne respectent rien. Je reprends. L’ambassadeur n’était au courant de rien, ce qui est vrai. Le type du cabinet lui a alors expliqué que Concordia, fierté de la City, possédait deux particularités. La première, c’était le contrôle d’une agence de notation très influente sur les marchés internationaux, genre Moody’s ou Fitch. Tu vois le truc, dettes des États et des sociétés, triple A et toutes ces conneries. À ce titre, Concordia est considérée comme un joyau de la Couronne. Et en plus, c’est l’un des premiers sponsors des JO.
    Ils roulaient maintenant sur la grande artère de Kingsway qui descendait vers la Tamise, engorgée de voitures et de bus.
    — Et la seconde particularité ? demanda Marcas qui crispait ses mains sur le cuir.
    La voix de Jade s’éclaircit.
    — Son patron. Un certain Lord Reginald Preston Fainsworth, comte de Boleskine. Un aristo de premier plan, qui passe ses vacances à Dubai avec le cousin de la reine et prend le thé avec le Premier ministre.
    Elle accéléra à nouveau et se colla contre le cul d’un bus rouge à impériale qui descendait Kingsway. De temps à autre, elle inclinait la moto vers la gauche pour repérer la Chrysler. Au-dessus d’eux, le ciel se couvrait de nuages noirs qui venaient de l’ouest. Antoine regarda les cumulus d’un sale œil. Depuis un accident de scooter avec son fils, place de Clichy, et qui s’était terminé à l’hôpital, Antoine détestait rouler à moto par temps de pluie. Il lança :
    — Premier ministre, famille royale… Et moi qui pensais qu’avec la crise, les grands de ce monde faisaient attention à leur image. Pas très valorisant de fricoter avec le dirigeant d’une agence de notation. C’est aussi bien vu que de s’occuper d’une usine d’amiante.
    Jade vit la voiture noire prendre de la distance, au niveau d’Aldwych Street. Elle mit son clignotant et doubla le bus, pour se rabattre derrière un camion de dépannage de scooters. Sa voix grésilla.
    — Tu raisonnes en bon petit Français. Au cours des siècles précédents, nos amis anglais ont fait fortune grâce à la Bourse, à leur empire colonial, soudés autour de leur armée et de leurs souverains. Maintenant, c’est la City seule qui leur assure les fins de mois. La Bourse de Londres est plus puissante que Wall Street, Paris, Tokyo ou Shanghai. Ici, la finance, c’est aussi sacré que la reine. Peut-être plus.
    La Chrysler avait pris le Strand et emprunta à nouveau Aldwych comme pour revenir sur Kingsway mais en sens inverse.
    — C’est bizarre, on

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