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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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revient par là où on est arrivés, avertit Jade.
    — Tu crois qu’ils nous ont repérés ?
    — Pas sûr, ils veulent peut-être tourner sur la gauche, ça leur était impossible en venant de l’autre côté, à cause de la barrière de séparation. La circulation ici, c’est pire qu’à Paris. Je vais quand même leur laisser un peu d’avance.
    Elle rétrograda pour laisser passer deux voitures juste au moment où un feu se mettait au rouge. La Chrysler filait à nouveau sur Kingsway, mais le trafic recommençait à s’engorger. Jade pila sous les yeux d’un policier de la circulation qui observait le carrefour.
    — Et merde, heureusement que ça bouchonne. Tout ça pour dire que l’ambassadeur a eu ensuite ton grand patron au ministère de l’Intérieur pour avoir des explications. Quand l’autre lui a dit que tu traquais des tueurs de prêtres, il a failli recracher ses œufs au bacon. L’ambassadeur n’aime pas être réveillé en pleine nuit, mais déteste par-dessus tout qu’on le prenne pour un crétin, surtout par un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, dont il n’a rien à cirer.
    — Mais c’est vrai ! Je suis sur la piste de ces assassins.
    — Un franc-mac qui piste des bouffeurs de curés, ben voyons…
    Le feu passa au vert, elle démarra rageusement et eut juste le temps d’apercevoir la voiture noire qui disparaissait sur la gauche. La Yamaha virevolta entre les véhicules et obliqua à son tour sur Kemble Street. Jade susurra :
    — Mon Antoine, officiellement, je vais t’apporter toute l’aide nécessaire, mais en off, pas question de nous foutre dans la merde avec les Anglais. Au moindre pépin, l’ambassade te lâche et tu reprends direct le premier Eurostar, je serais moi-même chargée de t’accompagner.
    — C’est sympa, nos retrouvailles… répondit Marcas, goguenard.
    La Chrysler avait tourné sur la droite et s’engageait dans une rue plus étroite, encadrée d’un côté par des immeubles d’habitation à la brique triste et marron, et de l’autre par une tour à la laideur bétonnée typique des années soixante-dix. Jade fit une queue de poisson à un taxi et ralentit au niveau de la rue.
    — Wild Street… On n’est pas loin de Covent Garden.
    — C’est pas terrible ici.
    — Pendant la Seconde Guerre mondiale, Londres a beaucoup souffert des bombardements allemands. Certains quartiers ont été entièrement rasés et progressivement reconstruits. Attends, il se passe quelque chose.
    Un peu plus loin devant eux, quasiment à l’autre bout de la rue, la Chrysler s’était arrêtée face à une porte de garage encastrée dans un bâtiment austère de briques rouges. Le clignotant gauche s’alluma pendant que s’ouvrait la porte de parking. La Yamaha avança à faible allure et n’était plus très loin du véhicule.
    — Attention, ils vont nous repérer, cria Antoine.
    — Non. Je vais me garer juste avant. Il y a des places de moto.
    L’ouverture du parking était béante. Une lumière verte clignotait au-dessus de la porte et la Chrysler disparut à l’intérieur. Jade faufila sa Yam entre deux gros scooters et éteignit le contact. Elle lui fit signe d’enlever le casque.
    — Il vaudrait mieux que tu restes ici, si ces types sortent et te repèrent…
    — Pas question, jeta Marcas, c’est moi le chat, désormais. Allons faire une petite promenade de voisinage.
    Au moment où ils descendaient de la moto, de fines gouttes constellèrent le trottoir. Jade leva les yeux vers le ciel parsemé de nuages gris et murmura :
    — Le ciel est contre nous…
    — Je m’en tape, je ne suis pas croyant, fit Marcas en se dépliant sur le trottoir.
    Du coin de l’œil, il inspecta la rue. À gauche, le long du trottoir, l’immeuble du parking. À droite, un long et très grand édifice grisâtre, d’aspect plus ancien, encadré par des rangées de hautes fenêtres occultées, et qui continuait jusqu’au bout de la rue. Ils marchèrent le long de la façade rouge comme de simples badauds et passèrent devant la porte de garage qui finissait de se refermer.
    — Il va falloir trouver à qui appartient ce parking ou cet immeuble. Il n’y a aucune indication, fit Marcas d’un air maussade.
    Ils continuèrent, sans ralentir le pas, et arrivèrent sur une place, bordée de magasins. Ils gardaient l’œil rivé sur la façade de l’immeuble du parking, à la recherche d’une plaque ou d’une indication. La brique rouge

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