Le Temple Noir
sac à l’intérieur pendant qu’elle parlait.
— Il est avec moi, c’est bon. Quoi ? Vous êtes sûr ? Ça va nous compliquer la tâche, ils ne nous laisseront pas les mains libres. Oui, je sais… Mais l’ambassadeur a été clair, pas de remous, pas d’immixtion dans les affaires intérieures… Oui… Vous me les brisez avec votre DGPN , je dépends des Affaires étrangères, ici il n’a pas plus de pouvoir que le type qui me sort les poubelles. Envoyez-moi une copie par mail.
Clac. Elle raccrocha d’un air maussade.
— L’adjoint que je t’ai envoyé a disparu et en haut lieu on ne veut pas d’emmerdes avec les flics locaux. Tous des abrutis.
Antoine jeta un œil inquiet en direction de la gare. Elle enfourcha la moto et lui fit signe de monter.
— Appuie sur le bouton sur le côté du casque, on pourra se parler par circuit radio. J’ai reçu un topo sur ton enquête. Si j’ai bien compris, une histoire de meurtre de curé, mais tu vas me donner ta version.
Il monta à son tour, ajusta son casque et entendit un grésillement dans ses oreilles. La voix de Jade résonna.
— Combien de types à ta recherche ?
— Trois, peut-être plus. Ils se sont fait passer pour des agents de l’ambassade. Leur voiture était garée dans le coin des taxis.
La Yamaha vrombit. Marcas reprit :
— Et si la souris se transformait en chat ?
— Ça me plaît. Prie ton grand architecte de l’univers. Avec un peu de chance, ils y sont encore.
— Les hommes libres ne prient pas, ils agissent.
— Amen, frère Antoine, répondit-elle en démarrant en trombe.
Il faillit tomber à terre et s’accrocha à son blouson. La moto quitta le trottoir et s’inséra dans la file qui longeait la gare.
La Yamaha rugit et dépassa une dizaine de voitures à l’arrêt en une poignée de secondes. Jade décéléra et tourna pour prendre la voie d’accès aux taxis. Ils roulèrent lentement jusqu’à ce qu’Antoine pose sa main sur l’épaule de Jade.
— À droite, à dix mètres environ. La Chrysler noire avec les vitres teintées. Ils sont là !
Deux de ses poursuivants, Andrew et l’homme au sac à dos, parlaient entre eux, juste devant le véhicule. Le roux paraissait énervé et se tamponnait le front avec un mouchoir. Jade grésilla à nouveau dans le casque d’Antoine.
— OK, on va se garer mais reste sur la bécane.
Elle colla la moto contre une camionnette blanche.
— Tu es sûre qu’ils ne nous voient pas ? s’enquit Marcas.
— On n’est jamais sûr de rien dans cette vie. Bouge pas, conseilla la jeune femme en coupant le contact.
Les minutes s’écoulèrent, avec une infinie lenteur. Andrew avait sorti son portable et parlait tout en regardant l’entrée de la gare. La voix de Jade résonna à nouveau.
— Si tes mecs ont buté notre agent, ça va encore plus compliquer les choses. En ce moment, nos amis anglais sont sous pression maximale. Avec les JO fin juillet, toutes les forces de police sont sur le pied de guerre et aucun événement « négatif » ne doit noircir le tableau. Ton arrivée a provoqué de sacrés remous…
— Oui, j’ai appris que ton ambassadeur a été contacté.
— Oui, c’est là le problème. Ça a commencé à merder quand ils nous ont envoyé les infos. Les…
Elle s’interrompit. Le troisième poursuivant, l’homme à la veste grise, avait rejoint ses deux complices. Ils se concertèrent quelques instants, puis, dans un même mouvement, s’engouffrèrent dans la Chrysler. Jade redémarra la moto. Sa voix résonna dans le casque d’Antoine :
— C’est parti. J’espère qu’ils ne se rendent pas dans le grand Londres, j’ai juste assez de jus pour faire une trentaine de bornes.
— Bravo l’efficacité militaire, ricana Marcas.
— Va te faire foutre, Antoine.
La voiture noire sortit de sa place et glissa en direction de la grande avenue d’Euston Road. La moto attendit que deux taxis démarrent à leur tour et roula dans la même direction tout en gardant une quinzaine de mètres d’écart. La Chrysler fila le long d’Euston, puis mit son clignotant pour tourner sur la gauche.
— Tu disais à propos des infos fournies par les Anglais ? fit Marcas qui gardait un œil sur la Chrysler à l’arrêt devant un feu rouge.
— Je vais commencer par les bonnes nouvelles. Selon l’aéroport de Carlisle, aucun passager du jet n’a débarqué. Le Falcon d’Angelsfly a fait le plein, puis a décollé pour
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