Le Temple Noir
de un dollar et sur le toit du plus haut gratte-ciel de Londres, à Canary Wharf.
38
Londres
De nos jours
Le Prince of Wales était aux trois quarts vide ; Jade et Antoine s’étaient installés dans le coin le plus isolé du pub. Il avait fallu presque une demi-heure à Marcas pour résumer la découverte du trésor dans le Sacré-Cœur et les connexions éventuelles avec sa venue à Londres. Elle reposa sa chope en silence et prit son portable pour lire un SMS .
— On a retrouvé notre agent dans les toilettes de Saint-Pancras, drogué. Mais vivant. C’est déjà ça. Maintenant la question est : que fait-on avec tes copains frangins ?
Marcas ne toucha pas à sa bière. Trop amère à son goût.
— On ne peut pas se pointer au Freemasons’ Hall et demander à voir Andrew et ses camarades.
Elle leva les yeux au plafond.
— Appelle tes potes frangins à Paris. Il n’existe pas un trombinoscope de tous les frères sur Internet, avec vos tronches de premiers de la classe ?
Antoine se raidit, mais il ne voulait pas rentrer dans son jeu.
— Jade, je vais tenter de m’adresser à ton intelligence. Un . Il n’existe pas d’annuaire des maçons. Deux . J’appartiens à une obédience non reconnue par la Grande Loge d’Angleterre, je n’ai pas les mots de passe en vigueur pour entrer et je ne peux pas assister à leur tenue. Trois . En conséquence, personne de mon obédience ne va appeler les frères anglais pour leur demander ce genre d’infos.
Jade croisa les bras avec un air ironique.
— Et quatre , ne compte pas sur moi pour faire intervenir l’ambassadeur ni mes rares contacts avec la police. Je ne veux pas me mettre à dos les frères trois points anglais. Il va falloir trouver autre chose. Reprenons par le commencement. Pourquoi tes frères anglais voudraient-ils te kidnapper ?
— Je n’en sais rien. En tout cas, ils étaient bien informés sur ma venue, avec l’heure exacte de l’arrivée du train. Ça veut dire qu’il y a une taupe dans vos services ou qu’ils m’ont suivi depuis Paris.
Jade fronça les sourcils, puis se leva de la chaise et prit son casque.
— Ça, c’est peut-être vrai. On ne peut plus aller à South Kensington. Trop risqué. Et impossible d’entrer en force chez tes petits copains trois points. Il ne reste qu’une seule solution et franchement elle me déplaît.
— Laquelle ? fit Marcas en enfilant sa veste.
— T’emmener au Laminoir.
— C’est-à-dire ?
Elle lui lança un regard dur.
— C’est un endroit un peu spécial. Prévu pour faire disparaître les gens.
Londres
Quartier de Lennox Gardens
Garrett Mansion
Une douce pénombre régnait dans la chambre aux murs tendus de velours gris. Les volets fermés laissaient filtrer une très légère clarté. Sur le lit à baldaquin, la Louve, à demi nue, était allongée, fumant une cigarette longue et fine. La fumée se perdait dans les fins voiles de lin blanc qui pendaient au-dessus du lit. Juste à côté, assis à un bureau calé sous la fenêtre, Fainsworth reportait soigneusement sur une feuille de papier les inscriptions gravées sur le crâne, lui-même enchâssé dans une boîte métallique.
Le maître du Temple Noir grimaça de douleur. Ses cervicales s’étaient réveillées, bloquant les nerfs qui couraient le long de ses épaules. Elles se rappelaient à son bon souvenir dès qu’il restait assis trop longtemps, séquelles d’un accident de moto à Oxford. Il imprima à sa tête plusieurs mouvements circulaires. Aucun traitement, aucune manipulation de kiné n’avait réussi à le guérir, excepté l’absorption de corticoïdes à haute dose, mais dont les effets ne duraient pas longtemps. De temps à autre, il marchait avec une canne, ça le soulageait.
Il tenta d’oublier sa douleur, nota le dernier symbole et observa à nouveau le crâne.
La datation par le laboratoire de Dalton donnait une estimation oscillant entre le XII e et le XIII e siècle. L’inscription gravée pouvait donc soit remonter à cette époque, soit être plus récente, avec une période butoir du début du XX e siècle, époque de la construction du Sacré-Cœur et de la mise au tombeau du crâne.
Il revint au texte recopié, le choix s’imposa en toute logique, de par la nature même des inscriptions.
Fainsworth était presque déçu, il avait tout de suite reconnu l’alphabet maçonnique utilisé par les frères depuis le début du XVIII e siècle. Encore
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