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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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l’ordre.
    AUDI
    VIDE
    TACE
     
    — Entendre, voir, garder le silence, dit Standford à Jade en gravissant les marches avec entrain. Ça pourrait être la devise de tout service de renseignements du monde, vous ne trouvez pas ?
    — Je ne sais pas, répondit Jade.
    — Voyons, mademoiselle Zewinski, faites comme les maçons anglais. Soyez fière de vos états de service. Je me suis laissé dire par un ami, que l’on vous avait surnommée l’Afghane en raison d’un long séjour dans ce beau pays. Et puis, assurer la sécurité de l’ambassade de France doit vous mettre au courant de bien des secrets ?
    Jade lui jeta un regard aussi métallique que ses yeux. Elle porta l’index sur ses lèvres.
    — Audi, Vide, Tace…
    Ils arrivèrent au deuxième étage et empruntèrent un couloir qui menait à une seule porte. De chaque côté, des tableaux des anciens grands maîtres de la Grande Loge d’Angleterre ornaient les murs. Le dernier en date, en l’occurrence une photo dans un cadre, représentait un homme mince, dégarni, d’une quarantaine d’années, le port altier, vêtu d’un smoking, serré à la taille par un tablier, debout la main sur le dossier d’un trône.
     
    Prince Edward, Duc de Kent, 1969-
     
    Standford vit l’air étonné d’Antoine.
    — Quarante-trois ans de conduite des affaires maçonniques et toujours en place. C’est ce qui fait la force de notre ordre. Il me semble que dans ton obédience, l’espérance de vie d’un grand maître ne dure que trois ans. Et encore, les bonnes années…
    Marcas répliqua sur un ton aimable :
    — Disons que chez nous, la maçonnerie est affaire de démocratie, pas de royauté. Nous sommes des frères libres et égaux, pas les vassaux d’un cousin de la reine. Mais bon, chacun taille sa pierre comme il veut, même celles des palais.
    La porte centrale s’ouvrit avant même qu’ils n’arrivent devant. Un homme apparut dans l’encadrement de la porte et leur agita un index boudiné. Un visage joufflu, le teint rose, les cheveux roux finement bouclés, l’adjoint au secrétaire général les accueillit avec chaleur, leur serrant vigoureusement la main, et les invita à entrer dans son bureau.
    Colonnades corinthiennes plaquées contre les murs, tableaux allégoriques du XVIII e  siècle représentant des scènes de loges, tapis épais et richement décorés au sol, l’ensemble de la pièce dégageait une atmosphère d’opulence assumée. L’homme les pria de s’asseoir devant son bureau en chêne massif, orné de compas et d’équerres. Juste derrière lui, posés sur une cheminée, trônait un miroir en forme de triangle, encadré d’une large bordure dorée, surchargée d’arabesques en vogue au XIX e  siècle.
    Il s’installa dans un fauteuil victorien, recouvert de velours vert surpiqué, et s’adressa à Standford :
    — J’avoue avoir été surpris par ce que tu m’as raconté au téléphone. Nous possédons effectivement un parking, mais beaucoup de places sont louées à des particuliers du quartier. Je vais vérifier tout de suite. Vous dites à quelle heure ?
    — Entre 10 h 20 et 10 h 45, répondit Antoine.
    Le secrétaire général s’adressa à Marcas, pendant qu’il tapait sur son clavier :
    — Quelques minutes, le temps que je me connecte au serveur de l’administratif et ce sera bon. Alors comme ça, tu fais partie du Grand Orient de France ? Il est bien dommage que tu ne puisses pas assister à nos tenues. Quelle tristesse ! J’espère qu’un jour votre obédience reviendra à de saines dispositions.
    Antoine sourit tout en jetant un regard de biais à Jade qui restait silencieuse.
    — Avec plaisir. En guise de rapprochement, je propose même d’inviter votre grand maître, Son Altesse le duc de Kent, à la tenue spéciale de notre loge, celle du 21 janvier.
    Le maçon anglais continuait de taper sur son clavier et répliqua d’une voix enjouée :
    — Fort aimable de ta part, je transmettrai. Pourquoi cette date particulière ?
    — C’est le jour anniversaire de la mort de Louis XVI, décapité place de la Concorde. Pendant les agapes, on mange tous de la tête de veau.
    Standford vit le visage de l’homme pâlir et sourit :
    — Notre frère Marcas a beaucoup d’humour…
    Le secrétaire grimaça, tout en scrutant son écran.
    — Nul besoin de préciser vraiment. Changeons de sujet. Tu viens au concert du maestro Filipo Carli organisé dans le grand temple, la semaine

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