Le Temple Noir
de te lancer dans des calculs fumeux. La circonférence de mon rouleau de PQ est aussi maçonnique ? Vous délirez, les comiques.
Watcher : spiderwoman, j’ai beaucoup d’humour mais tu ne peux pas critiquer tout le temps. Je te blackliste.
Spiderwoman : m’en fous. Au fait, tu parles d’un complot, mais lequel ?
Watcher : j’enquête et je finirai par trouver. D’ailleurs, en tant que spécialiste des conspirations, je peux t’assurer qu’un vrai complot est un complot dont on ne connaît pas l’existence.
Spiderwoman : alors là ! C’est au-dessus de mes forces…
65
Londres
Quartier de Lennox Gardens
Garrett Mansion
De nos jours
Antoine jaillit à la surface, aussi noire que dans la cuve, et avala une bouffée d’air saturée de chlore. Le vacarme du jet d’eau était amplifié dans la citerne comme dans un haut-parleur. Le niveau avait monté dangereusement. Ils n’avaient plus pied et ils se maintenaient désespérément pour ne pas couler. L’eau arriva au niveau de leur cou. Gabrielle hurla :
— C’est fini !
— Non, s’époumona Marcas, j’ai trouvé la bonde.
Ce fut au bout de sa troisième plongée dans la cuve qu’il avait repéré, à tâtons, l’ouverture obturée. Mais elle était comme soudée au métal. Il se concentra à nouveau sur le symbole du levier, reprit son calme et se pencha à l’oreille de Gabrielle :
— Elle doit être commandée automatiquement en fonction de son remplissage. Dès que le niveau est atteint, un clapet doit s’ouvrir pour évacuer l’eau.
— Et si c’est pas le cas ? s’écria sa compagne.
Leurs têtes cognèrent brusquement le haut de la citerne. Il ne restait plus beaucoup de temps avant que l’eau ne les noie. Antoine savait ce qui lui restait à faire. C’était l’ultime solution, il n’y en avait pas d’autres.
Il prit sa veste, la roula en boule et la mit dans l’ouverture d’arrivée du flux. Il luttait désespérément pour la faire rentrer dans le jet. Dans un sursaut désespéré, il poussa de toutes ses forces. L’éruption cessa.
La main de Gabrielle l’agrippa.
— J’étouffe !
— Monte sur mes épaules.
Le flot s’était interrompu alors que la surface de l’eau n’était plus qu’à quelques centimètres de la voûte. Un répit temporaire. Les muscles d’Antoine, gorgés d’acide lactique, le brûlaient : il ne pourrait plus tenir longtemps avec le poids de sa compagne sur lui.
L’oxygène s’épuisait.
Les lèvres de Gabrielle se posèrent sur sa bouche. Elle murmura, d’une voix faible :
— Adieu. Je peux… pas… tenir.
Elle le lâcha brusquement.
— Non, hurla Antoine.
Il plongea dans le noir, essayant de la rattraper mais ses bras s’agitaient en vain.
Soudain, une vibration sourde parcourut la citerne. Le niveau d’eau baissait. Imperceptiblement. L’espace entre sa bouche et la voûte augmentait. Il aspira à nouveau de l’air et replongea aussitôt.
Ses mains saisirent un bras. Il tira de toutes ses forces et remonta à nouveau vers la surface, la tête de Gabrielle tenue bien droite. Ses muscles se tétanisaient. Il fallait résister.
L’eau descendait. Lentement. Régulièrement. Il la prit contre lui et hurla :
— Parle ! Bats-toi !
C’était horrible, il ne pouvait même pas voir si elle réagissait, si ses yeux étaient clos, si elle respirait…
Ses pieds touchèrent le sol. Enfin. L’eau s’écoulait désormais aussi rapidement qu’elle était apparue.
Gabrielle ne respirait plus. Il la plaça contre la paroi de la cuve et comprima d’un coup sec sa poitrine. Il fallait expulser l’eau de ses poumons. Il reprit son mouvement tout en alternant avec le bouche-à-bouche.
Il pleurait de rage dans l’obscurité.
— Réveille-toi, par pitié !
Il appuyait sur sa poitrine avec l’énergie du désespoir. C’était trop stupide, pas maintenant, pas ici.
Il hurla :
— Reviens ! Je veux repartir à Key West avec toi. Je veux te rendre heureuse.
Elle ne bougeait pas. Il s’écroula contre la paroi, anéanti, quand soudain il perçut un gémissement. Antoine se plaqua contre elle, le cœur battant, sa tête contre sa poitrine.
Elle respirait.
Il insista à nouveau au niveau des poumons et entendit nettement les régurgitations.
— An… Antoine…
Il fallait maintenant trouver le moyen de sortir. Et vite. Le seul possible était de faire pression sur la trappe d’accès, le point faible de la cuve. En la
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