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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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négocier. Il finit par distinguer un homme blond qui lançait des ordres à la volée, une lourde hache à la main.
    — Guillaume, fais-leur éteindre les foyers d’incendie. Vite, avant que le feu ne se propage.
    Aussitôt, les prisonniers réquisitionnés firent la chaîne du puits jusqu’aux maisons qui achevaient de se consumer. Rassuré, Khoubir se rapprocha du Franc. D’un geste lent, il détacha le cor de chasse qu’il portait à sa ceinture et le déposa devant Roncelin.
    — Accepte ce don, qui me vient des pères de mes pères en gage de soumission et de respect.
    L’interprète traduisit. Le Provençal s’inclina, saisit délicatement le cor, admira le travail d’orfèvrerie, s’inclina la main sur le cœur en signe de remerciement et prit la parole. D’une voix forte et rapide, Roncelin annonça que les Francs cesseraient le combat, qu’il n’y aurait pas de pillage et que les lieux de culte seraient tous protégés. En revanche, il annonça la levée d’une rançon de deux mille marcs d’argent, payable avant l’aurore. Faute de quoi, la ville et ses habitants ne seraient plus qu’un souvenir. Le ton sans appel provoqua la stupeur des marchands. Tous s’attendaient à être pillés et tués à l’instant et on leur annonçait un sursis à prix d’or. Passé l’effet de surprise, Roncelin précisa que des otages seraient pris dans chaque famille de notables et qu’ils seraient les premiers à périr si le tribut n’était pas versé.
    Un silence de mort répondit à ses conditions. Khoubir s’avança, le vieux Boufeda lui emboîta le pas. D’un geste lent, ils s’inclinèrent devant Roncelin avant de se tourner vers les habitants. Le marchand fut le premier à parler.
    — Remercions Allah qui, dans sa miséricorde, nous épargne la violence de la mort, l’abomination du pillage et la honte du servage.
    Des pleurs montèrent de la foule. Boufeda lança d’une voix hachée :
    — Les Francs sont les maîtres de la ville, ils peuvent prendre nos existences, souiller nos filles, piller tous nos biens…
    Face à lui, les hommes baissaient la tête. Les femmes se terraient sous leurs foulards. Même les enfants se taisaient. Le marchand reprit :
    — … le chef des Francs est un homme sage qui sait que la vie vaut plus que l’or. Ils nous proposent un marché. Ne le discutons pas. Que chaque maison se rassemble. Je me joindrai aux captifs.
    Roncelin n’eut pas besoin du traducteur. Il comprit dès qu’il vit les familles se réunir. Il appela Guillaume :
    — Regroupe tous les otages dans les mosquées. Il y en a trois, ça devrait suffire. Ensuite ferme les portes et place des gardes.
    Guillaume allait se précipiter quand Roncelin le retint par la manche.
    — Et pour les otages… fais-toi plaisir…
    Les yeux de Guillaume brillèrent.
    — … prends des femmes.
     
    Dans le quartier chrétien, les Syriaques venaient de se réunir discrètement dans une maison particulière. Il ne restait plus en ville qu’une vingtaine de marchands. Leurs familles avaient été mises à l’abri dans des hameaux voisins. Tous discutaient ferme sur la meilleure façon de tirer parti de la nouvelle donne. Depuis toujours, ils avaient dû s’adapter pour survivre. Aujourd’hui, ils ne faisaient plus confiance à personne, sinon à leur intérêt. Dans la grande salle, assourdie par des tapis aux murs, les débats allaient bon train, chacun proposait son interprétation de la situation. Un jeune marchand, qui n’avait pas encore parlé, fit rouler un marc d’argent sur le dallage. Aussitôt le silence se fit, chacun suivait la course de la pièce.
    — Qui peut prédire avec certitude de quel côté cette monnaie va tomber ?
    Personne ne répondit. Tarek reprit :
    — La vérité est comme une pièce, elle a deux faces. Et nul ne peut savoir laquelle brillera au soleil.
    — Tu t’exprimes par énigme et parabole, soupira le maître de maison.
    Tarek sourit. Le marc d’argent tournoyait encore.
    — Je propose seulement que notre main droite ignore ce que fait notre main gauche et que les deux nous protègent.
    La pièce s’immobilisa dans un reflet d’argent, mais Tarek posa le pied dessus.
    — Voici ce que je suggère : que l’on prévienne les autorités de Jérusalem que notre ville est attaquée.
    — Ils ne lèveront pas le petit doigt pour nous. Es-tu fou ? Depuis le départ de l’Empereur Frédéric pour l’Europe, les factions se déchirent pour le

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