Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
Vom Netzwerk:
le directeur du Rucher l’interpella.
    — Le père Roudil, curé du Sacré-Cœur, a été retrouvé mort d’une balle dans la tête. Plus précisément, dans une salle secrète sous le Sacré-Cœur. Tu vois le rapport avec toi ?

11
    Al Kilhal
Jour de Toussaint 1232
    Le jour s’était levé et Guillaume était en plein travail malgré son manque de sommeil. Il s’était installé près d’une des deux fontaines qui ornaient la place. Le masque à la ceinture, sa masse à ses pieds, il faisait défiler devant lui les dernières familles. Des Juifs. Roncelin avait attendu que toute la partie musulmane soit sécurisée avant de pénétrer dans le quartier hébreu. D’abord, on avait séparé les femmes de leurs familles avant de les répartir dans les différentes mosquées, puis les hommes avaient eu jusqu’à l’aube pour verser le tribut. Maintenant, c’était le tour des Juifs.
    Au centre de la place, Roncelin lui-même s’occupait de la rançon. Devant une balance à trébuchet, offerte par les Syriaques, il pesait les dons et signait quittance. Cette apparence de Légatité surprit les musulmans, puis les rassura. Roncelin savait que dans les rapports de force, la forme comptait autant que le fond, et qu’il fallait alterner concessions feintes et exigences définitives. Ainsi le chef de la compagnie avait prévenu que les captives ne seraient rendues que quand la somme complète serait atteinte. Installé sous les arcades, le Borgne comptait les monnaies avant de les séparer selon leur valeur. Du côté droit, les pièces d’or, de l’autre les deniers ou les marcs d’argent. Une fois classées, les pièces étaient réparties dans des sacs de cuir scellés à la cire. À chaque nouveau sac, l’ancien prêtre tenait registre, inscrivait le poids et le nombre de pièces sur un parchemin avant de le rouler dans un mince tube d’argent et de le glisser à son cou.
    Guillaume, lui, s’était occupé avec passion du choix des otages. Depuis l’aube, pourtant, son enthousiasme faiblissait, les Juifs de la ville étaient pauvres, souvent misérables. Et il ne voyait défiler devant lui que des artisans, teinturiers pour la plupart, dont les femmes aux corps prématurément vieillis, avaient les mains rougies et crevassées. Il cherchait en vain un otage.
    — Aucun marchand d’esclaves n’en voudrait, grommela Guillaume.
    Brusquement une rumeur parcourut les familles. Les hommes se frappèrent la poitrine tandis que les enfants criaient. Un mot courait sur les lèvres dont l’écho enflait comme un vent d’automne.
    —  Rabbi, Rabbi, Rabbi…
    Intrigué, Guillaume fit passer le cordon de sa masse au poignet et se leva. Le Devin venait de surgir. Il soutenait un inconnu à la barbe souillée qui semblait inconscient.
    —  Rabbi, Rabbi, Rabbi.
    Le mot monta comme une clameur. De la main gauche, Guillaume agrippa le traducteur. Le Devin venait d’adosser le vieillard contre un mur.
    — Qui est-ce ?
    — Le rabbin, notre guide spirituel, s’exclama l’interprète, la voix mêlée de pleurs.
    Un sourire éclata sur le visage de Guillaume. D’un bond, il se précipita sur le vieil homme et hurla :
    — Prise de guerre ! Je lève ma main sur lui !
    Face au Devin stupéfait, Guillaume s’empara de son otage.
     
    Le bruit d’une dispute s’éleva près de la fontaine. Roncelin reconnut la voix rauque de Guillaume. Il se leva et s’approcha. Un conflit avait éclaté avec le Devin. Il hâta le pas. Un chef ne pouvait se permettre des dissensions dans sa troupe. Surtout devant la populace.
     
    Quand il comprit la nature de la discorde, le Provençal s’étonna :
    — Mais, pourquoi veux-tu garder ce vieillard, sorcier ?
    Le Devin se braqua.
    — Peu t’importe, laisse-le-moi. D’ailleurs, il n’a aucune valeur.
    — Faux, gronda Guillaume, c’est le prêtre des Juifs et ils le vénèrent. Tant que nous le tenons, ils se tiendront tranquilles.
    Roncelin se tourna vers le vieillard qui tremblait sur ses jambes. Sa barbe était souillée de cendre, ses vêtements en lambeaux, mais les Juifs autour de lui le regardaient comme le Messie. L’otage idéal. Guillaume faisait preuve de bon sens. Il hocha la tête et se tourna vers le colosse :
    — J’ai tranché, il est à toi.
    Le visage du Devin se ferma.
    — C’est moi qui vous ai menés ici, moi qui vous ai renseignés sur la ville, moi qui vous ai montré comment la prendre. Et voilà comment tu me remercies ? Tu

Weitere Kostenlose Bücher