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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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souterraines, se longeait, se croisait, se chevauchait. Un instant, l’Archiviste eut le vertige : dans cet entrelacs, cette forêt, se cachait le Secret.

    Alentours de Jérusalem
    Le brouillard venait de se lever, à peine troué par l’aube naissante. Les éclaireurs, les sabots des chevaux assourdis par des capuchons de laine, débouchèrent sur le haut de la piste. Entourés de brume, ils ressemblaient à des spectres. Le cavalier de tête fit jaillir une lanterne à demi voilée. L’escorte qui était en route s’arrêta. Un des sergents sauta à terre et sortit un tube d’où brillait une lentille de verre. Un étrange instrument, récupéré lors du siège d’Antioche aux musulmans, et qui permettait comme par magie de rapprocher les objets. Chaque groupe d’éclaireurs disposait d’une lanterne à quatre faces sur lesquelles on pouvait faire coulisser des plaques gravées. C’est l’Archiviste qui avait eu cette idée. Chaque plaque était finement incisée pour dessiner une figure qui ne se révélait que posée sur la lampe. En tout il y avait vingt et une figures, chacune correspondant à un code. En posant quatre figures sur chaque pan de la lanterne et en la faisant tourner, on obtenait un message complet.
    — Le Chariot, prononça un des frères.
    La figure monta et redescendit à plusieurs reprises.
    — Un, deux, trois… Ils sont un groupe de sept, annonça Périgord.
    La lanterne pivota dans le brouillard.
    — L’Ermite, chuchota une voix, ils sont en train de se cacher.
    Le Grand Maître n’eut pas besoin d’interroger sa mémoire. La première partie du message était claire. Sans doute espéraient-ils échapper à leurs poursuivants. En revanche, leur nombre étonnait Périgord. Pourquoi sept hommes pour s’attaquer à une simple patrouille ? Et pourquoi les avoir mutilés ?
    — Le Pendu, annonça un frère. Je le reconnais à cause de sa position.
    Armand de Périgord faillit hausser les épaules. Quelle lubie avait pris l’Archiviste de représenter un pendu tête en bas ! En revanche, c’était très subtil pour désigner un lieu souterrain.
    — À un quart de lieue au Levant, il y a une ferme en ruine, au centre d’un vignoble abandonné. Ils doivent s’être réfugiés dans la cave au pressoir, reprit le sergent.
    — On peut les encercler ? interrogea Armand.
    — Sans problème, le terrain est plat.
    Une dernière figure apparut, disparut, puis réapparut.
    — La Tour foudroyée, conclut le Grand Maître, deux d’entre eux sont blessés.
    Il se tourna vers ses hommes.
    — Pied à terre.
    Chacun descendit, prêt à l’attaque. L’un des sergents prit un arc. Armand l’arrêta.
    — Non.
    D’un coup de poignet, le Grand Maître fit jaillir la lame de son épée. Malgré la brume, elle brilla comme en plein soleil.
    — Les frères du Temple, même pour châtier de vils meurtriers, se battent toujours comme des chevaliers.

    Le Puits
    Roncelin se réveilla brusquement. Il eut la présence d’esprit de se dire que « se réveiller » n’avait plus grand sens, ne sachant plus si c’était le jour ou la nuit, ignorant même s’il dormait ou s’il continuait à errer, perdu, entre les parois de sa mémoire. Avant même qu’il ne sente l’humidité du mur contre son dos, des images, à nouveau, l’envahirent avec force. Il entendit le chant de la brise dans les chênes verts du plateau de Canjuers. C’est là que son père le menait, quand il allait visiter ses métayers. Des paysans qui s’échinaient à vivre sur une terre ingrate, balayée par les vents, battue par les orages. C’est sans doute là que Roncelin avait compris que son titre de petite noblesse rurale ne valait rien, qu’il n’était qu’un cadet sans fortune, ni avenir. Brusquement la sensation changea. Il sentit l’eau verte et glacée du Verdon couler sur son visage. Il ouvrit la bouche pour se rassasier de cette fraîcheur perdue. Son âme d’enfant lui apparut. Subitement, il revit sa sœur morte enfant, puis sa mère qui lui tendait des bras protecteurs…
    Une douleur le saisit à la nuque. Quelqu’un lui arrachait les cheveux. Il poussa un cri tout en recrachant l’eau fétide du puits. L’accent rauque du rabbin le ramena à la réalité.
    — Tu veux te noyer ? Tu cherches à mourir ?
    Le Provençal ne répondit pas. Il ne savait pas. Il ne savait plus.
    — Tu as tort. Ton heure n’est pas venue.
    Surpris, Roncelin tourna la tête.
    — Comment le

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