Le templier déchu
langoureuses.
Oui, il était touché. Il devait bien l’admettre, même si cela ne lui faisait pas plaisir. Il la foudroya du regard. Elle frémit, mais ne rendit pas les armes, et, au bout d’une minute, se décida enfin à parler.
— Je ne cherchais pas à vous tuer. Je voulais juste vous forcer à répondre à mes questions.
— Et ce feu ? demanda-t-il en désignant les flammes qui dégageaient une chaleur oppressante.
— Une tentative de diversion, avoua-t-elle sans ciller. À présent, si vous acceptez de me lâcher, je vous donne ma parole que je ne tenterai plus de me servir de la dague ni de vous blesser d’aucune façon que ce soit.
— Je ne sais si je dois me fier à votre parole, madame, car vous avez juré de m’aimer et de m’honorer le jour où vous m’avez épousé, et pourtant, cela ne vous a pas empêchée de vous jeter sur moi avec cette arme.
— Vous n’êtes pas mon époux.
Elle avait proféré cette affirmation sans élever la voix, d’un ton définitif. Alexandre sentit ce maudit sentiment de culpabilité revenir à la charge alors qu’il se forçait à sourire d’un air incrédule.
— Voyons, c’est ridicule ! Bien sûr que je suis votre époux.
Il réfléchit fébrilement. La belle ne paraissait pas prête à écouter ses protestations. Dans un tel cas de figure, mieux valait jouer l’intimidation.
— Estimez-vous heureuse que je n’appelle pas la garde pour vous faire jeter dans un cul-de-basse-fosse jusqu’à ce que j’aie décidé de statuer sur votre sort ! tonna-t-il.
— Eh bien, pourquoi ne le faites-vous pas ? rétorqua-t-elle.
Par tous les saints, elle le défiait !
— Parce que je ne suis pas un despote, répliqua-t-il. Je conçois que mon retour soudain vous ait surprise et désorientée.
— Votre arrivée, rectifia-t-elle, pas votre retour. Trop soudaine. Vous surgissez ainsi après cinq ans de silence. Et trop de choses vous concernant me paraissent sujettes à caution...
Elle semblait cependant fléchir, gagnée par l’incertitude, le chagrin ou la contrariété, il n’aurait su dire. Ses yeux s’étaient embués, mais elle battit des cils et aucune larme ne roula sur ses joues.
— Vous ressemblez peut-être à Robert Kincaid, mais vous n’êtes pas lui, conclut-elle d’une voix assourdie.
— Je suis votre époux, Beth.
— Prouvez-le.
Il retint un grognement exaspéré. Ce n’était pas vraiment ainsi que les choses étaient censées se passer. À l’heure qu’il était, Elizabeth aurait dû se tortiller sous lui en gémissant de plaisir. Mais, visiblement, ce n’était pas près d’arriver. Avec cette femme, il allait devoir changer de méthode, car elle ne ressemblait à aucune de celles qu’il avait connues jusqu’à présent.
Soit, mais que faire ?
Il pouvait au moins commencer par la libérer, décida-t-il.
Il ne savait trop s’il devait lui faire confiance, mais il ne voyait guère d’alternative pour sortir de cette fichue situation.
Après lui avoir lâché les mains, il se releva lentement et recula de quelques pas. La jeune femme en fit autant, et frotta machinalement ses poignets meurtris sans le quitter des yeux.
— Voilà, vous êtes libre, Beth. Tiendrez-vous votre promesse ?
Elle hocha la tête.
— Très bien. Dans ce cas...
— Mais je ne suis pas satisfaite, coupa-t-elle. Vous n’avez pas répondu à mes questions.
— Pardieu, vous mettez ma patience à rude épreuve ! Je vous ai déjà libérée alors que la raison m’en dissuadait. Que voulez-vous de plus ?
— Dites-moi quel temps il faisait le jour de notre mariage.
— Quoi ?
Alexandre était atterré.
— Vous ne pouvez décemment pas exiger que je me souvienne d’un détail pareil ! protesta-t-il. Je suis un guerrier, que diable !
Elle se contenta de le regarder, les sourcils arqués, dans l’attente de sa réponse. Il se rembrunit. Les agents d’Exford ne lui avaient évidemment rien dit à ce propos. Il se souvenait toutefois que la cérémonie avait eu lieu au mois d’octobre, à la fin des moissons. À cette époque de l’année, en Écosse, il y avait gros à parier que...
Quoi qu’il en soit, il n’avait pas le choix, il devait risquer le tout pour le tout.
— Il pleuvait.
Il s’efforça de ne pas laisser voir son soulagement lorsque, sans le moindre commentaire, elle enchaîna :
— L ’endroit où ma mère est née ?
— Dans le Yorkshire du Nord.
— Mon passe-temps préféré ?
Il haussa
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