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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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l’impression que toutes les émotions éprouvées depuis l’arrivée de Robert au château, six jours plus tôt, s’agglutinaient dans sa gorge, l’empêchant de parler.
    Au bout d’un moment, elle quitta sa chaise. Son confesseur était autant un ami qu’un guide spirituel, et elle le savait capable de patience.
    Tâchant de mettre de l’ordre dans ses pensées, elle se mit à arpenter la petite pièce où ils avaient coutume de se retrouver quand il l’entendait en confession.
    Ce matin-là, comme tous les autres depuis le retour de son mari, elle s’était réveillée le cœur et l’esprit en déroute. Encore une nuit agitée. La sixième. Et quand elle parvenait à s’endormir, des rêves échevelés venaient l’assaillir et la réveillaient en sursaut avant l’aube.
    Le doute la rongeait.
    La voix du père Paul s’éleva finalement :
    — Dame Elizabeth, vous devez m’ouvrir votre cœur si vous souhaitez que je vous apporte mon aide.
    Elizabeth fixait le plat en métal qui servait de support à bougies sur le manteau de la cheminée. Le père Paul ne se fiait guère aux sabliers, il préférait la chandelle blanche marquée de stries régulières qui, à mesure que la cire fondait, signalaient l’écoulement des heures.
    Non, il ne s’agissait pas d’un sablier, mais la présence de ce bougeoir suffisait à lui rappeler le marché qu’elle avait passé avec Robert.
    Les bras croisés, elle se pivota pour faire face au père Paul.
    — J’ai des doutes au sujet de mon époux, avoua-t-elle enfin.
    — Quel genre de doutes ? demanda le père Paul après une hésitation.
    — Ce n’est plus l’homme que j’ai connu il y a cinq ans. Il m’apparaît comme un étranger, mon père. J’ai beau tenter de me raisonner, je ne sais comment apaiser mes craintes, ni comment faire pour l’accepter de nouveau comme époux.
    Le père Paul hocha la tête, puis, cherchant son regard, il demanda d’une voix douce :
    — Je me vois dans l’obligation de vous poser une question délicate, madame. Seraient-ce vos retrouvailles... intimes qui sont à l’origine de vos inquiétudes ?
    Elizabeth sentit ses joues s’échauffer, une réaction qui lui devenait familière depuis une semaine.
    — Non. Nous n’avons pas encore eu ce genre de rapports, répondit-elle dans un murmure. Toutefois, je crois pouvoir affirmer que si cela avait été le cas, cela n’aurait rien changé à mes doutes.
    Le père Paul manifesta son étonnement par un léger haussement de sourcils.
    — Est-ce votre époux qui en a décidé ainsi ou vous-même, madame ?
    — C’est lui qui l’a proposé.
    Elle baissa la tête, peu désireuse d’admettre sa responsabilité dans l’affaire. Robert n’avait certes pas reçu l’accueil escompté dans la chambre conjugale.
    — Il a remarqué combien j’étais nerveuse le soir de son retour, et il a suggéré d’attendre que nous nous soyons de nouveau habitués à la présence de l’autre, expliqua-t-elle.
    — Il est rare qu’un homme ayant été absent de son foyer aussi longtemps fasse preuve d’une telle mansuétude à l’égard de son épouse, croyez-moi.
    — Mais ce n’est pas seulement cela qui nourrit mes doutes, mon père. Le Robert Kincaid que je connaissais était un homme prévisible, qui empruntait le chemin le plus direct en toute chose. Il était guidé par les convenances et ce que l’on attendait de lui en tant que seigneur du château. Mais depuis son retour, je ne sais jamais à quoi m’attendre de sa part.
    Le confesseur parut s’abîmer dans ses pensées un moment, puis reporta son attention sur Elizabeth.
    — Il y a peut-être une explication logique à son comportement, mon enfant. Avez-vous songé que si votre mari hésitait à reprendre des relations maritales avec vous, c’était peut-être lié à son emprisonnement ? Peut-être ses bourreaux l’ont-ils laissé incapable de remplir ses devoirs d’époux.
    — Ce n’est pas cela, je puis en attester !
    De nouveau, la vision de Robert debout devant la fenêtre, ses braies tendues à se déchirer, s’imposa à elle. Depuis ce premier soir, elle n’avait aucun doute sur ses capacités viriles.
    Embarrassée, elle s’éclaircit la voix et s’efforça de reprendre d’un ton naturel :
    — Selon toutes apparences, il n’est pas diminué sur le plan physique.
    — Dans ce cas, peut-être éprouve-t-il de la gêne à dévoiler son corps martyrisé.
    — Non plus. Il m’a montré ses

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