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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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servir.
    — Pour quoi faire ?
    — Une petite sieste digestive, par exemple. Cela vous ennuierait de me rejoindre, madame ? Ce sera, j’en suis certain, tout aussi confortable que votre petit banc herbu. Et peut-être plus, ajouta-t-il avec un demi-sourire.
    — Oh.
    Elizabeth se serait giflé. Quand donc apprendrait-elle à ne pas répondre de manière aussi inepte chaque fois que Robert la prenait de court ?
    Il lui tendit la main et elle ne put s’empêcher de la prendre. La tirant à lui, il l’aida à s’installer sur la nappe, entre ses jambes, le dos calé contre son torse. Après une semaine passée à éviter de se toucher, ce contact intime fut un choc pour Elizabeth. Alors même qu’ils avaient pris garde de ne pas se frôler la main par inadvertance, voilà que Robert refermait sur elle ses bras musclés, la transportant soudain dans un monde où régnait une douce chaleur... une impression de sécurité...
    C’était un homme physiquement imposant, mais jamais elle n’en avait autant pris conscience qu’ainsi pelotonnée contre lui. Elle n’ignorait pas cependant que la tendresse de ses gestes dissimulait un tempérament viril et une habileté au combat qui pouvait s’avérer mortelle sur un champ de bataille.
    Ce contraste était diablement excitant...
    D’une main, il écarta sa lourde tresse pour lui dégager la nuque. Elle sentit l’air frais sur sa peau et ferma les yeux, persuadée qu’il allait poser la bouche à cet endroit.
    Mais il n’en fit rien. Non, pas encore.
    Après un long silence, interrompu de temps à autre par le ululement d’une chouette non loin et les notes égrenées par le ménestrel posté de l’autre côté du mur, Elizabeth sentit son époux se redresser.
    — Qu’y a-t-il, messire ?
    — Je voudrais vous dire quelque chose, Elizabeth. Quelque chose que vous seule entendrez, car je crois que personne à Dunleavy ne concevrait un tel comportement de ma part, ajouta-t-il d’un ton amusé. Il s’agit d’une ballade.
    Bien qu’Elizabeth répugnât à changer de position, elle acquiesça d’un hochement de tête. Mais dès que Robert commença à lui murmurer à l’oreille les paroles de sa ballade, un frisson merveilleux la parcourut et son cœur se dilata dans sa poitrine.
    — Son chant emplit mon âme d’une joie douloureuse, commença-t-il. Et je ne puis échapper au souvenir de ses lèvres. Au cœur de la nuit froide sa passion m’enflamme. Seule son étreinte peut soulager ma peine.
    Il marqua une courte pause, avant de reprendre :
    — Je suis la terre craquelée, nue et assoiffée. Quand elle est loin, ma vue s’altère. Elle est un baume à mon esprit. Ses caresses me font renaître à la vie. Seules nos étreintes peuvent soulager ma peine.
    Tous les sens en émoi, Elizabeth tourna la tête pour rencontrer le regard de Robert.
    — Comment s’intitule cette ballade ? souffla-t-elle.
    — Je l’ignore. Je l’ai apprise quand j’étais en prison, d’un Français qui la répétait sans cesse les nuits où la lune éclairait notre cellule. Ces paroles me font penser à vous, madame.
    Inclinant la tête, il l’embrassa sur la tempe. Ses lèvres glissèrent dans ses cheveux, et elle frissonna de plaisir. Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes tandis qu’elle goûtait la sensation qui se propageait dans tout son corps en laissant échapper un long soupir.
    — Voulez-vous entendre la dernière strophe ? s’enquit-il à mi-voix.
    Elle hocha la tête, incapable de parler, et il reprit doucement :
    — La mort n’apportera point de répit à mes tourments. Mon amour est aussi vaste que la mer. J’affronterai tous les dragons pour un seul de ses baisers.
    Il s’interrompit le temps d’un autre baiser, déposé cette fois juste sous le lobe de l’oreille. Emportée par la beauté de la nuit et la poésie des mots, Elizabeth se risqua à lui caresser le bras. Elle sentit ses muscles se contracter sous sa paume comme il achevait d’une voix rauque :
    — Seule son étreinte peut soulager ma peine.
    Puis le silence retomba. On n’entendit plus que le ruissellement de l’eau sur la pierre de la fontaine et les stridulations des criquets. De l’autre côté du mur, le luth du ménestrel s’était tu. Depuis quand ? Elizabeth n’en avait aucune idée.
    — C’était très beau, chuchota-t-elle quand elle eut recouvré l’usage de la parole.
    — Pas autant que vous, madame.
    Il la fit légèrement pivoter dans ses bras, lui souleva

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