Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
Vom Netzwerk:
sur sa poitrine, et chercha son bliaut à tâtons tandis qu’un bruit de pas précipités se faisait entendre dans l’allée qui menait au jardin.
    Se rajustant promptement, Robert se leva d’un bond et cria d’une voix sonore :
    — Arrêtez là, monsieur, et faites-vous connaître !
    En dépit des deux lanternes, il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit à plus de vingt pas. Mais Elizabeth avait reconnu la voix de l’homme.
    — C’est Aubert, messire, murmura-t-elle à l’instant où l’intendant, qui s’était immobilisé derrière la barrière, s’identifiait.
    Elizabeth s’efforçait de lacer son bliaut à toute allure, mortifiée à l’idée d’être surprise dans une telle situation, par l’intendant de son mari, qui plus est !
    — Êtes-vous décente ? s’enquit Robert à voix basse.
    — Oui, je pense.
    Lissant les plis de son bliaut, elle se leva à son tour et inspira profondément pour calmer les battements désordonnés de son cœur.
    — Approchez, Aubert, et dites-nous ce qui vous amène, commanda Robert.
    L’intendant obtempéra, évitant soigneusement de regarder Elizabeth.
    — Pardonnez-moi, messire... madame... Il y a eu une échauffourée au village qui requiert votre intervention au plus vite, lord Marston.
    — J’espère que l’incident est d’importance, car je ne tolérerai pas d’être dérangé pour une peccadille, répliqua Robert d’un ton tranchant.
    — C’est grave, oui, opina Aubert, qui abandonna son air gêné pour arborer la mine froide qu’Elizabeth lui connaissait si bien.
    Elle décela cependant dans son ton une suffisance qui la mit mal à l’aise, et tandis qu’il achevait son récit, ses inquiétudes se virent confirmées.
    — Je suis venu vous avertir qu’un de vos compagnons anglais est en danger de mort. En ce moment même, les villageois se sont rassemblés sur la place... et, à moins que je ne me trompe, ils ont l’intention de le pendre haut et court !

7
    Alexandre prit la main d’Elizabeth comme tous deux emboîtaient le pas à Aubert. Il s’efforçait de se concentrer sur la tâche qui l’attendait, et non sur ce qui venait de se passer entre eux. Les émotions ressenties durant leur étreinte l’avaient pris par surprise et avaient fait naître en lui un curieux sentiment d’humilité. Ce qu’ils avaient partagé, Elizabeth et lui, était si intense... Il n’y était pas du tout préparé.
    À l’origine, ce petit intermède n’avait qu’un but : faire ce qu’il fallait pour asseoir sa position à Dunleavy en tant que seigneur du château et époux. Certes, il souhaitait qu’Elizabeth y prenne du plaisir, et il avait mis tout en œuvre pour y parvenir. Mais jamais il n’avait envisagé qu’ils puissent atteindre une pareille communion sensuelle.
    Il avait du mal à accuser le coup et voyait se profiler un spectre fort déplaisant : un affreux sentiment de culpabilité qui menaçait de le rattraper, si inconcevable que ce fût de la part d’un homme qui avait toujours ignoré allègrement cet aiguillon qui tourmentait la conscience de la plupart de ses semblables.
    En fait d’aiguillon, il s’agissait d’une douleur aiguë, qui le taraudait sans relâche et refusait de céder, quoi qu’il fît pour en venir à bout.
    C’était absurde. Il avait fait le nécessaire pour remplir sa mission, sauver la vie de Jean, et combler les désirs d’Elizabeth dans la foulée. Il n’avait rien à se reprocher. Elle était consentante, l’avait même supplié de lui faire l’amour.
    Alors pourquoi se torturait-il ainsi ? Le moment était mal choisi pour se laisser aller à avoir des scrupules. Il devait garder la tête froide, c’est pourquoi, chassant de son esprit les pensées qui n’avaient rien à y faire, il tâcha d’imaginer ce qui l’attendait au village et de s’y préparer.
    Après s’être muni d’une lanterne et de son épée qu’il glissa dans son fourreau, il prit la direction du village, qui se trouvait à moins de cinq cents mètres du château, en compagnie de l’intendant et d’Elizabeth, qui avait tenu à venir avec eux.
    Alors qu’ils se hâtaient sur la route, Alexandre trouva enfin le temps de demander à Aubert :
    — Lequel de mes compagnons est en difficulté ? Et pourquoi les villageois s’en sont-ils pris à lui ?
    — Il s’agit de messire Lucas, lord Marston.
    Tudieu !
    Sachant de quelles turpitudes Lucas s’était rendu coupable lorsqu’ils servaient

Weitere Kostenlose Bücher